Actuellement en pleine tournée pour la promotion de son dernier album &, Julien Doré a posé ses valises au Zénith de Paris pour trois concerts sold out. Survolté, le chanteur a offert hier soir un set intense de plus de deux heures.
Ses qualités de showman ne sont plus à démontrer. Ses talents de chanteur non plus d’ailleurs. En quatre albums et autant de tournées, Julien Doré a su s’imposer comme l’un des artistes incontournables de la scène française et parcourt cette année les routes de France pour défendre corps et âme son dernier bébé. Baptisé &, ce nouvel album écrit dans un chalet de montagne et composé comme un carnet de voyage vient d’être certifié triple Disque de Platine. Véritable poète des temps modernes, Julien Doré sait manier les mots comme personne. Mais c’est sur scène qu’il révèle toute l’étendue de son potentiel artistique. Installé au Zénith de Paris pour une série de trois concerts, le chanteur était ici comme chez lui et a fait preuve d’une rare communion avec son public.
Sur cette tournée, Julien Doré a opté pour un démarrage en douceur. Les premières notes de « Porto Vecchio » se font entendre lorsque ses nombreux musiciens (six au total !) prennent place sur le plateau blanc. La fameuse esperluette, symbole pictural du nouvel album, est dévoilée en fond de scène et Julien Doré apparait en son milieu. Débute alors une première partie très solaire, durant laquelle le chanteur enchaine les morceaux les plus pops de son répertoire (« Le Lac », « Beyrouth Plage », « Moonlight Serenade », « Coco Câline »). Si la grande scène du Zénith ne permet évidemment pas de retrouver l’intimité des petites salles, ce n’est pas franchement un problème pour Julien Doré, qui redouble d’efforts pour aller au contact du public. A grands coups de déhanchés et de sourires radieux, il incite l’auditoire à vivre le show avec lui. Sans prévenir, il plonge au milieu de la fosse pour chanter au milieu du public, rejoint les gradins pour inciter tout le monde à se lever et regagne la scène, perché sur les épaules d’un vigile. Sa voix suave, beaucoup moins susurrée que sur la version studio des chansons, gagne en puissance et en profondeur. La démarche féline et le sourire toujours collé aux lèvres, il s’aventure à la rencontre des premiers rangs et ondule langoureusement aux rythmes des synthés de « Chou Wasabi ».
Julien Doré file ensuite en coulisses pour changer de veste, un peu trop précipitamment peut-être… S’installant au piano, il prend le temps d’adresser quelques mots au public, de remercier son équipe et de plaisanter sur le petit moment de flottement qui vient d’avoir lieu. « Je ne sais pas si vous avez vu, mais à l’instant je suis parti dans les coulisses en courant et…bah j’ai atterri directement dans les loges ! » raconte-il sous les rires des premiers rangs qui l’ont effectivement vu s’étaler en quittant la scène. Après la douceur vibrante de « Magnolia » arrive l’heure de dégainer le fameux ukulélé, et avec lui les tubes qui ont fait le succès du chanteur il y a maintenant quelques années (« Les Limites », « Kiss Me Forever »). De bons souvenirs qui font sourire mais qui parfois seraient dispensables (« Winnipeg ») même si Julien Doré, très généreux, fait preuve d’une énergie contagieuse en toutes circonstances. On préfère de loin la seconde partie du set, qui permet au chanteur de revisiter les titres les plus sombres de son répertoire. Sur ces mélodies beaucoup plus profondes et torturées, Julien Doré excelle. Après le superbe « Eden » puis le bien nommé « Sublime & Silence » et son piano fumant, le show gagne considérablement en puissance. La version live de « On attendra l’hiver », l’une des pépites de l’album LØVE, bénéficie d’un final grandiose porté par l’excellent Arman Méliès et ses solos de guitare ravageurs. Le superbe « De mes sombres archives », véritable cri du cœur déjà particulièrement réussi sur l’album, laisse tout le monde sur les rotules.
Le chanteur ne s’économise pas et reviendra pour deux rappels. D’abord en faisant jouer la corde sensible avec « Mon Apache », puis en interprétant la poignante « Caresse », seul au piano dans un Zénith totalement silencieux. Il sera ensuite rejoint par Juliette Armanet pour un duo sur « La Carte Postale », une ballade extraite du nouvel album de la chanteuse. Introduite par l’arrivée fracassante de la star du soir grimpée sur sa mini-moto et coiffée de son casque doré, « Paris-Seychelles » viendra finalement conclure la soirée après plus de deux heures de show, ce qui est aujourd’hui assez rare pour être souligné. Mêlant toujours l’humour et la sensibilité qui le caractérisent, Julien Doré fête avec cette tournée ses dix ans de carrière. Dix ans depuis sa victoire à Nouvelle Star en 2007, alors qu’il se démarquait déjà par son sens inné du spectacle et sa propension à électriser une salle par sa simple présence scénique. « Monter sur scène, c’est l’incarnation de la liberté », nous avait-il confié en interview. Si beaucoup de choses ont changé, la passion et le plaisir eux, sont restés intactes. De Paris aux Seychelles en passant par Winnipeg, Julien Doré a encore réussi à embarquer avec lui tout un public conquis.