Porté par le succès de « Million Eyes », Loïc Nottet s’apprête à publier « Selfocracy », le premier album de sa jeune carrière. A quelques heures du jour J, europe2.fr a eu envie d’en savoir plus sur cet artiste on ne peut plus prometteur...
13h30. Le rendez-vous est fixé au Palace, sublime salle parisienne qui fut il y a quelques décennies un lieu mythique de la culture underground. Loïc Nottet descend d’un taxi en chantonnant, sourire aux lèvres. En fait ce garçon chante partout, tout le temps, aussi bien en traversant la salle encore vide où il est attendu sur scène dans quelques heures, qu’en parcourant les couloirs pour rejoindre les coulisses. Et il ne peut s’empêcher de fredonner le tube de Vianney en découvrant la loge du chanteur située en face de la sienne. Mais à l’aube de la sortie de son nouvel album, le jeune homme avoue ne pas être aussi serein qu’il n’y parait. Pourtant, depuis la sortie du premier single en octobre dernier, le public est sous le charme du petit prodige belge. « Million Eyes » et son clip chorégraphié viennent en effet de dépasser les 10 millions de vues sur Youtube et le titre est déjà Disque d’Or en France et en Belgique. A n’en pas douter, 2017 est son année. Avec Selfocracy, dont la sortie est prévue ce vendredi 31 mars, Loïc Nottet est prêt à se frotter aux grands noms de la pop internationale. Toujours avec humour et humilité, le chanteur de 20 ans s’est confié sur l’écriture de ses nouvelles chansons, son amour pour la musique et sa passion pour la danse, mais aussi sur ses doutes et ses rêves.
europe2.fr : Hello Loïc, ravie de te rencontrer ! Comment ça va, à quelques jours de la sortie de ton premier album ?
Loïc Nottet : Je ressens plein de choses différentes en même temps ! Je suis à la fois super emballé et en même temps super angoissé parce que j’ai vraiment mis mes tripes dans cet album. J’ai composé toutes les chansons tout seul alors si la musique ne plait pas, je ne peux m’en prendre qu’à moi. Donc c’est beaucoup de stress et en même temps beaucoup d’impatience. J’ai envie de garder cet album pour moi parce que ça fait un an et demi qu’il m’appartient, et en même temps j’ai hâte de le dévoiler aux gens.
europe2.fr : Parlons de cet album justement, pourquoi avoir choisi ce titre « Selfocracy » ?
Loïc Nottet : Pour trouver le titre de l’album, j’ai fait la synthèse de tous les morceaux et je me suis rendu compte que c’était surtout un appel à la tolérance. J’avais envie de résumer en un mot la société actuelle, que je décris comme assez égocentrique, narcissique et égoïste. Donc je suis parti du mot démocratie et comme j’ai fait un peu de latin, je savais que cratia voulait dire pouvoir. Alors j’ai cherché un mot en anglais qui voulait dire moi-même et je suis arrivé à « selfcracy ». Et puis une amie à moi qui est anglophone m’a dit que si j’avais été anglophone, j’aurais rajouté un « o » parce que ça sonne mieux. Et voilà pourquoi j’ai choisi « Selfocracy ».
europe2.fr : Ton premier single « Million Eyes » est déjà Disque d’Or en France et en Belgique et le clip a été vu plus de 10 millions de fois sur Youtube. Tu es aussi déjà très suivi par les médias. Est-ce que ce premier succès te rassure ?
Loïc Nottet : Pour être honnête avec toi, je suis quelqu’un de très pessimiste. Donc ça me fait évidemment très plaisir d’avoir déjà ce soutien médiatique là, je me sens forcément mieux que si je ne l’avais pas. Mais je me demande surtout si les autres chansons vont être à la hauteur de « Million Eyes » et si elles vont plaire au public. Parce que « Million Eyes » n’est pas forcément la chanson la plus représentative de l’album. On verra bien, seul le destin nous le dira ! Pour l’instant j’ai des retours plutôt très positifs, mais le revers de la médaille va faire mal je crois ! (rires)
europe2.fr : Mais arrête d’être pessimiste comme ça !
Loïc Nottet : Je préfère voir ça comme ça plutôt que de me dire que ça va continuer 10 ans, et d’être très déçu. Bien sûr, ça me fait super plaisir d’avoir plein d’interviews pour la sortie de mon premier album, je sais que beaucoup d’artistes n’ont pas cette chance. Mais il y a toujours une petite voix dans ma tête qui me dit « fais gaffe, c’est peut-être provisoire ». Alors je profite au maximum !
« La musique m’a toujours aidé à m’évader. »
europe2.fr : Tu as récemment dévoilé le titre « Mud Blood », qui est je trouve l’une des pépites de cet album. Pour le nom de la chanson, c’est JK Rowling qui t’as inspiré ?
Loïc Nottet : C’est très marrant parce que je te promets que je ne savais pas ! Je n’ai jamais lu les livres Harry Potter et j’ai commencé à regarder les films quand j’étais petit, donc je ne les regardais pas en anglais. Ce mot mud blood m’est venu un jour comme ça, je pensais l’avoir inventé ! Et un jour, je relisais les paroles de cette chanson et je me demandais comment traduire mud blood. Donc bien sûr pour moi c’était sang de boue et je me suis dit « est-ce que ce ne serait pas la même chose que Sang-de-Bourbe ? » et c’est là que je m’en suis rendu compte. Mais bon ça tombe bien, c’est un très bel hasard parce que j’adore Harry Potter donc c’est un petit hommage !
europe2.fr : Une chanson que j’aime beaucoup aussi c’est « Cure ». Tu expliques que la musique est ta thérapie. En quoi t’a-t-elle aidé durant ton enfance et ton adolescence ?
Loïc Nottet : Je déteste le silence parce que je n’aime pas être avec moi-même. La musique m’a toujours aidé à m’évader. Avant, je mettais des musiques de films et je m’imaginais tout un tas de scénarios dans ma chambre. Je n’aime pas la réalité, donc la musique me permet d’aller ailleurs.
europe2.fr : Il parait que les influences sont très importantes quand on compose un album. Qu’est-ce que tu écoutes toi en ce moment ?
Loïc Nottet : J’écoute beaucoup de choses différentes, des musiques très éclectiques. Mais j’ai quand même mon top 5 : Imagine Dragons, Sia, Lana Del Rey, Florence and the Machine et Queen. Ce sont vraiment ceux que j’écoute tout le temps.
europe2.fr : Ça ne m’étonne pas que tu parles d’Imagine Dragons, ça s’entend beaucoup sur « Poison » par exemple…
Loïc Nottet : Ah oui effectivement c’est très possible, ils font vraiment partie de mes influences. J’aime bien leur côté « musique cinématographique ».
europe2.fr : Il y a trois collaborations sur ton album. Tu peux m’en parler un peu ?
Loïc Nottet : Je voulais des featurings parce qu’en musique j’aime bien partager et échanger avec d’autres artistes. Je voulais des timbres de voix particuliers. Par exemple, j’aime beaucoup Eminem et pour le flow de « Poison », je voulais un débit assez rapide. Je voulais aussi quelqu’un de jeune et on a fini par trouver Shogun. Pour le duo avec Raphaella sur « Wolves », moi j’aime bien les voix qui ne sont pas pures et lisses, et Raphaella a cette voix un peu rauque que je cherchais. Elle vient de Londres mais j’ai entendu parler d’elle parce qu’elle a fait une chanson qui a bien marché récemment en Belgique, avec un DJ belge qui s’appelle Henri PFR. Et puis sur « Dirty », je voulais vraiment un petit garçon qui rappe. Alors j’ai regardé un petit peu The Voice Kids en Belgique, et c’est là que j’ai repéré Lil Trip.
europe2.fr : Il est vraiment très réussi ce duo, c’est l’un de mes morceaux préférés de l’album. Vos voix se complètent parfaitement.
Loïc Nottet : Moi aussi c’est ma chanson préférée, je l’aime beaucoup. C’est vraiment deux flow différents. Après, j’ai tellement une voix androgyne que dès qu’on met un mec qui a vraiment une voix de mec, ça passe forcément tu vois ! (rires)
europe2.fr : Sur cet album tu parles beaucoup de l’image, de ce que nous renvoie le miroir et de l’attention qu’on y prête. Justement dans l’industrie de la musique, est-ce que tu n’as pas l’impression que l’image est aussi importante si ce n’est plus, que la musique ?
Loïc Nottet : Si bien sûr. Regarde par exemple, aujourd’hui j’ai dû me coiffer alors que je déteste faire ça ! Mais j’essaye d’être le plus simple possible parce que personnellement j’aime bien les artistes qui restent eux-mêmes. Par exemple chez Adele, j’aime bien le fait qu’elle s’habille classe sur scène, sans pour autant se transformer en diva. Je préfère ceux qui n’en font pas trop. Donc sur scène j’aime bien être en jean ou tout en noir. J’ai l’impression que dans les années 70, c’était moins important, les gens aimaient vraiment un artiste pour sa musique et sa voix, pas vraiment pour sa gueule et son look. Mais on revient à plus de simplicité, comme Ed Sheeran par exemple.
europe2.fr : J’imagine qu’on te l’a déjà dit, mais il y a une ambiance très cinématographique sur ton album. Composer de la musique pour un film, c’est quelque chose qui t’intéresserait ?
Loïc Nottet : Ah j’adorerais ! Et ça me fait plaisir qu’on me dise ça, j’aime beaucoup les musiques de films, avec une ambiance. L’outro « Peculiar and Beautiful », je l’ai composée moi-même aussi, entièrement avec mon synthé. Et ensuite les chœurs ont été réenregistrés, avec des voix d’enfants et des voix d’adultes. Et certaines cordes ont été réenregistrées aussi par un vrai orchestre. Et ça, ça me donne des frissons. Parce que je me souviens quand j’étais dans mon petit bureau avec mon synthé et que je faisais ça avec mes sons pourris… Et maintenant d’entendre ça avec un orchestre, c’est fou !
« J’aime tellement la musique et la scène que les critiques me passent au-dessus. »
europe2.fr : « Million Eyes » en tant que premier single, c’était un choix évident pour toi ?
Loïc Nottet : Non, j’ai vraiment hésité. J’ai l’impression qu’une belle ballade accroche plus vite les gens. Mais en même temps, il n’y pas que des ballades sur mon album et j’avais l’impression de donner une mauvaise image du projet en lançant cette chanson en premier. Finalement, je me suis dit que « Million Eyes » était vraiment une mise à nu. Et puis je voulais un clip très simple, un vieux t-shirt, un pantalon, de la danse, je voulais que ce soit très sincère.
europe2.fr : Sur cette chanson tu parles de la peur du jugement, de la peur du rejet. Ce n’est pas un peu contradictoire avec le métier d’artiste, où l’on expose justement son art à des millions de jugements ?
Loïc Nottet : Si bien sûr que si, et c’est pour ça que j’ai beaucoup réfléchi avant de commencer ce métier. Je sais que des jugements et des critiques, il va y en avoir. Je sais aussi que ce ne sera pas forcément des critiques constructives, mais j’aime tellement la musique et la scène que ça me passe au-dessus. Ce n’est pas important parce que j’aime beaucoup trop être sur scène.
europe2.fr : Quand tu étais plus petit est-ce que tu aspirais déjà à devenir artiste ?
Loïc Nottet : Je rêve d’être sur scène depuis tout petit, oui. J’ai toujours aimé danser, chanter… Le déclic pour moi, ce n’est pas très original, mais ça a été quand j’ai vu « Ghost » de Michael Jackson. J’ai dit à ma maman « c’est ça que je veux faire ! », alors elle a essayé de comprendre si je voulais faire de la comédie, du chant ou de la danse. Elle en a déduit que c’était plutôt la danse et elle m’a inscrit à des cours de danse. C’est comme ça que ça a commencé, et je me suis mis à chanter un peu plus tard.
europe2.fr : En France c’est d’ailleurs avec la danse qu’on t’a découvert, grâce à Danse Avec Les Stars. Est-ce qu’il y a des danseurs ou danseuses qui t’inspirent particulièrement ?
Loïc Nottet : Ah oui je regarde beaucoup de vidéos de danse sur Youtube, parce qu’il y a beaucoup de compagnies qui partagent leur travail. Donc j’adore regarder ça, les australiens par exemple sont très très forts, ils ont vraiment des chouettes chorégraphies, des chouettes trucs. Je ne pourrais pas forcément te donner un nom parce que je ne les retiens pas forcément et que ce sont surtout des danseurs que je regarde sur Youtube. Mais évidemment une grande dame de la danse en France que je respecte beaucoup, c’est Marie-Claude Pietragalla. J’ai eu la très grande chance de danser avec elle.
europe2.fr : Est-ce que tu envisages de collaborer à nouveau avec elle à l’avenir ? Ou bien avec Denitsa Ikonomova [sa partenaire dans Danse Avec Les Stars, ndlr] ?
Loïc Nottet : On avait envie de faire une chorégraphie pour les concerts avec Pietra, mais malheureusement avec son emploi du temps et le mien, on n’a jamais réussi à trouver le temps. Mais ça finira certainement par se faire un jour, oui. Si jamais elle veut m’inviter sur l’un de ses shows, je viendrais évidemment danser avec elle avec plaisir ! Et puis Denitsa c’est aussi un problème d’emploi du temps. Elle est occupée avec Danse Avec Les Stars, elle n’a pas beaucoup de vacances donc dès qu’elle en a elle en profite. Mais on est toujours régulièrement en contact, et avec Fauve [Hautot, ndlr] aussi.
« J’ai donné tout ce que je pouvais donner, j’ai mis toutes mes tripes sur la table. »
europe2.fr : A chaque fois que je te vois danser, je suis vraiment impressionnée par ta technique et ta présence scénique. Est-ce que tu travailles la danse actuellement en vue de la tournée ?
Loïc Nottet : Merci beaucoup ! Non malheureusement, en ce moment je n’ai pas le temps de danser. Je devais terminer l’album et maintenant on est en promo et on a commencé les répétitions avec les musiciens pour la tournée. Les chorégraphies ont déjà été faites en partie il y a deux mois mais depuis je n’ai presque pas dansé. On a fait une petite audition avec les chorégraphes et on a choisi quelques danseurs. Après évidemment, on ne va pas non plus être quinze sur scène, parce que les scènes ne sont pas très grandes !
europe2.fr : Tu as déjà en tête toute la scénographie pour ta future tournée ? Comment est-ce que tu vas lier chant et danse pendant les concerts ?
Loïc Nottet : Oui, on travaille dessus depuis un moment. J’ai prévu des petits moments pendant lesquels il y aura seulement de la danse, parce que c’est clair que je ne pourrais pas assurer le chant et la danse contemporaine en même temps ! Surtout que ce sont des chansons assez vocales donc ça va être physique. Il y aura aussi des petites surprises au sein même des morceaux.
europe2.fr : Quand on te voit sur scène, que tu chantes ou que tu danses, tu as l’air d’avoir pleinement confiance en toi. En revanche dans tes textes, tu parles beaucoup de doutes, de peur. On dirait qu’il y deux facettes de ta personnalité. Tu es conscient de ça ?
Loïc Nottet : Oui c’est un peu bizarre, je suis quelqu’un de très contradictoire, c’est ou tout blanc ou tout noir. Même parfois quand je suis en interview, j’ai un peu l’air d’un con parce que les journalistes me posent des questions, ils s’attendent à une réponse et je dis tout le contraire ! J’ai l’impression qu’il y a deux Loïc parfois, c’est très bizarre ! (rires) Mais ce que j’adore sur scène, c’est que je me sens vraiment invincible. J’ai l’impression qu’on pourrait même m’insulter, ça ne m’atteindrait pas du tout. Je fais mon truc, je me sens bien. Bon après, je t’avoue que si vraiment les gens commencent à huer, ça risque de me calmer un peu quand même ! (rires)
europe2.fr : Pour finir, si en quelques mots tu devais convaincre quelqu’un d’écouter ton album, tu lui dirais quoi ?
Loïc Nottet : Je dirais que je n’ai pas triché. C’est ma vraie voix, rien n’a été retouché. Je n’ai pas non plus triché sur les textes, ces chansons expriment vraiment ce que je ressens. Tout ce que je dis sur cet album je le pense, je l’assume. J’ai été très honnête et je suis fier de cet album. J’ai donné tout ce que je pouvais donner, j’ai mis toutes mes tripes sur la table. Je pense que les gens qui m’ont apprécié dans Danse Avec Les Stars retrouveront la même personne, mais dans la musique. Cet album c’est vraiment moi.