Avec Lost River, Ryan Gosling fait ses premiers pas en tant que réalisateur et europe2.fr se doit d'être honnête, c'est un premier essaie réussi.
En tant qu’acteur, Ryan Gosling n’a plus rien à prouver. Avec des films comme The Notebook, Drive ou encore Blue Valentine, l’acteur Canadien a montré plus d’une fois de quoi il était capable. Avec Lost River, il s’essaie à la réalisation et signe ce que Reda Kated (acteur Français tenant le rôle d’un chauffeur de taxi) appelle un « conte noir qui s’inscrit dans le réel ». Pour ceux qui ne seraient pas encore familiers avec le synopsis, Lost River peint l’histoire d’une famille Américaine vivant dans un village laissé à l’abandon. La mère, Billy, lutte pour payer ses crédits et garder la maison de son enfance tandis que son fils aîné Bones tente tant bien que mal de s’en sortir dans ce chaos sans nom.
Lorsqu’il revient sur ses motivations, Ryan Gosling explique qu’il n’a pas voulu faire un film seulement pour prouver qu’il pouvait en tourner un. Au contraire, il y a une véritable envie de montrer l’une des facettes les plus sombres du rêve Américains, celle des laissés pour compte. Ainsi, il a choisi de tourner Lost River à Détroit, là où des familles se battent tous les jours pour survivre. Ce qu’il voulait, c’était montrer la détresse de ces habitants souvent oubliés. Ce qui fait la force du film, c’est que certains figurants sont des habitants de la ville justement. En les intégrant à son projet, il donne une certaine force au long-métrage. D’abord, parce qu’il mêle ainsi réalité et fiction. Ensuite, parce qu’il leur a donné une chance d’exister. Par exemple, l’une des scènes montre Bully (incroyablement joué par Matt Smith) dansant avec une femme devant une station service. Or cette femme justement, était l’une des habitantes de la ville où le film à été tourné.
Lorsqu’on regarde Lost River pour la première fois, le film peut d’abord paraître sombre, presque oppressant. Pourtant, Ryan Gosling trouve un parfait équilibre entre malaise et légèreté. Pour ça, il joue avec les couleurs : que ce soit les paysages ou les arrière plans, on relève des couleurs vives ou pâles (selon les plans), de quoi compenser avec la noirceur du film. Au final, les quelques 90 minutes que durent Lost River s’écoulent naturellement et le spectateur n’en perd jamais le fil.
Flirtant avec le fantastique, Lost River ne laissera pas ceux qui iront le voir indifférents. Que l’on soit client du film indépendant ou non, on ne peut pas quitter la salle sans se poser de questions : Le village était-il vraiment maudit ? Bones et sa famille auront-ils droit à la vie meilleure qu’ils méritent ? Bien que certains seront probablement frustrés par la fin brutale du film, on comprend avec le recul qu’il ne pouvait pas y avoir de meilleure alternative : de cette manière, le spectateur est libre de se faire sa propre interprétation et mieux, il est libre d’imaginer l’avenir qu’il veut pour Bones, Billy, Franky et Rat.