Écrit par - Publié le 04 Déc 2015 à 07:00

C’est l’une des sorties les plus attendues de l’année. Coldplay publie aujourd’hui son septième album, A Head Full Of Dreams. Revitalisée, la formation britannique nous offre un concentré de titres colorés bourrés d’ondes positives.

Un nouvel album de Coldplay et c’est évidemment toute la sphère musicale qui est en ébullition. Il faut dire que le groupe londonien a vendu des millions d’albums à travers le monde et que sa réputation n’est plus à faire. Quoiqu’on en pense, force est de constater que le quatuor a composé certaines des chansons les plus marquantes de ces quinze dernières années et fait preuve d’une énergie exemplaire dès qu’il s’agit de soulever des stades entiers. C’est d’ailleurs ce qui est prévu au printemps 2016, puisque Coldplay a d’ores et déjà annoncé les dates de sa tournée mondiale, A Head Full Of Dreams Tour. Mais pour l’heure, le groupe nous livre son nouvel et septième album, enregistré entre Malibu, Londres et Los Angeles sous la houlette du duo norvégien Stargate et du producteur Rik Simpson. Qu’on se le dise, le titre du disque A Head Full Of Dreams annonce d’emblée la couleur. Parce que des couleurs, il y en a dans les nouveaux morceaux de Coldplay. Doté d’une énergie et d’une joie de vivre contagieuse, ce projet musical est un véritable kaléidoscope, un concentré d’hymnes lumineux et de tubes optimistes. Une ambiance qui contraste particulièrement avec celle de l’album précédent, sorti en 2014. Ultra planant et mélancolique, Ghost Stories faisait écho à la tristesse de Chris Martin, effondré après son divorce avec Gwyneth Paltrow. Mais dès les premières secondes, il est clair que le désespoir n’a vraiment plus sa place sur les titres gorgés d’espoir de A Head Full Of Dreams. europe2.fr a bien évidemment écouté cet album tant attendu et vous livre ses impressions…

Bienvenue à Fantasyland. C’est un peu la sensation que nous fait ce disque, et ce dès les premières notes du titre éponyme. « A Head Full Of Dreams » offre une entrée en matière haute en couleurs et semble évoquer une renaissance, un nouveau regard sur la vie où tout est possible et envisageable. Le titre est notamment rythmé par les chœurs d’Apple et Moses Martin (les enfants de Chris) ainsi que la fille de Beyoncé Blue Ivy et on s’imagine scander le refrain sous une pluie de confettis multicolores. Plus sobre, « Birds » nous enveloppe de la voix sincère et rassurante de Chris Martin tandis que le featuring (très discret) avec Beyoncé sur le titre « Hymn For The Weekend » est certainement la plus belle surprise de l’album. Soutenue par un piano entêtant, la chanson s’inscrit dans un registre pop et dansant mais surprend par son originalité, sans perdre pour autant les sonorités typiques de Coldplay. Ce n’est plus à prouver, le groupe excelle dans les ballades émouvantes et Chris Martin retrouve heureusement son instrument de prédilection sur « Everglow ». Pour cette jolie composition au piano, le chanteur a collaboré avec son ex-femme Gwyneth Paltrow. Ce titre touchant est manifestement une lettre d’adieu entre les deux époux, qui se quittent aussi amicalement que possible. La chanson semble évoquer ce sentiment étrange entre bonheur et tristesse, lorsqu’on se remémore les bons souvenirs d’une relation aujourd’hui terminée. Qu’on soit bien d’accord, cette ballade ne vous tirera probablement pas une larme si on la compare à l’excellent « Fix You », mais la voix émouvante de Chris Martin fait toujours son petit effet. On replonge ensuite tête la première dans un univers festif et irrésistiblement dansant avec le single « Adventure Of A Lifetime » funky à souhait. Si après cela, vous ne vous sentez pas « vivant à nouveau », on ne sait plus quoi vous dire. Ah si, vous pouvez visionner le clip délirant et apprendre la chorégraphie de Coldplay déguisé en chimpanzés. Ça met forcément de bonne humeur, c’est promis.

Interprétée en duo avec la chanteuse suédoise Tove Lo, « Fun » vient apporter une petite touche de mélancolie à cette atmosphère grouillante de positivité. Là encore, la collaboration est plutôt discrète, mais les voix des deux chanteurs fonctionnent à merveille et le titre permet à Chris Martin de repenser avec nostalgie aux bons moments passés avec sa bien-aimée (on commence à se demander pourquoi il l’a laissée partir, en fait). « Kaleidoscope » fait office d’interlude et laisse entendre le poème de Rumi « The Guest House » récité par Coleman Barks par dessus quelques notes de piano. Le morceau s’achève sur la voix de Barack Obama, qu’on entend chanter quelques secondes de « Amazing Grace » lors de la cérémonie hommage rendue aux victimes de la fusillade de Charleston. Emmenée par des synthés, « Army Of One » nous expédie tout droit au pays des rêves et malgré des paroles peu profondes, a déjà tout du tube en devenir. La chanson contient une piste cachée intitulée « X Marks The Spot », sur laquelle Coldplay s’essaye au R’n’B et ce n’est pas franchement une réussite. Pour le coup, on ne retrouve plus aucune trace du groupe que l’on aime et le morceau manque réellement de cohérence avec l’ensemble, à tel point qu’on se demande bien ce qu’il fait là. En revanche avec la ballade aérienne qu’est « Amazing Day », on se met à rêver d’un monde paradisiaque où tous les individus vivent en parfaite harmonie au milieu des arcs-en-ciel. Certes, le titre dégouline de bons sentiments, mais ce côté candide est tellement assumé qu’on a vraiment envie d’y croire. Et puis la voix de Chris Martin y est pour beaucoup. Le deuxième interlude « Colour Spectrum » est totalement dénué d’intérêt et accentue la frustration ressentie en découvrant que l’album ne contient que onze pistes. Mais heureusement, Coldplay fait partie de ces groupes qui démontrent un optimisme à toute épreuve et A Head Full Of Dreams s’achève sur un joli titre fédérateur, « Up & Up ».

Le refrain à nouveau fredonné par les enfants de la team Coldplay et le solo de guitare de Noel Gallagher viennent d’apporter une bonne dose d’énergie pour un final digne de ce nom. « Don’t ever give up » scande Chris Martin, concluant cet album sur un beau message d’espoir. Parce qu’après tout, c’est tout l’objet de A Head Full Of Dreams. Ce disque respire la joie de vivre et la bonne humeur et invite quiconque l’écoute à apprécier le monde, à recommencer à aimer, à vivre en paix. Contrairement à Ghost Stories et son ambiance fragile, presque pesante, A Head Full Of Dreams est une véritable ode à la vie. Cet opus est définitivement le plus pop de toute la carrière de Coldplay et marque clairement la fin d’un chapitre. Plus calme que le pétillant Mylo Xyloto, l’album réunit toutefois des morceaux survoltés et redoutablement efficaces, mais ne nous fait pas pour autant oublier la merveilleuse époque où les quatre anglais faisaient vibrer les foules par leurs hymnes puissants emprunts d’émotion. Car si depuis quelques années, le groupe se complaît à puiser dans ses influences pop au détriment de bons riffs de guitares, on regrette tout de même les sons de cordes écorchés de Jonny Buckland. Avec ce septième album, Coldplay n’explore pas l’intégralité de son potentiel, se contentant de faire de la musique pour le plaisir en chantant sa joie de vivre au monde entier. Ce qui est important, bien sûr. Mais on s’attendait probablement à quelque chose de plus abouti de la part d’artistes de cette renommée. L’album ne convaincra sûrement pas les détracteurs du groupe, mais les autres apprécieront sans aucun doute cette escapade musicale au cœur d’un océan de couleurs et de bonheur. A Head Full Of Dreams nous ferait presque oublier que dans la vraie vie tout n’est pas si rose, et mine de rien ça fait drôlement du bien. On écoute cet album avec un immense sentiment de béatitude et on en ressort le cœur gonflé d’espoir et la tête pleine de rêves. Et c’est bien là tout ce qui importe.