Des bruits de couloir annonçaient le retour d’un des plus grands phénomènes Pop Rock des deux dernières décennies... Aujourd’hui, le groupe Travis sort en exclusivité, son nouvel album "Everything At Once". On les as rencontrés pour vous !
Avec deux Brit Awards à leur actif pour le prix du meilleur album de l’année et de la meilleure vidéo pour « Sing », ceux qui sont souvent comparés à Keane, Coldplay ou Radiohead dont le prochain opus est attendu pour juin, reviennent avec un nouvel album qui va bousculer votre année 2016. On ne les avait pas entendu depuis 2013, lorsque Travis avait publié sans prévenir l’album « Where You Stand ». Fin 2015, les fans frémissaient avec la sortie du clip « Everything At Once », où le groupe apparaissait plus dingue que jamais, avec un son à la hauteur de leur talent. Aujourd’hui, ce 29 avril est un jour à marquer d’une pierre blanche puisque l’album « Everything At One » de Travis est enfin là ! Europe 2 les as rencontrés pour vous et ils nous racontent leur relation avec les réseaux sociaux, leur vision de la vie, et nous dévoile tous les secrets de ce nouvel album très attendu !
« Aujourd’hui, c’est un peu comme si on avait quitté le domicile familial. On sort cet album, on sait ce qu’on dit, on sait ce qu’on fait, on sait où on va »
Europe 2 : Hey ! C’est un immense plaisir de vous savoir de retour. Alors, votre nouvel album « Everything at Once » sort aujourd’hui, ça fait quoi de revenir sur la scène en tant que Travis ?
Travis : Vraiment bien. Je crois que nous n’avons jamais été aussi en forme. Quand je repense à 1996, on avait 23 ans, on était inexpérimenté, on ne savait pas vraiment ce qu’on faisait. Aujourd’hui, on sait parfaitement où on veut aller. On a un album qui est travaillé, il y a également un film qui va de pair avec l’album. C’est vraiment un projet intéressant. On est plus préparé que ce qu’on ne l’a jamais été. C’est génial, on a vraiment hâte.
V.R : Que doit-on savoir sur l’enregistrement et la création de cet album ?
Fran Healy : On a débuté en octobre. On a pas mal écrit puis on a commencé à enregistrer à Berlin, où on a fait une première session de trois semaines. Après un break d’écriture, on a recommencé une autre session de quatre semaines, en février 2015, repris l’écriture, puis clôturé l’album dans le cadre d’une troisième session en avril. C’est un album court de 10 chansons, qui dure une trentaine de minutes, mais il est assez intense. Les mélodies et les paroles sont pleines de profondeur et de pure énergie.
Dougie Payne : Quand tu commences jeune, tu as des managers, la maison de disque, tu as tous ces gens derrière toi. Aujourd’hui, c’est un peu comme si on avait quitté le domicile familial. On sort cet album, on sait ce qu’on dit, on sait ce qu’on fait. Et l’importance réside dans l’énergie qui ressort de cette indépendance.
« Les réseaux sociaux, c’est une fausse projection de soi-même, ce n’est pas la vérité. Tout le monde présente la meilleure version d’eux-même, mais ce n’est pas vrai. »
V.R : Est-ce que ce nouvel album porte un message en particulier ?
D. Payne : C’est difficile de répondre à cette question. Disons qu’il y a une sorte de ligne directrice dans cet album. Titre après titre, il y a un chemin à prendre. On a voulu déconnecter de tout pour cet album : pas de réseaux sociaux, pas de médias. On voulait une réelle connexion avec les gens, nos proches, les fans, les auditeurs. On a voulu créer une oeuvre qui vous porte vers quelque chose de profond, qui laisse place aux émotions et aux sentiments.
F. Healy : Les réseaux sociaux, même lorsque vous communiquez avec vos amis, je suis prêt à parier que vous n’avez pas vu la personne en question depuis des années. Il y a une connexion, certes, mais pas physique, pas intense. Et puis, il y a une question de surestimation et de surévaluation des gens et de leurs actions.
« Il faut faire de la musique parce que ça nous transcende, parce que ça nous provoque des frissons, parce que c’est puissant »
V.R : Justement, quel est votre avis sur les réseaux sociaux ?
F.H : On a commencé à parler, il y a des milliers d’années. On a inventé le langage, et puis on est devenu conscient, organisé. Les humains ont inventé l’imprimerie, plein de trucs révolutionnaires pour notre existence. Et puis, il y a eu le web, internet, les réseaux sociaux. Ils ont été la seconde étape. Tout ça, ça nous a éloigné de l’animal (ce qu’on est d’ailleurs). Et maintenant, tout ce qui semble compter, c’est les potins, les « clics », et cela nécessite quoi ? Un mouvement de pouce…
D.P : Les réseaux sociaux, c’est une fausse projection de soi-même, ce n’est pas la vérité. Tout le monde présente la meilleure version d’eux-même, mais ce n’est pas vrai. Ce sont des fictions qui parlent à d’autres fictions. La pire chose que vous pouvez faire et que tout le monde fait constamment, c’est de vous comparer aux autres. Vous comparez des pommes et des oranges. Vous comparez votre intérieur à un extérieur. Et c’est deux choses tellement différentes. Voila ce qu’on pense des réseaux sociaux (rires). On trouve que ce n’est pas vrai. Mais on est tous coupable de ça, c’est juste bien d’en être conscient.
« Si on avait des lunettes spéciales, qui dévoileraient les émotions des gens, on verrait que tout le monde est déprimé, pourquoi ? On ne cherche pas au bon endroit ! »
V.R : Pensez-vous qu’il y ait une solution dans cet engrenage et cette importance qu’ont pris les réseaux sociaux ?
F.H : Non, je pense que la seule solution serait qu’il y ait Armageddon ! (rires) Que les téléphones ne marchent plus, que les télévisions et les médias de masse disparaissent et là, on serait beaucoup mieux. Mais ça n’arrivera pas, pas vrai ? Un peu comme dans The Walking dead sans les zombies ! (rires)
D.P : Les émotions sont silencieuses, mais font plus de bruits que tout le reste. Si on avait des lunettes spéciales, qui dévoileraient les émotions des gens, on verrait que tout le monde est déprimé, pourquoi ? On ne cherche pas au bon endroit !
V.R : Est-ce que c’est l’une des raisons pour laquelle vous faites de la musique ?
Travis : Oui. La musique est une chose très puissante. Elle permet de communiquer, elle est vraie. Ce qui est dommage c’est qu’il y a beaucoup de personnes qui fassent de la musique pour l’argent, ou le buzz, pour conserver une certaine notoriété. Il faut faire de la musique parce que ça nous transcende, parce que ça nous provoque des frissons, parce que c’est puissant. La musique, ça crée quelque chose, je pense que c’est l’une des formes artistiques la plus puissante. C’est profond.
V.R : Si vous pouviez donner un mot pour décrire le nouvel opus ?
C’est difficile – longue réflexion – court et profond ! (rires)
V.R : Qu’aimeriez-vous faire de fou avant de mourir ?
Honnêtement, pas grand chose. On a fait beaucoup de chose folles mais aujourd’hui ? Je ne ferai rien qui me mettrait en danger parce que je suis père et très heureux. Je pense que voir ses enfants grandir et s’assurer qu’ils ne partent pas en vrille, c’est déjà assez fou ! (rires)
V.R : Y a-t-il un artiste avec lequel ou laquelle vous avez travaillé dont vous n’oublierez jamais la collaboration ? Si oui, lequel et pourquoi ?
Il y a une fille qui chante sur notre nouvel album. Elle est de Manchester et lorsqu’on a fini d’écrire un de nos titres avec le groupe, je savais que ce serait elle qui chanterait le refrain. Je l’ai appelé parce que j’avais sa voix dans ma tête, je pouvais l’imaginer à la perfection. C’était ancré dans ma tête, comment est-ce possible ? (rires) Elle a accepté, et lorsque j’ai entendu le premier essai, c’était fantastique. C’était une expérience fabuleuse. Parce que le résultat final correspondait exactement à ce que j’avais imaginé. C’était énorme.
Pourquoi viser le Bataclan ? Parce que c’est un endroit formidable, un sanctuaire, tous les groupes le savent. Dans cette salle, on sentait l’humilité, la joie
V.R : Vous avez travaillé en solo, qu’est-ce que ça fait de vous retrouver et qu’est ce que vos expériences « extérieures » apportent à votre retour ?
D.P : Je pense que c’est très rafraichissant de faire quelque chose avec quelqu’un d’autre. Tu vois comment les autres artistes fonctionnent, tu vois les choses sous un autre angle, avec lequel tu n’étais pas du tout familiarisé. Mais je crois que tu n’apportes pas ça directement au groupe dès le retour. Ce que tu apportes, c’est ton enthousiasme, une nouvelle perspective.
F.H : C’est comme lorsque tu es marié, que tu commets un adultère, et qu’au final, tu reviens avec ton partenaire, tu te dis « ça parait si bien désormais ». La présence de la personne, tu te rends compte que c’est ce qui correspondait à tes envies, à ce que tu veux.
V.R : Vous revenez en France en mai à l’Alhambra, êtes-vous excités de retrouver vos fans français ?
Travis : Tellement. On a eu énormément de chance ici, en France. C’est tellement génial de voir que les gens ne vous oublient pas, ils viennent célébrer votre retour, et faire la fête avec vous, ils chantent avec vous. On a vécu tellement de choses incroyables ici, notamment au Bataclan. On avait vécu l’un de nos plus merveilleux concerts là-bas, qui figurent définitivement dans notre top 10. Quand on a entendu la nouvelle, on était dévasté. Pourquoi viser le Bataclan ? Parce que c’est un endroit formidable, un sanctuaire, tous les groupes le savent. Dans cette salle, on sentait l’humilité, la joie. Cet endroit ne mérite pas d’avoir ce statut angoissant. On a une connexion profonde avec la France. On l’aime.