Canal + diffusait hier le très attendu Daft Punk Unchained, un documentaire exceptionnel retraçant l’ascension des robots. europe2.fr ne pouvait pas manquer ça et vous donne son avis sur le film.
Il est difficile d’évaluer l’impact de Daft Punk sur la musique et la culture mondiale. Les deux robots qui auront bientôt droit à leurs figurines Lego sont à la fois partout et nul part. Présenté comme le documentaire qui lèverait le mystère sur le duo versaillais, Daft Punk Unchained ne répond toutefois pas à toutes les interrogations que l’on est en droit de se poser sur les Daft Punk. Ne vous attendez pas à voir Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo se livrer pendant une heure et demi, ces derniers n’apparaitront à aucun moment. Produit par BBC France et réalisé par Hervé Martin Delpierre, Daft Punk Unchained est tout de même une très belle réussite. A défaut de percer le secret des robots, nous le cernons un peu mieux, allant même jusqu’à l’effleurer par moment. De leur début dans les rave de la région parisienne au triomphe des Grammy 2014, nous revivons la carrière des Daft Punk de bout en bout. Sans jamais faire tomber le casque.
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Si nous ne devions retenir qu’un enseignement de ce documentaire ce serait le suivant : Les Daft Punk ne peuvent rien créer sans exercer un contrôle total sur ce qu’il se passe. Perfectionnistes, parfois jusqu’à l’obsession, les robots sont également de redoutables hommes d’affaire, experts de la communication, qui n’ont jamais rien laissé au hasard. Un Thomas Bangalter juvénile ouvrait le film avec une sorte de prophétie « Il faut garder à l’esprit qu’un artiste qui commence à faire des concessions perd inexorablement le contrôle sur son travail ». De l’ouragan punk d’Homework, créé après la dissolution de Darlin’, le premier groupe de Thomas et Guy-Man (avec Laurent Brancowitz le guitariste de Phoenix) jusqu’à la consécration absolue de Random Access Memories, les Daft Punk ont su évoluer, bouleverser l’ordre établi, briser les codes. Clamant leur humanité dans le contesté Human After All, qui les avait presque grillés à l’époque, les Daft Punk sont avant tout des robots musicaux huilés à la perfection, avec un supplément d’âme là pour nous faire frissonner.
Le documentaire parvient à capter avec justesse l’ambiance chaotique du début des Daft Punk, et nous offre de très beaux moments de musique. Le récit de la prestation historique de Coachella en 2006, la première sortie de la pyramide de LED, est l’un d’eux. Pedro Winter (Premier manager des Daft Punk et fondateur du label Ed Banger) explique qu’il a pleuré quand Thomas et Guy-Man lui ont joué pour la première fois le set qu’ils prévoyaient d’offrir à Coachella. Les confessions de Nile Rodgers dans l’Electric Lady Studio de New-York sont également un temps fort du film, tant le guitariste suinte l’amour pour la musique. Kanye West (qui arrive à parler de lui malgré tout), Pharrell Williams, Michel Gondry, Paul Williams nous permettent eux aussi d’en apprendre un peu plus sur le travail des robots, à défaut de percer le secret à jour. Il est difficile de trouver une meilleure conclusion que l’anecdote racontée par le pape de l’électro Giorgio Moroder, à propos de l’enregistrement de la chanson Giorgio by Moroder « Ils avaient installé trois micros de différentes époques pour capter ma voix, chacun pour une partie de ma vie. Je me tourne vers l’un des ingénieurs pour lui dire ‘Personne ne verra la différence !’, et il me répond ‘Oui personne. Sauf eux ».