Pour célébrer les 25 ans de Surfrider Europe, l’Ocean Climax festival a réuni des personnalités d’horizons diverses à Darwin, en partenariat avec Europe 2. Le festival oscille entre art et engagement politique. Rencontre avec quatre hommes qui ont fait vivre cet événement.
La genèse du projet Ocean Climax était de célébrer les 25 ans de Surfrider, de façon non-conventionnelle pour toucher au dela des cercles d’influences. Historiquement, Surfrider est une association de surfers, ayant envie de protéger les vagues. Dans la dynamique de célébration des 25 ans et dans le cadre de COP21, l’idée était de rassembler de façon large, autour de valeurs communes : la glisse. L’invitation d’artistes, street artistes, riders autour du projet sert à créer une dynamique porter la parole des océans au coeur des débats et conférences sur les enjeux climatiques qui se tiennent à COP21 à Paris en Décembre. Pour l’occasion, Europe 2 est parti à la rencontre de quatre personnalités qui on fait vivre ce magnifique projet : Tom Curren, Bixente Lizarazu, Hubert Reeves et Jérôme Catz.
Tom Curren, fondateur de Surfrider Foundation Europe et triple champion du monde de Surf, invoque les premiers objectifs de Surfrider sur le littoral français « On voulait faire le plus de bruit possible pour alerter l’opinion publique sur les problèmes d’infections bactériologiques via la pollution de l’eau. Nous nous sommes entourés de spécialistes dans divers domaines pour frapper un grand coup et donc avoir un moyen de pression sur les politiques. »
Tom souhaitait organiser Surfrider Europe comme la branche américaine qui avait des moyens de pression énormes sur le gouvernement. Depuis la création de Surfrider en France, leur but était de créer des événements choc, tout comme Ocean Climax, ce week end. Son objectif premier sur le festival était d’avoir l’appui des politiques comme par exemple Ségolène Royal ou le maire de Bordeaux Alain Juppé pour faire bouger les lignes avant la COP21. « Sur place, l’association entre surfeur, artiste, astrophysicien et politique dans un même espace est quelque chose d’extraordinaire, en espérant que la cause des océans soit entendue par tous. »
Bixente Lizarazu, sportif et ambassadeur de Surfrider, reconnaît que le Leitmotiv qui le lie à Surfrider est la lutte des océans autant sur le terrain que d’un point de vue médiatique. Lors de l’Ocean Climax festival, il est venu apporter une fois de plus son soutien au projet « Ils font un travail remarquable sur la protection des littoraux et océans, il s’agit du sujet qui me passionne le plus. Je suis heureux de voir qu’il y a toujours la rigueur pour que l’histoire continue longtemps, et la motivation de toutes les équipes. » Le festival est labellisé COP21, ayant eu le soutien du ministère de l’environnement, leur but ultime est d’obtenir un million de signatures pour déposer un projet de loi sur la protection des océans et des littoraux. Pour démocratiser encore plus l’action, Bixente soumet « d’en parler sur les réseaux sociaux, passer par la voie classique avec les média ou encore des actions événementielles. Il est vrai qu’on n’a pas assez parlé des océans en vue de la COP21. Visiblement, on commence à en parler. Les océans couvrent 70% de la planète, ils sont le poumon bleu de la Terre. Grâce à eux, on peut mieux respirer. » Durant le festival, les bénévoles Surfrider sont partis à la rencontre du public pour récolter des dons et des signatures pour le projet de loi.
Hubert Reeves, astrophysicien et Président d’honneur d’Humanité & Biodiversité, apporte une vision plus technique sur les problèmes écologie. Son enjeu à Ocean Climax est de « faire connaître ce genre d’événements, car il doit être connu. Ici se passe des choses importantes et la nouvelle génération doit être mise au courant des enjeux politiques et physiques. » Il est vrai que les discours sur l’environnement était tenu par des personnes d’un certain âge, ne touchant pas cette nouvelle cible. « Grâce à ce genre de festival, cela nous permet d’être en contact direct avec les jeunes, eux qui ont des capacités dynamiques pour trouver de nouvelles solutions. » Pour Hubert, Darwin est un lieu festif, coïncidant des concerts, des expositions avec un message fort, « je trouve ça très encourageant pour la suite. »
Jérôme Catz, commissaire d’exposition et directeur d’art chez Spacejunk, revient sur le choix des artistes exposés durant l’Ocean Climax, grâce à leurs œuvres en liaison directe avec la préservation de l’environnement ou proche d’un engagement politique.
Le plus connu est Shepard Fairey, artiste ayant fait le portrait de campagne de Barack Obama mais qui s’engage depuis toujours pour l’écologie. « Les plus anciennes pièces en exposition datent de 1997 et sont donc quasiment introuvables. Sa dernière oeuvre Foot Of Labor a été faite en 2015 et complète la galerie. » Goin, pochoiriste au visage inconnu expose quelques oeuvres sur toile et « il a fait deux pièces monumentales dont Fukushima Flowers. » Laurence Vallières travaille uniquement le carton. « Elle donne une seconde vie à ce matériau de récupération en les transformant en animaux. Sur Ocean Climax, elle propose un parallèle entre les animaux et l’être humain et la disparition des grands singes. » Isaac Cordal, sculpteur espagnol a investi le bassin d’entrée de Darwin en exposant des petites figurines en ciment d’une vingtaine de centimètres. « Elles représentent nos leaders politiques, les mettant en situation sous forme d’installation. Il a été nommé récemment comme l’un des artistes du street art, se mobilisant le plus pour la cause écologique. » Le dernier artiste s’appelle Bordalo II nous offre un énorme pingouin de 12 mètres de haut, fait avec des matériaux de récupération trouvés sur le site de Darwin.
Après le festival, seules les oeuvres faites in situ restent comme les immenses oeuvres de GOIN ou les deux oeuvres de Laurence Vallières réalisées en résidence pour créer un patrimoine culturel riche au coeur de Darwin. L’enjeu à court terme est de recueillir le million de signatures à la pétition, disponible sur oceanclimax.fr. Durant les 4 jours de festivité, l’équipe organisatrice a démontré comment agir en devenant bénévoles Surfrider ou en donnant un peu d’argent – des choses simples qui peuvent changer la face des océans.