Rencontre avec Alice Merton, l'auteur du phénoménal No Roots qui sortira son premier album au printemps 2018.
Alice Merton était en concert à la Boule Noire en début de semaine, l’occasion pour nous de rencontrer celle qui cartonne avec No Roots. Le tube surprise de la rentrée, classé n°1 en France, a squatté le sommets des charts un peu partout en Europe. Même le prestigieux Billboards a consacré une pleine page de son magazine à cette jeune artiste germano-britannique. “ C’est vraiment cool d’être ici en France où No Roots a si bien marché, même si je n’arrive toujours pas à croire que j’ai été n°1. J’en suis si contente et tellement fière”. Alice Merton a de quoi être fière, car le chemin jusqu’au top des classements de single n’a pas été des plus faciles pour cette auteur interprète. Retour sur le parcours d’une entêtée pleine de mélodies !
C’est avec une chanson inspirée par sa propre vie, celle d’une véritable nomade, qu’Alice Merton s’est révélée au grand public. “Je suis née à Francfort en Allemagne et puis avec ma famille on a déménagé successivement aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne et en Angleterre. Avant que je ne revienne m’installer il y a quelques années en Allemagne soit une douzaine de déménagements au total”. En tournée Alice Merton fait donc partie de ces artistes pour qui le mal du pays ne veut rien dire “ Ce sont mes parents ou mes amis qui me manquent”. L’artiste de 24 ans ne compte pas poser ses valises avant quelques années d’ailleurs. “Peut être qu’à terme je m’installerai à Berlin, ou alors en Angleterre, mais en fait j’aimerais aussi beaucoup m’installer en France, j’en ai toujours rêvé (rires)”. Pour le moment, elle a fait de Berlin son pied à terre pour le travail, et l’Angleterre son lieu de villégiature et repos !
Mais avant que No Roots soit en rotation sur toutes les radios musicales de France et d’Europe, Alice Merton a dû serrer les dents “On a été rejeté par beaucoup de labels car ils voulaient toujours changer des choses, ou alors ils nous expliquaient que pour passer en radio il fallait qu’on passe par un remix de No Roots et je suis fatiguée de cette culture du remix. J’ai envie d’avoir de la musique plus organique. A la fin ça n’avait plus aucun sens de vouloir signer avec des labels qui ne partageaient pas du tout ma vision donc j’ai décidé de le faire à ma façon”. La façon Alice Merton ? Lancer son propre label ! “J’étais un peu découragée mais comme je n’avais pas envie de sortir quelque chose dont je ne sois pas vraiment fière, on a commencé notre label, on a publié sur soundcloud. On a recruté des attachés de presse et des promoteurs qui étaient vraiment intéressés par le projet et qui ne le faisaient pas pour l’argent. Je suis contente qu’au final les choses aient pu grandir de cette manière assez naturelle,”. Le label d’Alice Merton s’appelle Paper Plane Records, clin d’œil à la chanson de M.I.A qu’elle adore mais aussi parfaite métaphore de sa propre trajectoire car “les avions en papier sont simples, c’est juste un bout de papier. L’idée de ne pas savoir si l’avion en papier va s’envoler correctement ou finir au sol résonne bien avec le fait qu’on avait aucune certitude que notre projet allait marcher”.
Alice Merton a pris un joli risque dont elle est ressortie gagnante. Elle a depuis signé un contrat avec Sony et devrait dévoiler au printemps prochain son premier album. “Quand je ne suis pas en tournée, je suis en studio. On devrait sortir un nouveau single vers février/mars mais l’album va prendre encore un peu de temps. Je suis une perfectionniste et mon producteur l’est encore plus !”. Ressent-elle plus de pression au vu du succès fulgurant de No Roots ? “ Parfois j’ai l’impression de me mettre la pression et puis je me rappelle surtout que No Roots m’a ouvert beaucoup de portes, que ça m’a permis de tourner aux Etats-Unis, en France, et en Allemagne… Mon but c’est de faire de la musique que j’aime et qui est honnête, si le succès de No Roots se reproduit avec une autre chanson, c’est génial mais l’enjeu n’est pas d’être n°1 à tout prix !” La chanteuse prend donc la température lors de ses shows, hormis les quatre titres de son EP, ce sont tout un tas de chansons inédites que peuvent découvrir chaque soir les spectateurs.
Quand on écoute No Roots ou Hit The Ground Running, on décèle chez l’artiste un amour de la musique classique “ Mon père me dit exactement la même chose, qu’il pense que les gens qui aiment le classique vont comprendre que j’en écoute aussi. Je ne comprends pas trop pourquoi (rires) mais je le prends comme un compliment.” Alice Merton explique d’ailleurs avoir toujours écouté beaucoup de musique classique et adorer les compositeurs Rachmaninov et Chopin. L’écriture de l’américaine Regina Spektor et la musique de The 1975 sont aussi de belles sources d’inspiration pour elle “ leur dernier album est superbe, ils ont des éléments très années 80 qui sont très cool” Mais elle est surtout une grande fan des Killers, dont elle aura la chance d’assurer quelques premières parties aux Etats-Unis “Je ne les ai jamais vus en concert donc je suis vraiment très excitée”. Autant que nous de découvrir ce que l’avenir lui réserve !
Propos recueillis par Nadia Neghyef pour europe2.fr