Écrit par helene-ccw - Publié le 19 Déc 2015 à 13:00

Dans le cadre du Winter Forum organisé par l’European Lab, des professionnels du milieu se sont réunis et interrogés sur l’avenir des festivals de musique dans la décennie à venir. Nous avons suivi la conférence et on vous raconte.

Depuis quelques semaines, on assiste à l’annonce des premiers artistes de grands festivals tels que Main Square ou les Vieilles Charrues. Tous proposent une affiche alléchante et l’engouement autour montre la place primordiale qu’ils tiennent désormais. De nos jours, les festivals ne sont plus seulement des lieux de divertissement et de plaisir pour les mélomanes, ils sont des acteurs essentiels de l’industrie musicale et peuvent représenter un véritable tremplin pour certains artistes. Mais avec la mise en place de nouvelles politiques et la crise, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’avenir de ces évènements. Perdureront-ils dans la décennie à venir ? Devront-ils changer de schéma économique et structurel ? Clémence Bizien de Super ! (France), Anastasios Diolatzis du Reworks Festival (Grèce), François Kraft de Cracki Record et Macki Music Festival ainsi que Georgie Taglietti se sont réunis à la Gaîté Lyrique dans le cadre du Winter Forum organisé par l’European Lab et ont tenté d’y apporter des réponses. On vous raconte.

Des problématiques existantes à régler

Tous sont d’accord, pour perdurer il va falloir régler certaines problématiques déjà existantes. Georgia parle de la cohabitation entre la musique online et offline, les formats ne cessent d’évoluer et la musique ne se réduit plus seulement à la musique. Anastasio évoque l’instabilité sociale et économique de son pays obligeant le Reworks à se battre pour continuer d’exister, proposer de la musique et toute l’ambiance qui va avec le festival. Rien n’est stable. Pour Clémence, la question économique est bien sûr primordiale, il faut se maintenir, mais la question environnementale rentre en jeu également. Un des challenges de Super ! sera de ne pas atteindre seulement Paris, mais également d’autres villes. (On rappelle que Super ! est à la tête de l’organisation de Pitchfork Music Festival à Paris). Enfin, pour François, le public est très volatile dans sa manière d’écouter de la musique et de venir en festival. Pour lui, il faut s’adapter en permanence, et de manière rapide. C’est ça le challenge, avoir une bonne structure avec une marge de mutation possible.

Attirer l’international

Avec la crise économique en Grèce, le Reworks Festival a dû trouver un moyen de surmonter de nombreuses difficultés. Et il y est arrivé puisque de deux jours de festival, il est passé à cinq. Anastasio nous explique qu’avec le peu d’aide publique, son équipe et lui ont beaucoup travaillé avec des entreprises. Ils ont réussi à proposer un échappatoire à la jeunesse, un moment de liberté. Puis ils ont fait en sorte d’attirer des festivaliers internationaux, qui n’hésitent pas à effectuer un long voyage pour se rendre sur le festival.

L’économie collaborative, une solution ?

Georgia a beaucoup d’espoir en l’économie collaborative. Selon elle, même s’il y a encore des questions de législations à régler, les jeunes s’y tournent déjà naturellement. Cette solution permettrait aux festivals de ne pas être uniquement gérés par de grandes marques. Elle mise également beaucoup sur les réseaux sociaux, qui permettent aux festivals d’être à égalité dans la communication, pas besoin d’énormes moyens financiers pour une communication efficace sur les réseaux sociaux.

Grosse ou petite structure, il faut choisir ?

Avec tous les nombreux rachats de festivals par de grands groupes et de fusion économique, on peut se demander si dans le futur, il n’y aura pas uniquement que de très grandes structures, ou de toutes petites. Clémence ne l’espère pas, elle pense qu’en France en tout cas, les gens veulent volontairement se retrouver dans un petit festival à taille humaine. Certains ne veulent plus se retrouver parmi des dizaines de milliers de personnes. Les petites structures autant que les grosses machines ont pour vocation de croître mais ne vont pas s’agrandir encore plus pour autant. Elle utilise l’exemple du Pitchfork où l’on restera à 8000 festivaliers dans la Grande Halle de La Villette, on ne pourra pas pousser les murs.

L’électro, le futur ?

Clémence considère qu’il y a clairement une relève électro. L’enjeu pour cette scène va être d’être capable de proposer un live intéressant et de maintenir un public, à la manière des frères Lawrence de Disclosure qui, en étant très jeunes (21 et 24 ans), remplissent aujourd’hui tout un Zénith. François explique que la scène électronique a explosé en France depuis ces quelques années. Le prix du cachet est élevé car il y a une énorme demande. En France, c’est un peu le pays où il se passe beaucoup de choses au niveau de la scène électronique. Il y a des DJ, des producteurs qui sont une niche et dont le cachet a triplé car la demande aussi. Pour lui, ce sont plein de micro événement comme des artistes de niches plutôt qu’une grosse tête d’affiche qui rempliront le festival.