Ils auront mis le temps mais enfin, Hayley Williams et sa bande sont de retour avec After Laughter. Nouvelle formation (ou presque), nouvelle ère et nouvelles perspectives, Paramore s'émancipe et abandonne son identité rock - pour le meilleur.
Quand le Self Titled Album est sorti en 2013, Paramore a signé l’album de la maturité. Ce disque était percutant, novateur et il les aura emmenés aux quatre coins du monde. D’ailleurs, Aint It Fun leur rapportera même un Grammy Award – la récompense ultime pour n’importe quel artiste. Quatre ans ont passé, quatre longue années sans voir les cheveux multicolores d’Hayley Williams. La chanteuse ne le cache pas, ils ont bien failli ne pas revenir : « si ça n’avait pas été pour Taylor, raconte t-elle, il n’y aurait plus de groupe ». Fort heureusement, ils ont croisé la route de Zac Farro à temps : l’ancien batteur a retrouvé sa formation d’origine et le trio est retourné en studio. Ce qui en ressort, c’est un cinquième album- probablement le meilleur que Paramore n’ait jamais sorti, quoiqu’on en dise. L’ère punk est révolue, c’est vrai. Mais, After Laughter est la preuve que, malgré les épreuves (collectives et personnelles), Paramore est toujours capable de créer et de se renouveler.
L’album s’ouvre sur Hard Times, premier single chargé de défendre l’opus. Ils le disent, c’est Hayley Williams qui l’a choisi. Selon eux, Hayley a un sixième sens pour ça, elle sait ce qui marchera ou pas. Et visiblement, elle avait tout bon. Hard Times en a surpris plus d’un et pourtant, quand on se replonge dans l’album précédent, on comprend que c’est la suite logique. Ain’t It Fun et Still Into You ont clairement posé les bases de ce tournant. C’est plus pop, plus électrique, plus mainstream, c’est vrai. Mais c’est surtout incroyablement mature. Avec Hard Times, Hayley Williams a le recul nécessaire pour évoquer l’une des pires périodes de sa vie : le ton est donné d’emblée. Cet album, ce sera un album de contraste, un album thérapeutique et surtout, un album qui ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de la formation.
Passé Hard Times (dont on ne se lasse pas), on plonge dans un univers largement inspiré des Cure. C’est coloré, pop, teinté d’électro et surtout, il y a ce côté « happy-sad » digne d’un Friday I’m In Love. Avec Rose Colored Boy, Paramore affirme sa volonté de poursuivre dans cette voie. S’en suit I Told You So, morceau qui pourrait presque passer pour la seconde partie de Playing God (issu de Brand New Eyes). Sur Fake Happy, on sent que Paramore n’a pas complètement rejeté son passé : l’intro rappelle les interludes du Self Titled et la montée en puissance du titre prouve que le trio en a encore dans les amplis. D’ailleurs, Fake Happy est probablement le titre qui nous frappe le plus. Pourquoi ? Parce que tout le monde peut s’y retrouver : « And I bet everybody here Is just as insincere We’re all so fake happy », clame Williams. On devine que c’est personnel, qu’elle a choisi de mettre des mots sur ce qu’elle a traversé mais la vérité, c’est que c’est universel. 26 est le morceau le plus doux, comme une pause dans cet ascenseur émotionnel. Avec No Friend, ils nous offrent une interlude comme Future (Self Titled) et à la fin de l’album, on se rend compte de deux choses. La première, c’est que cet album est comme un puzzle dont chaque morceau est une pièce. La seconde, c’est qu’il révèle un contraste beaucoup exploité dans le milieu : celui de poser des textes relativement sombres sur des mélodies joyeuses.
After Laughter est un album réussi, mature et qui, au final, sonne comme du Paramore : « On part du principe où l’on peut faire ce que l’on veut et que c’est la voix d’Hayley qui en fait du Paramore », a confié Zac Farro. Et c’est vrai. Si elle admet ne pas savoir comment elle a bien pu survivre à cette période difficile (dans Hard Times) , nous on le sait : la volonté de créer chez Paramore est bien trop affirmée pour qu’ils ne se laissent couler. Le trio partira en tournée pour défendre ce nouvel opus réussi et le 27 juin prochain, ils seront au Grand Rex de Paris. Et clairement, après tout ce temps, on les attend de pied ferme.
Certains diront qu’After Laughter enterre le côté punk de Paramore. Mais, et si être punk, c’était de prendre des risques ?
A retenir
- Hard Times
- Rose Colored Boy
- Fake Happy
- Caught In The Middle
- I Told You So