Il y a parfois de ces idées beaucoup trop en avance sur leur temps, pour lesquelles le monde n’est pas prêt et ne le sera pas avant plusieurs générations. C’est précisément ce qu’il s’est passé avec un objet bien connu de la génération des années 2000, nombriliste et égocentrique à souhait : la perche à selfie, désormais interdite au château de Versailles et dans les festivals américains. Véritable effet de mode, le selfie est le nouveau moyen « hype » de raconter sa vie à ses contacts : la visite d’un monument, la rencontre avec une célébrité, ou simplement un ego démesuré, tout est prétexte à se mettre scène et à se prendre en photo. Mais alors, comment est-ce qu’un objet aussi « utile » à cette pratique a-t-il pu ne pas voir le jour plus tôt ? Pour la simple et bonne raison que … ce fut le cas, mais que son invention est restée dans l’anonymat le plus total ! Imaginée et brevetée au début des années 80 par un japonais, la perche à selfie figure même dans un recueil des inventions nippones les plus inutiles !
Hiroshi Ueda était ingénieur à Minolta, un fabricant d’appareils photos. Dans le cadre d’une interview accordée à la radio de la BBC, il raconte : « Lorsque je voulais une photo de moi avec ma femme, je devais demander à quelqu’un de la prendre. Mais il y avait toujours un risque que cette personne parte avec l’appareil ». Et c’est précisément ce qui lui arrivera, lors d’un voyage en Europe, au Musée du Louvre très exactement. Dès lors, Ueda cherchera un moyen de remédier à cela et de répondre à cette question : Comment peut-on se faire voler son appareil si l’on est en mesure de prendre une photo soi-même, où et quand on le désire ? La perche à selfie était née. Problème, le monde et la génération des années 80 n’étaient pas prêts : les femmes en particulier semblaient gênées à l’idée d’utiliser pareil objet et de se photographier en public. Un comble lorsque l’on sait à quel point la gente féminine d’aujourd’hui ne jure que par l’autoportrait ! Hiroshi Ueda peut aujourd’hui se mordre les doigts d’avoir été visionnaire. Et une bonne trentaine d’année d’avance…