S’il y une chose sur laquelle le commun des mortels peut se mettre d’accord, c’est bien sur l’idée qu’il faille suivre une ligne droite, une trajectoire toute tracée. Quand on est au lycée, il faut choisir une filière générale parce qu’il faut pouvoir intégrer une bonne école. Vous êtes nul en maths ? Qu’a cela ne tienne ; les vecteurs et toutes ces formules barbares, ça s’apprend. On se fout que n’y compreniez rien, l’important, c’est l’école prestigieuse qui suivra. Passés le bac et ses turbulences avec -supplément APB-, il faut suivre un cursus classique, entre 3 et 5 ans. Là, on rencontre sa moitié, on galère pour trouver un travail et quand tout ça est fait, signé et prescrit, on peut tranquillement profiter de son train-train ; métro- boulot- dodo. Passionnant. Ca, ce sont les cases, les lignes bien définies et les routes formatées qu’il faut suivre. Or le format, Adele ne connait pas. Adele, c’est le genre d’être humain que nous voudrions tous être, et pas uniquement parce qu’elle peut s’offrir une villa à 9 million de dollars à Beverly Hills. Elle a une voix, un style qui ne ressemble à aucun autre et surtout, elle ne correspond pas aux canons de beauté imposés par notre société régie et contrôlée par le 2.0, l’argent et le paraître.
Pendant que nous, nous nous mettons une pression monstre pour boucler un dossier, un article ou même un projet de classe, Adele prend son temps. Son dernier album, 25, on l’a attendu – clairement. En fait, nous l’avons tellement attendu qu’à sa sortie, il a battu tous les records. Hello a fait exploser le compteur VEVO pendant que l’album s’est tranquillement installé au sommet des ventes. Adele n’a écouté qu’elle, et visiblement, ça a payé. Récemment, elle a signé un contrat pharaonique avec Sony ; ce qui finalement, aurait pu nous faire croire qu’elle avait fini par rentrer dans le moule de l’industrie. Sauf que domptable n’est pas Adele.
Pendant que la société dans laquelle nous évoluons prône les mensurations des Anges de Victoria’s Secret, Adele, elle, se félicite de ressembler à une majorité de femmes. Elle n’est pas mannequin, elle n’est pas le genre de femmes que, malheureusement, on trouverait sur les podiums (quoiqu’il y a du progrès) et pourtant, elle s’est offert la couverture de Vogue, véritable bible de la mode. Adele est un exemple parce que quand tout le monde fait ce qu’il faut pour ne pas faire un seul faux pas, elle, elle ne se laisse pas influencer. Ce qu’elle a à dire, elle dit avec des textes qui, ne sont pas formatés et pourtant, ça ne l’empêche de tester de nouvelles choses, des choses qui ne s’inscrivent pas dans son registre normalement considéré comme nostalgique et mélancolique. Il n’y a qu’à voir Send My Love (To Your New Lover) pour s’en rendre compte. Adele est spontanée, elle se fiche de gaffer devant une assemblée composée du gratin de la musique quand nous, nous nous rasons les murs après avoir fait tomber un gobelet de café à côté de notre patron. Pour être honnête, il faudrait plus d’Adele – dans l’industrie et dans notre société.
Ce soir, Adele jouera son deuxième concert à l’AccorHotels Arena et, espérons-le, la majotrité des femmes qui étaient dans la salle attaquerons la journée qui suit avec la détermination de ne pas se plier à ce que les autres veuillent.