Écrit par - Publié le 06 Août 2015 à 14:23

L'artiste made in France Christine and The Queens s'expatrie aux États-Unis. L'occasion pour elle de revenir sur la genèse de Tilted, la version anglaise de Christine.

En mars dernier, Christine and The Queens annonçait que Chaleur Humaine allait sortir aux États-Unis. Après une année remarquée en France, l’artiste s’enthousiasmait de ce passage de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis, Christine y a fait des scènes, a donné des interviews et profite d’une jolie renommée après avoir signé avec un label américain. Son identité, son goût pour la mise en scène et ses paroles cryptées forment le parfait package de l’artiste. Pas étonnant donc que Christine and The Queens soit aimé aux États-Unis. Et si certaines chansons, déjà écrites en anglais telles que Loving Cup ou Narcissus is Back, n »ont pas à être retouchées, l’artiste a cependant choisi de traduire certaines d’entre elles. C’est le cas de son iconique Christine, devenue Tilted pour les US. Elle explique pourquoi.

Que la poésie change, et non se perde

Interrogée sur Facebook sur le changement de langue pour une sortie de l’album aux États-Unis, Christine répond : « Si j’ai décidé de traduire moi-même mes chansons quand j’ai su que l’album sortirait aux US, c’est qu’il m’importe surtout d’être comprise immédiatement. Traduire n’est pas trahir je pense, surtout quand on veut défendre le même univers. Et si j’étais trilingue, j’essaierais sans doute d’écrire Christine en espagnol ou en italien 😉 je ne veux pas jouer sur l’exotisme du français en Amérique, je veux qu’ils sachent immédiatement que je suis une Half-lady. » Et de reprendre une nouvelle fois : « Ne vous inquiétez pas pour moi. Si j’avais écouté tous ceux qui me déconseillaient de traduire la démo de Christine pour en faire un titre en français (car la toute première mouture était anglaise), vous ne seriez pas aujourd’hui nostalgiques de cette version, qui était déjà en soi une adaptation. Mais je l’ai fait, parce que le défi me plaisait. J’ai toujours avancé avec ce qui m’animait, sans m’inquiéter de ce qu’on pourrait en penser – sinon, c’est la mort de l’audace, la mort de Christine ! Que la poésie change, et non se perde, c’est quelque chose dont je suis convaincue, et je vous laisserai vous faire un avis quand l’album américain sortira. Je vais continuer de faire les choses à l’instinct, parce que j’en ai envie, parce que ça m’excite, et même si je comprends vos avis, je ne suis pas d’accord avec vous sur cette question. De l’anglais au français, ça a toujours été comme ça avec moi, c’est la genèse même du projet – l’hybridité, l’absence de barrières – surtout celle du langage. Que vous adoriez les versions françaises, vous m’en voyez fort aise – laissez-moi donc leur souffler mes mots étranges en anglais maintenant ! Lots of love, on se voit à la rentrée. »

Du côté de la rédac’ de europe2.fr, on est unanimement excités par l’idée de versions anglaises des titres de la française, qui se plaisait déjà à mélanger les langues. Concernant une artiste de qui on glorifie le sens du mash-up et de la réinvention constante, quoi de plus naturel que d’étendre son univers ? D’autant plus que Tilted, présenté en live par Christine and The Queens à télévision américaine, garde des passages en français et recrée une atmosphère semblable à celle de Christine. Venant de la mise en scène théâtrale, on comprend et on se réjouit du besoin de Christine and The Queens de désacraliser le texte et d’en faire une matière mouvante, malléable et protéiforme. Refuser les limites, se réinventer et ne pas s’en excuser, voici ce qu’on aime chez elle. Et à notre tour de doing notre face with magic marker.