Écrit par marinepn - Publié le 10 Fév 2022 à 09:52

L'Institut Clive Davis propose à ses étudiants d'étudier l'impact culturel qu'a (eu) la popstar. 

Le dimanche 26 janvier, l’Institut Clive Davis (rattaché à l’Université de New York) a lancé un cours totalement dédié à Taylor Swift. Si tout le monde ne comprend pas nécessairement l’idée, sachez que, depuis l’ouverture du cours au public, la liste d’attente n’a de cesse de s’allonger : Britanny Spanos, journaliste à Rolling Stone (qui écrit depuis longtemps sur la chanteuse) orchestrera les cours donnés aux étudiants qui « seront amenés à analyser le parcours de Taylor Swift en tant que femmes d’affaires mais également son influence culturelle sur la jeunesse, la pop culture, les réseaux sociaux ainsi que la politique », a notamment expliqué Jason King au magazine Variety.

  • « Pour moi, ce cours était une évidence (…) Il poussera les élèves à réfléchir plus profondément sur elle et sa musique à travers le prisme du genre, du féminisme, de la race et de la classe, et d’autres catégories liées à l’identité » – Jason King
  • « Voici un changement total de genre »

Taylor Swift est de ces artistes qui refusent de se cantonner à un seul genre musical. Lorsque l’album Red (première version) est sorti en 2012, nombreux sont ceux qui ont lui ont reproché de s’éloigner de la country qui l’a vue grandir… en réponse aux critiques la jugeant maintenant « trop pop » pour passer sur les radios dédiées à la country, Taylor Swift choisira de sortir un album intemporel qui révolutionnera le genre pop : 1989. « Voici un changement total de genre, titré 1989 », expliquera t-elle dans son discours donné pour Billboard en 2019 lorsque le magazine l’a nommée Artiste de la décennie. Toute la force de Taylor Swift réside dans sa capacité à répondre en musique à ses détracteurs… les obligeant toujours à retourner leur veste. Le morceau Blank Space en est d’ailleurs la preuve : inspiré des critiques des médias quant à sa vie sentimentale, le titre deviendra en 2015 l’une des chansons les plus populaires de l’artiste.

  • Bataille contre le streaming

En 2014, juste avant la sortie de l’album 1989, Taylor Swift choisi de retirer l’intégralité de sa discographie des plateformes de streaming. La raison ? Son désir d’attirer l’attention sur le système (très) inégalitaire de cette nouvelle façon de consommer la musique. « La musique est un art, et l’art est important et rare. Les choses importantes et rares ont de la valeur. Les choses de valeur doivent être payées. Je suis d’avis que la musique ne devrait pas être gratuite, et je prédis que les artistes individuels et leurs labels décideront un jour du prix d’un album », exprimera l’artiste dans un essai rédigé pour The Wall Street Journal. De son côté Spotify ira jusqu’à créer une playlist intitulée « Que jouer pendant que Taylor Swift est partie ? »

Alors qu’à l’époque, Apple Music propose à ses (futurs) abonnés un essai gratuit de trois mois, Taylor Swift, elle, monte au créneau sur Tumblr : « Trois mois, c’est long pour ne pas être payé, et il est injuste de demander à quelqu’un de travailler pour rien. Je dis cela avec amour, révérence et admiration pour tout ce qu’Apple a fait par ailleurs. J’espère que je pourrai bientôt les rejoindre dans la progression vers un modèle de streaming qui semble équitable pour ceux qui créent cette musique. Je pense que cela pourrait être la plateforme qui y arrivera », écrit-elle. Apple acceptera finalement de payer des royalties aux artistes et ce, même pendant la période gratuite de trois mois- ce qui signera le retour de Taylor Swift sur la plateforme. En 2015, Apple Music diffusera même le 1989 World Tour, enregistré à Sydney. Après de longue années de négociations (et surtout, après avoir changé de label), la musique de Taylor est, à cette date, disponible sur toutes les plateformes. Le petit bonus ? Red (Taylor’s Version), publié en novembre dernier, a battu des records de streams sur Spotify.

  • Reputation

« Il n’y aura pas d’explication, simplement Reputation », annonce Taylor Swift en 2017. Après un an passé loin des caméras et des médias, Taylor Swift signe son retour avec un single percutant : Look What You Made Me Do. Pour rappel, ce nouvel album s’impose après la guerre médiatique qui a opposé la popstar a Kanye West (après que Kim Kardashian ait diffusé un appel téléphonique entre les deux artistes). Look What You Made Me Do intrigue les fans pour deux raisons : d’abord, pour la renaissance qu’il symbolise et ensuite, parce que Swift en profite pour glisser cette réplique qui deviendra culte : « Désolée, l’ancienne Taylor ne peut pas répondre au téléphone. Pourquoi ? Oh, parce qu’elle est morte ». Taylor Swift a à coeur de montrer qu’elle n’est plus ce qu’elle était et cet album, plus sombre a pour mission de signer un retour triomphal. Alors que la presse se déchaîne sur le Reputation Stadium Tour, clamant que la tournée ne se remplira pas, Taylor Swift réussit l’exploit de remplir chaque stade en un temps record. Pour les curieux, le show est d’ailleurs dispo sur Netflix.

Son coup de génie ? Retourner (une fois de plus) les mots des autres à son avantages. Alors que Kim Kardashian l’avait ouvertement rabaissée sur les réseaux sociaux en célébrant « le jour du serpent », Swift fera le choix d’intégrer un serpent géant à sa scénographie.

  • Perte de ses masters et naissance des Taylor’s Version

Taylor Swift est (de nouveau) au sommet, cumule les récompenses et, forcément, il fallait bien qu’un nuage sombre vienne perturber le tout… nous sommes en 2019 et Taylor Swift apprend avec effroi que son ancien label Big Machine Records a été racheté par Scooter Braun, manager de Justin Bieber. Et c’est justement là que ça coince. En revendant sa société Scott Borchetta, a cédé au passage les droits des six premiers opus de Taylor Swift (« Taylor Swift », « Fearless », « Speak Now », « Red », « 1989 » et « Reputation »).

« J’ai appris que Scooter Braun avait acheté mes droits lorsque la nouvelle a été annoncée dans la presse. Tout ce à quoi j’ai pensé, ce sont les intimidations incessantes et la manipulation que j’ai subies durant des années », a t-elle ainsi écrit dans un communiqué. « Désormais, Scooter m’a dépouillée du travail de ma vie, que je n’ai pas eu l’occasion d’acheter. En gros, mon héritage musical tombe entre les mains de quelqu’un qui a essayé de le détruire ». Taylor Swift allait-elle restée les bras croisés ? Evidemment que non. La star a choisi de ré-enregistrer les six albums tout en offrant aux fans des morceaux inédits. Fearless (Taylor’s Version) voit ainsi le jour en 2021 et, évidemment, l’album fera mieux que la première version. Taylor Swift réitère avec Red (Taylor’s Version) et prouvera -une fois de plus qu’elle est aussi à l’aise sur scène qu’en communication.

  • Record de Red (Taylor’s Version) et la notoriété de All Too Well

Avec des fans aussi fidèles que les siens, Taylor Swift s’assurait déjà un succès en ré-enregistrant ses précédents opus : les fans qui la suivent savent quelle importance il y a à privilégier ces nouveaux enregistrements qui, on le précise, appartiennent à la popstar. Mais Taylor Swift a choisi de frapper fort en ajoutant des chansons inédites. Normal, quand on y pense. Quitte à ressortir un album, autant y aller franco en offrant des inédits. Or, si vous suivez l’interprète de Shake it off depuis longtemps, vous savez qu’il y a UN morceau qui surpasse tous les autres : All Too Well, publiée sur Red, est de loin la chanson préférée des fans parce que l’une des plus personnelles de l’artiste. Taylor Swift y raconte son histoire (ainsi que sa rupture difficile) avec l’acteur Jake Gyllenhaal et, il visiblement, la chanson originale faisait pas moins de 10 minutes… évidemment, tous les fans se seraient damnés pour entendre cette version originale.

Nous sommes en novembre 2021 et Taylor Swift réalise ce qui, à ce jour, est le plus gros coup de sa carrière : elle publie All Too Well (10 minutes Version) et il ne faudra que quelques secondes au morceau pour se hisser au sommet des classements. Parce qu’elle ne fait pas les choses à moitié, l’artiste en profite pour sortir un court-métrage (avec Dylan O’ Brien et Sadie Sink) qu’elle réalisera elle-même. En proposant des morceaux inédits (ainsi que CETTE version), Taylor Swift a littéralement court-circuité les plans de Scooter Braun.

  • Pop culture et Politique

Dire que Taylor Swift laissera l’industrie musical dans un meilleur état serait un euphémisme. La jeune artiste a marqué la pop culture (forcément) mais pas. Son combat face au streaming, sa manière de se ré-approprier sa propre musique seront (sans aucun doute) des exemples à suivre pour la jeune génération. Et ce n’est pas tout ! Au-delà de son envie de marquer l’histoire de la musique, Taylor Swift aussi pris la décision de s’engager en politique : l’interprète de Delicate choisira de s’engager aux côtés des démocrates, se battra pour les droits LGBTQ – une façon d’encourager ses plus jeunes fans à voter. Son album Lover sera pop, certes, mais aussi extrêmement politique : féminisme, égalité… tous les sujets y passent et prouvent que l’on peut-être popstar tout en faisant une différence.

Sur le papier, un cours dédié à Taylor Swift pourrait donc sembler surprenant. Pourquoi l’étudier elle et pas une autre ? Pourquoi se focaliser précisément sur cette artiste ? Tout simplement parce qu’au cours de sa carrière, Swift a été confrontée au harcèlement, à la critique et aux manipulations… pour n’en ressortir que plus forte.