Hier soir, europe2.fr était au concert de Yael Naïm au Cirque d’Hiver, à Paris. Nous avons assisté à un très grand moment de musique, que nous allons tenter de vous faire revivre.
En arrivant au Cirque d’Hiver dans la douceur printanière du début de soirée de la Capitale, nous ne nous attendions pas à ressortir abasourdis à ce point deux heures plus tard. C’est pourtant ce qui est arrivé. Comme à son habitude, le public parisien essaie d’arriver pile poil pour le début du concert de l’artiste, provoquant une légère panique au sein des placeuses du mythique Cirque d’Hiver. Une fois tout le monde confortablement installé à sa place attitrée (ou pas), Yael Naïm peut commencer à défendre son nouvel album Older. Elle arrive sur scène accompagnée de son compagnon David Donatien, et le couple entame le concert avec une émouvante ballade à la guitare. Rejointe sur scène par un trio de choristes, les 3Somesisters, Yael passe au xylophone pour l’ouverture de son dernier album I Walk Until. Sans perdre une seconde, elle s’installe au piano pour Make a Child et Dream In My Head. Yael Naïm ne perd pas de temps et régale nos oreilles, avec simplicité et allégresse.
Les jeux de lumière sont superbes, donnant au Cirque d’Hiver un aspect encore plus poétique. Yael et David jonglent entre leurs instruments, et ce début de concert ne laisse présager que du bon. Après ce prologue en fanfare, Yael prend le temps de saluer le public, avant de le remercier chaleureusement d’être venu. Ce serait plutôt à nous de la remercier d’avance, tant le concert va monter en puissance. Le premier grand moment intervient lorsqu’elle entonne Coward, cette incantation quasi-sacrée sur les peurs de la maternité. Les 3Somesisters et Yael se répondent avec justesse, dans les envolées comme dans les murmures. Le public reste lui bouche-bée. Plongé dans l’obscurité, le Cirque d’Hiver retient son souffle face à la mélancolie et à la pureté de ce morceau. Consciente d’avoir infligé une véritable claque au public, Yael Naïm vient nous réchauffer avec sa reprise jazzy du Toxic de Britney Spears, incitant le public à chanter avec elle. La chanteuse nous captive de nouveau lorsqu’elle entame Ima, une berceuse en hébreu et en créole, qui nous emporte là encore très loin.
Quand nous l’avions interviewé, Yael Naim nous avait expliqué que ce « nouvel album parle de créer la vie mais aussi de la perdre ». Elle nous parle de sa grand-mère partie, de son enfant arrivé, et de ses 10 ans de travail avec son compagnon David Donatien. Voilà ce qui l’a rendu Older. Elle repart avec le chaloupé Trapped, soutenu avec brio par le chœur qui l’accompagne. Multi-instrumentaliste, polyglotte, touche-à-tout, Yael Naïm est également une showman. Son interprétation très gospel des titres Take Me Down et Walk Walk font lever un Cirque d’Hiver conquis. L’influence de la black music dans l’univers de Yael Naïm se fait sentir et elle nous transporte dans une église d’Harlem au cours de Walk Walk chanté sans micro, uniquement soutenu par le chant d’un public qui a embarqué dans le voyage que nous propose Yael. C’est désormais l’heure des tubes : Go To The River et le mythique New Soul. Mention spéciale pour la version rallongée de New Soul, qui a plongé le public parisien dans une douce euphorie.
Yael, David et leurs musiciens saluent le public une première fois, acclamés par un Cirque d’Hiver bien déterminé à ne pas en rester là. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir une artiste qui nage en plein bonheur. Émue par cette ovation, Yael Naïm va nous offrir trois rappels ! Elle repasse à la guitare le temps d’une déclaration d’amour à la Capitale, le titre qui ouvrait son premier album, Paris. Chantée en hébreu et en français, cette ballade berce l’assistance avec grâce. Rejointe sur scène par Jeanne Added et Camelia Jordana, Yael Naïm chante Lonely, sa mélancolique reprise du You Are Not Alone de Michael Jackson. Plus enjouée, She Said conclue ce premier rappel. Elle revient sur scène une seconde fois, uniquement accompagnée de David Donatien. Il s’installe au piano et elle prend la guitare, partageant le bonheur de composer ensemble. Noir complet, une lumière bleutée qui donne l’impression d’être sous les étoiles, et un titre, Older, qui nous fait définitivement chavirer. On a rarement vu autant de fragilité et de force réunie en une seule femme. Yael Naïm nous plonge là dans une rêverie dont on ne souhaiterait jamais sortir. Le public applaudit à tout rompre, faisant revenir Yael pour une ultime chanson. Un titre qu’elle dédiera à sa grand-mère, en regardant vers le ciel, Meme Iren Song. Cette sublime élégie conclue le concert d’une Yael Naïm qui remercie une dernière fois Paris les larmes aux yeux, avant de tirer sa révérence avec élégance et légèreté. Elle vient de nous faire vivre un grand moment de musique.