Écrit par marinepn - Publié le 16 Nov 2017 à 10:00

Attendu pour le 17 novembre, le nouvel album de Shaka Ponk (baptisé The Evol) promet d'être éclectique. Rencontre avec le groupe français qui ne fait pas les choses comme tout le monde. 

Après avoir enchaîné deux albums (The White & The Black Pixel Ape), Shaka Ponk a pris le temps de composer son nouvel opus tranquillement. Le groupe nous revient donc avec The Evol, un disque qui s’annonce éclectique, déstabilisant parfois mais qui, au fond, est peut-être celui qui leur ressemble le plus. Avant la sortie de l’album attendu depuis deux ans par les fans, rencontre avec les Monkeys les plus fous du paysage musical français.

« On s’est dit que ce serait mesquin de sortir deux ou trois titres » – Frah

« On a pas chômé ! », lancent-ils dès les départ en s’asseyant sur l’un des sofas de leur studio parisien. « On est contents du résultat, pour une fois ! », ajoute Sam, enjouée. Pour faire patienter ses fans, le groupe a sorti un EP, ApeTizer. Et la bonne nouvelle, c’est que deux morceaux issus de ce même EP seront à retrouver sur l’album. Mais alors, pourquoi en avoir sélectionné deux? « Ce qu’il s’est passé, commence Frah, c’est qu’on a fait le contraire. On avait prévu de faire un disque (The Evol) qui avait 13 titres et on s’est dit que ce serait mesquin de faire le schéma classique de teasing en sortant deux ou trois titres. On s’est dit qu’on allait teaser en mettant des titres inédits et qui seront nulle part pour que l’attente de deux ans passent un peu. en plus des deux, on a rajouté quelques morceaux ».

Et choisir les morceaux qui iront sur cet album justement, a été extrêmement « compliqué » : « on a trouvé une façon de fonctionner », lance Sam. « On fait une réunion avec des tableaux et chacun choisit ses morceaux favoris. Pour certains titres on était tous d’accord et pas pour d’autre ». « On fait un top 50 de nos morceaux », reprend Frah. « Et par la force des choses, il y en a 10 ou 15 qui restent ». « Tout ça, ça prend un temps énorme », ajoute Steve. « En gros à la fin, on est d’accord sur 6 ou 7 morceaux. On les aime tous mais on est pas à l’unanimité sur les 13 à chaque fois ».

« On est motivés par l’envie, par la spontanéité » – Sam

Pour teaser The Evol, ils ont sorti le clip de Mysterious Ways. Et sur Youtube, le clip a fait son effet, au point que parmi les commentaires laissés par les internautes, il y en a qui se distingue des autres : « le clip et les paroles sont d’une puissance impossible à déchiffrer », peut-on lire. « Ca fait plaisir, évidemment, c’est toujours intéressant d’avoir une connexion avec les gens », répond Sam lorsqu’on lui demande ce que cela lui évoque. « Même quand ils n’aiment pas, ça me fait plaisir parce que ca reste un échange », explique t-elle. « C’est enrichissant d’avoir des avis. Toute critique est bonne à prendre, comme tout compliment est agréable. Frah, lui, ajoute : « avec des morceaux comme des ballades, tu peux t’en prendre plein la gueule. Ce qui te sauve, c’est quand tu réussis à faire passer le message. On les assume à mort mais notre fond de commerce, c’est la scène et l’énergie. On a souvent des remarques désobligeantes sur les titres qui ont le plus marché ».

« Toute critique est bonne à prendre, comme tout compliment est agréable » – Sam

Et pour cause, les fans de Shaka Ponk -les vrais fans- ceux qui les suivent depuis le début, ce sont ceux qui se déchaînent sur leurs morceaux les plus énervés. Il suffit de les voir en concert pour s’en rendre compte ! « Les gens passionnés ont presque du mal par principe avec les singles », explique Steve. « Ce sont des gens qui aiment chiner des groupes dans les festivals. Quand c’est récupéré, il y a cette petite déception des fans du début, un petit déchirement au coeur. Pour nous, c’est hyper touchant ».

« Un morceau, c’est toujours une découverte » – Sam

Et après toutes ces années de carrière et de scène, appréhendent-ils encore de se lancer dans de nouveaux projets ? Angoissent-ils à l’idée de ne pas se surpasser ? « La recherche du mieux, c’est un piège », répond Sam. « On apprend des trucs, explique Steve. Il y a les rencontres aussi. Et puis, heureusement qu’on progresse ! Ce qui est vachement dur, c’est de faire les choses soi-même », poursuit Frah. Mais le pire, c’est de trouver quelqu’un avec qui le faire. C’est très difficile. On apprend a bien identifier et à lâcher les choses, à laisser les gens s’approprier un peu et les laisser donner leur point de vue. On contrôle le truc et on apprend à laisser les gens aller là ou ils veulent ! ».

D’ailleurs, après cinq albums, ont-ils encore des challenges à relever ? « On est motivés par l’envie, par la spontanéité’, explique Sam. « Le but c’est de rester centrés sur ce qu’on a envie de dire sur le moment. Musicalement, c’est toujours inconnu avant que le morceau existe. Parfois, on est spectateur de ce qu’on créé, de ce qui ressort. Mais on est pas dans une ambition de faire mieux. L’ambition, c’est de nous faire kiffer. C’est dangereux de toujours vouloir faire mieux ».

« Avec Tarantino à la réal, on ferait bien un stade ! » – Frah

Evidemment, le groupe partira défendre ce nouvel opus sur scène dans toute la France : « la scène nous manque et les gens aussi. On s’est enfermés pendant deux ans mais retrouver les gens, c’est le dernier ingrédient qui fait que la pâte prend. On fabrique de la musique pendant des heures mais là, on va faire un spectacle vivant. Ca nous manque parce qu’on a jamais fait de break de deux ans. (break de scène, ndlr). Mais Shaka ponk, c’est un groupe fait pour le live et la scène : « On s’est préparé de bonnes cartouches. Mais pour l’instant, ce n’est pas encore assemblé. On le fantasme pas mal. C’est écrit mais il faut encore que ca prenne vie. Et puis, il faut travailler avec les écrans. Il y a cette phase à passer et c’est ça qui est angoissant : ce n’est pas que de la musique, c’est de l’image. C’est un vrai défi », raconte Sam.

« Le truc de Shaka, c’est de prendre l’énergie dans la foule » – Steeve

Le verra t-on un jour au Stade de France ? La question leur a été posée plus d’une fois et de leur coté, la réponse ne change pas : « dans un stade, il y 80 000 personnes qui ont payé pour venir te voir. Bercy déjà, c’est 20 000 et il a fallu travailler pour que ca ne soit pas handicapant. Le truc chouette dans Shaka, c’est qu’on a été habitués à prendre l’énergie dans la foule. Alors quand on est sur un zénith, la scène est adapté. Tu vois les gens, comme à l’époque où on était dans les clubs, expliquent Steve et Sam. Pour le stade, « on n’a pas encore trouvé l’idée », reprend Frah. Evidemment, ca les ferait « kiffer » mais il faut LA bonne idée. « Avec Skip the Use, on voulait se partager un Bercy. On ne va pas simplement se dire qu’on a fait un stade, ca ne serait pas rendre service au spectateur. Ou alors, il nous faudrait Tarantino à la réal ! »

La bonne nouvelle, c’est que Shaka Ponk ira défendre The Evol sur scène dès le mois de janvier 2018. Et que ce soit en zénith, en stade, en festival, en club ou même dans un garage, on ira. parce qu’on vous l’assure, Shaka, c’est l’un de ces groupes qu’il faut voir avant de mourir.