Oscars 2017 : Moonlight, l’autre favori au cœur sensible ( critique)

Moonlight sort en salles ce mercredi 1er février. Le grand concurrent de La La Land aux Oscars 2017 est un film d’une beauté et d’une sensibilité rare.

Découvrez notre critique de Moonlight, l’autre favori des Oscars 2017 et film ultra sensible et très réussi de Barry Jenkins.

La saison des prix cinématographiques outre-Atlantique a largement célébré La La Land. Le film part grand favori aux Oscars 2017 avec un total de 14 nominations. Face à lui se trouve pourtant un sérieux outsider qui pourrait bien créer la surprise comme Spotlight l’an dernier. Aux Golden Globes, Moonlight est ainsi reparti avec le prix du Meilleur Film dans la catégorie drame. Comparer les deux films peut sembler un peu vain, tant ils sont différents, mais si l’Académie des Oscars choisissait de récompenser le film de Barry Jenkins, plutôt que celui de Damien Chazelle, elle ferait preuve d’une audace certaine.

Moonlight c’est l’histoire d’un garçon qui lutte contre sa propre identité, celle d’un homme noir homosexuel, au coeur d’un quartier de Miami ravagé par la drogue. Le film est découpé en trois chapitres (enfant, adolescent et jeune adulte ) permettant de le suivre alors qu’il est tour à tour Little, Chiron et Black. Autant de noms pour un personnage en pleine quête de soi dans un milieu clairement hostile. Mais alors que le film aurait pu virer au mélodrame tire-larmes et misérabiliste devant la caméra d’un autre, Barry Jenkins, dont c’est le deuxième film, fait preuve d’une sensibilité et d’une pudeur rare. Le cinéaste réalise un véritable tour de force en convoquant une esthétique inspirée par Wong Kar Wai ou Claire Denis, comme il l’a expliqué lors de l’avant-première parisienne du film, au service d’un propos quasi politique.

Le script et la personnalité de Barry Jenkins ont convaincu Naomie Harris, qui interprète la mère addicte du héros, de finalement signer pour ce film alors qu’elle y était d’abord réfractaire. Inquiète de jouer un rôle stéréotypé, l’actrice a eu raison de se raviser, le rôle lui vaut sa première nomination aux Oscars (catégorie meilleure actrice dans un second rôle). A ses côtés, il y aussi le formidable Mahershala Ali ( Remy Denton de House of Cards) dans le rôle d’un trafiquant de drogue bienveillant. En projection Barry Jenkins a rappelé que cette histoire était un peu aussi la sienne car il partage bien des points communs avec Tarell Alvin McCraney, auteur de la pièce autobiographique dont Moonlight est l’adaptation. Nul besoin cependant de partager les affres du héros pour être bouleversé par cette oeuvre d’une grande beauté.

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