Dans Downton Abbey, Julian Fellowes nous contait la fin d’un monde, celui de l’aristocratie aux pouvoirs sans limite, à l’inépuisable richesse et aux disparités sociales persistantes. Dans The Gilded Age, le showrunner britannique nous fait quasiment part des mêmes obsessions, mais de l’autre côté de l’Atlantique, à New York, où il nous montre la création d’un nouveau monde durant la période de l’âge d’or à la fin du XIXe siècle. Diffusé sur OCS depuis le 25 janvier dernier, le programme nous transporte dans une époque de prospérité économique avec laquelle émerge une classe de « nouveaux riches ». Une confrontation va alors naître entre ces récentes fortunes et la vieille bourgeoisie de l’époque : « c’est le vieux New York face au nouveau New York » peut-on entendre dans les premières minutes de la série. Une sorte de Gossip Girl à l’ancienne où traditions s’opposent, pour notre plus grand plaisir, aux goûts tape-à-l’œil d’une nouvelle partie de la population. Le tout ne concernant, bien entendu, qu’une infime partie du pays.
Seulement voilà, si la plupart des internautes ne le savent pas, l’intrigue de The Gilded Age est en réalité inspirée d’une vraie confrontation. En effet, comme le relatent certains journaux de l’époque, une véritable guerre sociale va opposer les Vanderbilt, dont la fortune récente ne leur permet pas d’être acceptés par la Haute société, à Mrs. Astor, qui régnait sans scrupule sur l’élite de l’époque. Des similitudes non négligeables avec le scénario de la série de Julian Fellowes qui, même si elle peut paraître superficielle, possède un réel atout historique sur ce qu’on appelle l’âge d’or. On y retrouve ainsi plusieurs figures emblématiques de l’époque et on en apprend davantage sur les uses et coutumes de ce petit monde composé d’uniquement 400 membres. Une liste rédigée à la précision par Mrs. Astor et Ward McAllister dans le but de n’accueillir qu’une certaine partie de la bourgeoisie new yorkaise de l’époque. La légende dit d’ailleurs qu’elle ne dépassait pas ce chiffre car c’était le nombre de personne exacte que pouvait accueillir la salle de réception de la maison des Astor à Newport.
Mrs. Astor
John Jacob Astor. Ce nom vous dit probablement quelque chose. Pour cause, l’homme d’affaires est décédé le 15 avril 1912 dans le naufrage du Titanic. Dans The Gilded Age, c’est sa mère, Caroline Webster Schermerhorn Astor, membre éminent de la bourgeoisie new yorkaise, qui est mise en avant. Erigée en véritable reine de la Haute société par Julian Fellowes, son personnage apparaît comme un fervent partisan du vieux New York, composé exclusivement des plus anciennes et riches familles de la ville. Aidée de son ami et bras droit Ward McAlister, cette dernière s’évertue à ne laisser rentrer que très peu de monde dans les 400 de Mrs. Astor, un club comportant les 400 familles new-yorkaises les plus huppées. Pourtant, son pouvoir sera mis à rude épreuve face à la détermination des Vanderbilt à pénétrer au sein de ce groupe.
Ward McAllister
Dans la série diffusée sur OCS depuis le 26 janvier dernier, Ward McAllister va apparaître comme l’allié principal de Bertha Russell. Le réalisateur a d’ailleurs décidé de ne pas lui changer de nom. Réputé pour être un homme cultivé et agréable, il aurait été à l’origine de l’incroyable rayonnement de Newport, dans le Rhode Island, comme le lieu de villégiature favori de la richesse new yorkaise. Tout au long de sa vie, ce dernier s’évertuera à aider Mrs. Astor à régner en maître sur la Haute société de la ville. S’il semble vouloir apporter son aide aux Russell dans le programme de Julian Fellowes, l’histoire ne précise pas s’il a été aussi généreux avec les Vanderbilt, censés être représentés par cette famille de « nouveaux riches » dans la série.
Gladys Russell
Comme la raconte Vanity Fair, Gladys Russell est « la doublure parfaite de Consuelo Vanderbilt, la fille de William Kissam et Alva Vanderbilt ». Représentée comme une jeune fille sage et obéissante, elle doit avant tout répondre aux nombreuses exigences de sa mère à son égard. Alors qu’elle tombe amoureuse d’un gentleman issu de la classe bourgeoise new yorkaise, sa mère s’oppose à l’union. Elle a de plus grandes ambitions pour sa fille. Si l’on se fie à l’histoire de Consuelo Vanderbilt, dont l’histoire se rapproche le plus de celle de Gladys Russell, la riche héritière va être forcée d’épouser le duc de Marlborough – contre une dot de plus de 2,5 millions de dollars soit 75 millions de nos jours – et devenir ainsi membre éminent de l’aristocratie britannique. Dans un numéro de Vogue des années 1940, Crowninshield précise que la jeune femme est arrivée pleurant sous son voile lors de la cérémonie de mariage. Elle divorcera quelques années plus tard mais permettra au passage d’inscrire un peu plus le nom des Vanderbilt dans l’histoire américaine. Dans la saison 1 de The Gilded Age, on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra de la fille unique des Russell.
Mrs. Mamie Fish
Comme beaucoup d’autres noms cités dans la série, Mrs. Mamie Fish a réellement existé à cette époque. Si elle n’apparaît que très peu dans The Gilded Age, on apprend tout de même que la mondaine est une adepte des soirées originales. Une scène montre d’ailleurs qu’elle organise un après-midi où les invités peuvent tranquillement prendre le thé en compagnie… de poupées. Si elle n’est pas la plus riche des membres du club des 400 à l’époque, elle en deviendra l’une des dirigeantes après la mort de Caroline Astor en 1895. Mis à l’écran par Jullian Fellowes, son personnage consolide l’image excentrique que pouvaient cultiver certains membres de cette élite américaine.
Bertha et George Russell
Si George Russell est censé représenter l’imminent William Kissam Vanderbilt, sa femme Bertha serait l’ébauche parfaite d’Alva Vanderbilt dans The Gilded Age. Décrite comme une femme caractérielle et déterminée, elle n’a qu’un but dans la vie : accéder aux plus hauts rangs de l’élite new yorkaise. Pour cela, rien n’est trop beau. A grands coups de millions, la mondaine n’hésite pas à se faire bâtir un véritable petit château (inspiré du château de Blois en France) et à organiser les fêtes les plus somptueuses de l’époque. Si certains membres du « vieux New York » demeurent sceptiques, cet étalage d’argent va finir par payer pour les Russell qui parviennent, peu à peu, à gravir les échelons de l’échelle sociale. Leur pouvoir sur de nombreuses sociétés détenues par des grandes familles de la ville, désormais assujettis aux Vanderbilt, va également les aider dans leur ascension. Un épisode de la série de Julian Fellowes raconte d’ailleurs comment l’un des hommes d’affaires de la ville perd toute sa fortune en s’opposant au puissant propriétaire de chemins de fer qu’est William Vanderbilt. Conscient de mener une bataille perdue d’avance, l’élite new yorkaise s’incline face à la famille qui deviendra l’une des plus marquantes de l’histoire des Etats-Unis.