Avec le tube "Ton Mec", Kyo promet déjà l'un des plus beaux retours de l'année. Le nouvel album, leurs collabs de rêve, Beyoncé, le secret de la longévité... Ben, Flo, Nico et Fab se confient en interview pour Europe 2.
Des millions de disques vendus, un ADN puissant, plus de vingt ans de carrière, quatre musiciens, un son identifiable dès quelques notes, une fanbase solide, trois lettres… Kyo fait partie de ces rares artistes qui ont marqué toute une génération en France. Après ses premiers succès en 2003, le groupe composé de Benoît Poher, Nicolas Chassagne, Florian et Fabien Dubos n’a cessé de déchaîner les passions. Difficile d’oublier des tubes comme « Dernière danse », « Le chemin », « Je cours » et« Contact » qui squattaient le haut des charts français, difficile aussi d’omettre l’aura incroyable que dégagent les garçons sur scène, mais difficile également d’effacer la longue pause que Kyo a pris jusqu’en 2014. Fans depuis leurs débuts, on ne pouvait que pardonner Ben, Flo, Nico et Fab pour leur absence prolongée à la sortie de l’album L’équilibre. Trois ans plus tard, toujours aussi brillant, Kyo est prêt à se lancer dans un nouveau projet porté par un premier single : « Ton mec », dont le clip sort aujourd’hui. À l’occasion de leur retour sous le feu des projecteurs, on a rencontré les membres de Kyo qui se livrent sur le nouvel album, les duos dont ils rêvent, Beyoncé mais aussi Sia et Stromae, le secret pour perdurer dans l’industrie… Notre interview avec le groupe, c’est maintenant !
Salut Kyo ! Vous êtes de retour avec le single “Ton mec”. C’est l’histoire d’un de vous quatre ?
Ben : “Ça raconte une histoire qui peut arriver à plein de gens. C’était déjà le cas sur certains de nos anciens titres comme “Dernière danse” ou “Je saigne encore”. C’est un truc qui nous a toujours fait un peu de peine car il s’agit d’histoires tristes… Plus il y avait de gens qui se reconnaissaient dans nos paroles, plus on se disait qu’il y avait des gens malheureux sur Terre (rires) ! “Ton mec” c’est un titre qui parle de couples qui sont ensemble depuis longtemps, qui peuvent vivre une forme de routine et voir l’inconnu comme un être parfait qui bouleverse la routine – d’ailleurs ça aurait pu être écrit dans les deux sens, mais “Ta meuf” ça sonnait moins bien (rires) ! La morale de l’histoire, c’est qu’il faut réussir à se rendre compte que ce qu’on a la maison c’est bien. »
Comment s’est passé l’enregistrement en studio de « Ton mec » ?
Flo : “Un petit peu comme d’habitude, le titre passe dans les ordis et les têtes de chacun, puis tout le monde amène ses idées, change des parties ou peaufine certains sons. Ça c’est quand on est chez nous, ensuite on passe en mode studio avec plus de matériel et un réalisateur. “Ton mec” a trouvé assez vite son identité, il n’a pas tellement changé de direction si ce n’est l’apport des rythmes plus joués au moment du studio. C’était presque un des titres les plus simples à faire !”
Nico : “Il s’est imposé tout de suite, dès le début. On n’a pas eu besoin de le retravailler, à chercher vraiment comment le faire fonctionner.”
Flo : “Le risque c’était presque de pas trop s’éloigner de la première version assez fraîche.”
C’est donc pour ces raisons que “Ton Mec” est le premier single ?
Flo : “Peut-être oui. Des fois tu passes des heures à travailler un morceau. Par exemple “Dernière danse”, on avait passé des heures à le tourner dans tous les sens, à plus savoir à la fin et finalement il paraît simple, malgré tout le temps qu’on a passé dessus. À l’inverse “Le chemin” ca a été hyper rapide, un peu comme “Ton mec”.”
On imagine qu’un album est prêt à suivre la sortie de ce premier single.
Flo : “Il va suivre mais il n’est pas prêt (rires) !”
Vous pouvez nous faire une petite confidence tant qu’on y est ?
Ben : “Je veux bien dire un truc parce que j’ai peur que les gens ne comprennent pas. Il y a un titre qui s’appelle “Fremen” sur l’album, ça vient des romans Dune. En fait, c’est la race qui habite sur Dune, ils ont les yeux bleus, hyper lumineux. Je fais référence à ca pour ce titre… Comme ça les gens le sauront avant de poser la question !”
Nico : “Je veux bien faire une confidence aussi mais ça reste entre nous bien sûr… (rires) Il y a vraiment de très très bons morceaux sur l’album ! Que des tubes ! En vérité, on est vraiment contents de ce qu’on a fait dessus.”
Cette fois le retour en studio à quatre a été moins éprouvant qu’après votre longue pause pour l’album précédent ?
Flo : “On avait moins d’appréhension je pense et on était rassurés aussi par la façon qu’on a eu de fonctionner sur L’équilibre. Ça a roulé quand même assez bien et puis on a fait des progrès dans les machines, tout ce que tu peux faire chez toi, on a progressé, les choses étaient plus abouties. On savait un peu plus où on allait sur des titres comme “Le Graal”. On avait redessiné une direction dans laquelle on se sentait bien. »
Le studio, c’était en mode détente ou studieux ?
Flo : “Jamais trop studieux non plus.”
Ben : “Tu trouves ? C’est studieux quand même.”
Flo : “C’est parce que t’es pas là dans les bons moments (rires) !”
Ben : “On a fait un seul barbecue cette fois à cause du temps.”
Flo : “Studieux mais détendu, on est concentrés mais on n’est pas trop flippés non plus.”
On peut s’attendre à quoi musicalement pour la suite ?
Fab : “Dans l’album je trouve que “Ton mec” est assez unique par rapport aux autres titres.”
Nico : “C’est peut-être le plus dansant ouais.”
Fab : “Il n’y aura pas d’autres titres comme “Ton mec” en tout cas. Par contre la couleur, les sonorités et les ambiances vont être très voisines.”
Flo : “On essaie d’avoir deux extrêmes, de balayer un truc assez large : ca peut aller sur des titres un peu plus lourds qui peuvent faire penser à “Contact” et puis il y a des trucs beaucoup plus minimalistes et des titres plus up-tempo. On pense aussi à la scène et sur cet album on se dit déjà qu’on a des choses qui vont être cool à jouer.”
Ben : “J’ai l’impression que c’est l’album sur lequel la rythmique et les groove ont été vraiment plus importants que sur les autres disques. Y’a vraiment un truc, c’est aussi l’évolution de la musique de notre époque, c’est devenu très important et on a fait beaucoup attention à tout ça.”
Vous avez déjà choisi les prochains singles ?
Kyo : “On a que des tubes dessus (rires) !”
Ben : “Ceci dit ça va pas être facile de faire un choix. Autant le côté immédiat de “Ton mec” a fait l’unanimité rapidement, autant pour la suite quand on a commencé à faire la liste des singles… Déjà c’est vrai qu’il y en avait beaucoup ce qui est bon ou pas bon signe. Mais notre choix n’est pas du tout arrêté, après il faut qu’on écoute les mixs définitifs, pour l’instant c’est pas le cas. Je crois qu’on ne serait vraiment pas capables de te dire quels vont être les singles de l’album. »
Flo : “Ca dépend de l’accueil du premier aussi, de la longévité de ce titre-là sur les ondes, pour voir après ce qui paraît agréable. Ca joue un petit peu aussi.”
Fab : “J’ai deux trois titres en tête qui pourraient être très bien pour passer à la radio, quand vous voulez (rires) !”
Ou alors vous nous faites une “Beyoncé” : sortir un film et tous les titres en single.
Ben : “Tu sais quoi… Si on avait les thunes on le ferait.”
Fab : “Mais avec Beyoncé (rires) !”
Ben : “Ce concept-là j’ai adoré. Tous les clips étaient magnifiques mais ça coûte très très cher.”
Nico : “Il nous manque 40 millions quoi (rires).”
Depuis la sortie du tube “Le Chemin” avec Sita vous n’avez jamais vraiment refait de duo sur l’un de vos albums.
Flo : “Eh ouais ! C’est quand même bizarre on a été connus grâce à un titre en duo et on n’a jamais refait de duos.”
Est-ce que le prochain album brisera la chaîne ?
Kyo : “Roulement de tambours… Pas du tout ! Beyoncé si elle veut par contre, là elle n’a pas pu, elle n’avait plus de batterie (rires) !
Flo : “À chaque fois on y pense pour tout avouer mais on ne trouve personne, puis ça nous saoule et une fois le nez dans l’album, on se dit bon tant pis.”
D’ailleurs avec quels artistes français vous aimeriez bien collaborer ?
Flo : “Écoute moi il y a un chanteur que j’aime beaucoup, son projet s’appelle Beirut. C’est un truc assez particulier, je dis pas que ça se mélangerait facilement. On avait fait un gros featuring pour Fight Aids (“L’or de nos vies”) il y avait plein de gens qui chantaient dont Tété qui avait fait beaucoup de voix. C’était vraiment super, j’adore sa voix.”
Et à l’international ?
Fab : “Sia par exemple ! Si elle est ok, on veut bien tous porter sa perruque dans le clip !”
Donc après Sita, Sia…
Kyo : “Ah ouais c’est marrant ça (rires) !”
Ben : “J’adore Sia mais je sais pas si ça se mélangerait bien.”
Flo : “Après il y a Stromae aussi.”
Vous composez et écrivez toutes vos chansons depuis toujours. Ça vous est déjà arrivé d’entendre une chanson et de vous dire “On aurait aimé que ça soit la nôtre !” ?
Flo : “J’ai ré-entendu en live “Losing My Religion” de REM et je me suis dis que c’est vraiment un titre que j’aurais bien aimé écrire, et puis chanter comme ça aussi (rires). Du début à la fin, Michael Stipe la chante parfaitement dans la version live.”
Ben : “Pas forcément en musique, mais plus en développement d’univers. Je trouve que Stromae a créé un truc démentiel. Complètement unique, avec des concepts a chaque clip. je suis jaloux de sa créativité. »
C’était comment de remonter sur scène tous les quatre pour Le Graal Tour après tout ce temps ?
Ben : “Notre retour sur scène pour Le Graal Tour c’était trop cool, ça manquait et il y a une ambiance particulière en tournée. On a deux autres musiciens, Pierre et Nico, qui nous accompagnent à la basse et aux claviers. Tout ça c’est la colo. En plus sur cette tournée on avait une équipe technique ultra cool, j’aimerais bien qu’on reparte avec les mêmes personnes. Y’a vraiment un truc de colonie de vacances assez spécial, assez unique.”
Nico : “Sans le mono (rires) !”
Comment vous arrivez à toujours vous supporter plus de vingt ans après vos débuts ?
Ben : “Une thérapie ! On est suivis.”
Flo : “On se parle jamais directement !”
Nico : “Y’en a que trois que j’aime pas, les autres ça va (rires).”
Ben et Flo : “C’est l’expérience de la vie, on se connait par coeur, on passe 80% du temps à se marrer en fait. C’est un peu comme un couple, mais à quatre (rires). »
Ça serait quoi votre secret pour perdurer au sein de Kyo ?
Fab : “Manger sainement, un peu d’exercice (rires).”
Nico : “Savoir trouver sa juste place, pas forcément vouloir occuper toutes les places. Je pense que les groupes se séparent souvent parce que les égos se confrontent et chacun se dit que tout seul ça va beaucoup mieux. Si tu sais reconnaître au bon moment qu’en fait à quatre t’es plus fort que tout seul, eh bien tu as trouvé le secret de la longévité. Nous on sait qu’ensemble c’est chouette, ca fonctionne bien même si on n’est pas toujours d’accord sur tout. On va avoir une certitude, les autres vont aller dans l’autre sens et après coup on se dit qu’ils avaient raison.”
Ben : “C’est souvent dans ce sens-là d’ailleurs (rires) !”
Enfin, quels sont vos sons du moment ?
Fab : “Moi c’est “Ton mec” (rires) ! J’aime bien Twenty One Pilots aussi.”
Nico : “Le dernier album de Lana Del Rey, le dernier Lorde que j’écoute beaucoup aussi et la BO d’Interstellar.”
Flo : “Je suis encore bien sur The Weeknd et puis Lorde et Lana Del Rey que j’aime aussi comme Nico.”
Ben : “Le dernier Arcade Fire, le deuxième album de Rage (ndlr : Rage Against The Machine) quasiment tous les jours en rentrant chez moi. J’écoute G-Eazy aussi, je suis super fan.”
Retrouvez également l’interview de Kyo dans le Lab Europe 2.