A la sortie du dernier tome de Harry Potter il y a un peu plus de 10 ans, JK Rowling révélait en interview qu’Albus Dumbledore, le célèbre directeur de Poudlard, était homosexuel et avait entretenu une relation amoureuse avec le mage noir Gellert Grindelwald avant qu’ils ne deviennent rivaux. Attendu au cinéma en novembre 2018, Les Animaux Fantastiques 2 : Les Crimes du Grindelwald racontera une grande partie de la jeunesse de ces deux personnages, respectivement interprétés par Jude Law et Johnny Depp. Selon toute logique, on s’attendait donc à ce que cette relation – non évoquée noir sur blanc dans les livres Harry Potter – soit enfin largement développée à l’écran. Il n’en sera rien. Dans une interview accordée récemment à Entertainment Weekly, le réalisateur David Yates a déclaré que l’homosexualité d’Albus Dumbledore « ne serait pas explicitement abordée » dans le prochain film. « Mais je pense que tous les fans le savent, a-t-il ajouté. Il a eu une relation très intense avec Grindelwald lorsqu’ils étaient jeunes. Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre, de leurs idées et de leur idéologie commune. » C’est vrai ça, si les fans sont déjà au courant, quel intérêt d’approfondir le sujet à l’écran n’est-ce pas ? Ces déclarations ont, à juste titre, déclenché une vague de colère parmi les fans, qui se sont empressés de bombarder le compte Twitter de JK Rowling de messages furieux.
La nouvelle est d’autant plus incompréhensible que le synopsis dévoilé il y a quelques mois évoquait très précisément le développement « de la relation complexe entre Dumbledore et Grindelwald ». On se demande bien comment il est possible de raconter à l’écran la relation – effectivement complexe – entre ces deux personnages sans évoquer l’amour de Dumbledore pour Grindelwald, alors même qu’il constitue une grande partie de leur histoire. De plus, les personnages non hétérosexuels étant encore bien trop peu représentés dans la culture populaire, ce film était l’occasion de montrer enfin une nouvelle facette de Dumbledore, et surtout de mettre en avant un héros ouvertement homosexuel sans pour autant définir toute son histoire autour de sa sexualité, comme c’est encore le cas de nombreux personnages gays au cinéma. Déjà très critiquée il y a quelques mois pour avoir maintenu Johnny Depp au casting de son film (l’acteur a été accusé de violences conjugales avant que l’affaire ne soit réglée à l’amiable entre les deux parties), l’auteur britannique a pour l’heure seulement répondu par un simple tweet. « Recevoir des injures à propos d’une interview dans laquelle je ne suis même pas impliquée, au sujet d’un script que j’ai écrit mais qu’aucun d’entre vous n’a lu, qui fait partie d’une saga venant juste de démarrer, c’est évidemment super fun… » a-t-elle écrit. Peu de chances que cela suffise à calmer le jeu… On ose espérer, en tout cas, que le sujet sera au moins évoqué dans la suite de la saga des Animaux Fantastiques, puisque cinq films sont prévus au total.