Révélé très jeune, à 19 ans, dans le film Les Egarés, d’André Téchiné, Gaspard Ulliel avait ensuite brillé dans l’adaptation cinématographique de Un long dimanche de fiançailles, réalisé par Jean-Pierre Jeunet. Ce rôle lui avait d’ailleurs valu le premier César de sa carrière, celui du meilleur espoir masculin en 2005. Plus récemment, ce fils de stylistes avait incarné le rôle d’Yves Saint Laurent dans un biopic très controversé sur le célèbre couturier. Sacré César du meilleur acteur, la consécration, pour son rôle dans Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, en 2017, le comédien était à l’honneur de cette 47e cérémonie des César, diffusée ce vendredi 25 février sur Canal+. C’est son collègue et ami, le réalisateur canadien, qui a insisté pour venir lui rendre un ultime hommage.
« Chère Madame » débute Xavier Dolan sur la scène de l’Olympia, alors qu’il s’apprête à lire une lettre qu’il a adressé à la mère de Gaspard Ulliel. S’en suit un hommage d’une dizaine de minutes durant lequel le jeune prodige québécois encense la vie et la carrière du comédien décédé. Toutefois, comme il le dit, c’est avant tout à sa famille que vont ses pensées : « Je ne suis pas venu ici parler étonnement de la carrière de Gaspard Ulliel. Je pourrais dresser la liste d’exploits et de faits d’armes brillants (…) mais quel effet pourraient avoir ces choses-là sur la plaie béante de son départ ». Un texte très émouvant durant lequel Dolan se stoppe plusieurs fois, pour ne pas craquer. Dans le public, les regards sont humides, Léa Seydoux essuie les larmes sur son visage. « Je n’ai pu m’empêcher de songer qu’il aurait détesté ce type d’éloge. Il aurait perçu, je pense, dans cette glorification, un manque d’élégance. Et il était très élégant » précise toutefois celui qui l’a fait joué dans son long-métrage en 2017. Un texte déchirant qu’il termine sous les applaudissements de la salle en s’adressant, une nouvelle fois, à la mère de l’acteur : « C’est à vous qu’il me semblait naturel d’écrire ce soir. À vous j’ai tout de suite pensé ce matin-là car l’amour d’une mère est plus fort que tout. Je le crois. Plus fort que la vie. Plus fort que l’art même. Et plus fort, certainement, que la mort ».