American Honey, road trip au cœur de l’Amérique profonde sur fond de trap et de country ( critique)

Découvrez notre critique D’American Honey, road movie sur fond de trap et de country au coeur de l’Amérique des rednecks. Un film d’Andrea Arnold en salles ce mercredi 8 février.

American Honey ne fait pas partie des nommés au Oscars 2017 mais c’est un film presqu’aussi essentiel que Moonlight et La La Land. Les membres du jury du festival de Cannes 2016 ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont décerné à l’oeuvre d’Andrea Arnold le prix du jury. En mai dernier l’équipe du film avait illuminé la montée des marches en dansant au son de Choices (E40) sur le tapis rouge. Hormis Shia Labeouf et Riley Keough, les acteurs principaux étaient tous des débutants, un véritable vent de fraîcheur avait alors soufflé sur la croisette. Cette énergie c’est celle qui parcourt le film, plongée déroutante dans l’Amérique profonde des rednecks. Mais attention, Andrea Arnold rejette le terme de « white trash » qu’elle trouve trop violent car « personne n’est un déchet ». Pas étonnant alors que son héroïne se prénomme Star alors qu’elle est une américaine pur sucre, issue du Texas le plus paupérisé.

C’est la première fois que la réalisatrice tournait un film aux Etats-Unis, mais si le décor change, sa caméra s’intéresse donc toujours aux déclassés (comme dans Fish Tank, prix du jury à Cannes en 2009). Elle a choisi de suivre une drôle de communauté de jeunes, qui voyage à travers les Etats-Unis en faisant du porte à porte pour vendre des abonnements. Star échappe aux siens, en particulier un beau-père abusif, pour rejoindre cette nouvelle famille qui ne ressemble à aucune autre. Elle se laisse subjuguer par Jake (Shia Labeouf) qui la prend sous son aile tout en devant faire ses preuves auprès de la boss de cette troupe hétéroclite, la revêche Krystal. Cette peinture de l’Amérique profonde, vu par ceux qui rêvent le plus de l’american dream tout en étant le plus éloigné, aurait pu être une oeuvre misérabiliste mais le film ne s’enferme jamais dans ce carcan.

Le road trip est aussi musical, et la bande originale d’American Honey est assez incroyable. Très maligne, celle-ci conjugue tubes country très populaires dans les Etats traversés par notre troupe mais aussi hommage à la trap avec toutes les chansons que le petit groupe écoute et reprend en cœur pendant leur voyage. On se souvient de la séquence devenue culte de Bande de Filles ( Celine Sciamma) sur Diamonds, eh bien Rihanna vient prouver une nouvelle fois que ses chansons étaient de parfait supports pour des scènes d’anthologie au cinéma. C’est We Found Love qui rythme par deux fois le film, d’abord lors de la rencontre entre Star et Jake dans un supermarché et puis à la fin, dans des circonstances moins joyeuses, où l’ombre des activités illicites se profile. Mais American Honey ne sombre jamais totalement dans la noirceur, insufflant sans cesse un sentiment de bienveillance à l’égard de ces personnages, aussi imparfaits soient-ils.

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