Le dixième album des Anglais « Moon Music » continue de pencher du côté de la pop optimiste, sentimentale, chaleureuse et fédératrice. Quitte à être parfois un peu lisse.
Au cours des 25 ans de carrière de Coldplay, le groupe a connu plusieurs phases. Certains préfèrent les débuts et resteront à jamais fans du moment où les Anglais ont atterri sur terre avec leur Parachutes, d’autres seront d’avis que le groupe n’a jamais été meilleur que sur Viva la Vida or Death and All His Friends et les puristes diront que Everyday Life est d’une beauté absolue. Ce qui est sûr, c’est tout le monde a un album préféré de Coldplay, que vous détestiez le groupe ou que vous soyez leur plus grand admirateur.
Avec Moon Music, la bande de Chris Martin sort son dixième album, composé de 10 titres — dont un morceau qui n’a pas de nom mais qui est symbolisé par un émoji arc-en-ciel. Ils se sont entourés de têtes connues pour la production, comme le Suédois Max Martin — que l’on ne présente plus — ou encore Oscar Holter, le mec qui a fait Blinding Lights de The Weeknd et qui a travaillé avec Taylor Swift, Katy Perry ou encore Troye Sivan.
Le groupe a en partie mis en boîte ce disque au studio Punta Paloma à Tarifa au sud de l’Espagne. Et concernant l’album, voici ce que le groupe a déclaré : « Moon Music, c’est notre réponse à tous les conflits internes et externes. C’est la façon dont nous essayons de rester positifs dans un monde où il y a tant de négativité. La façon dont nous essayons de maintenir les choses ensemble, alors que certaines forces essaient de les séparer ».
Du love, du love et du love
L’euphorie de l’amour, les pouvoirs de la prière, la paix dans le monde, l’unité : les thèmes de l’album Moon Music sont fédérateurs, philosophiques et globalement positifs. Une manière d’insister sur le pouvoir de la musique pour surmonter les moments de doutes et les jours sombres, et sur l’importance de s’aimer, de se faire confiance et de voir la vie sous le signe de la bienveillance. Oui, Coldplay vit dans un monde de « bisounours ». Et alors ? Les gars vont remplir 10 Wembley d’affilée en 2025, battant le record de Taylor Swift. Preuve qu’ils ne sont pas les seuls à aimer entrer dans ce monde nourri de love.
Si pour le journal The Independent, « l’ode de Coldplay au pouvoir unificateur de l’amour ressemble au psychédélisme imaginé par un homme dont la drogue de prédilection est l’extrait de vanille », la force de Coldplay est justement de réussir à maîtriser les codes de la pop, avec toute la grandiloquence et les tartes à la crème possibles et imaginables.
C’est pourquoi feelslikeimfallinginlove, le premier single de l’album, est un tube. Une chanson qui parle comme son nom l’indique d’amour, de tomber amoureux, de savoir que ce sentiment pourra finir par vous briser le cœur, mais de continuer à y croire, comme si la passion était plus forte que tout. Les paroles sont universelles et la mélodie tellement catchy qu’on se voit déjà la reprendre en chœur en concert — ou à la maison, sous la douche, en voiture, etc. Sur Pray, un hymne aux pouvoirs de la prière en collaboration avec Little Simz, Burna Boy Elyanna et Tini, le groupe fait un bond en arrière pour retrouver l’esprit et la section de cordes de Viva La Vida. Et c’est une réussite.
Avec Aeterna, Coldplay s’excite un peu et nous emmène en club après 23 heures avant de revenir au sujet phare de l’album avec une chanson qui sera sûrement une star des mariages de 2025 : All my Love. Chris chante : Tu as tout mon amour, qu’il pleuve ou qu’il vente, je suis tout à toi, tu as tout mon amour, même s’il pleut, il reste, tu as tout mon amour. » Séchez vites ces larmes qui coulent de vos yeux. L’album se conclut sur une composition presque avant-garde et minimaliste, avec Chris qui aborde une fois de plus son sujet de prédilection en chantant ces mots doux : « au final, il ne reste que l’amour ».
Ce que l’on peut cependant reprocher à Coldplay, c’est de parler d’amour d’une manière lisse et simple alors que ces émotions sont souvent complexes et plurielles. Sur l’album, seulement l’idée d’un amour candide, qu’il faut à tout prix préserver, domine. Seulement les bons sentiments sont dépeints. Même sur JUPiTER, où Chris Martin se met à la place d’une jeune fille queer face à l’homophobie, les paroles sont malheureusement trop sommaires pour créer de la nuance. Et c’est là le plus gros point faible de l’album : le manque de paroles plus engagées et plus subtiles sur ces sentiments liés à l’amour.
Alors non, l’amour et les chansons bourrées de bons sentiments ne suffiront pas à guérir le monde. Mais l’optimiste fédérateur des chansons de Moon Music donne quand même envie d’y croire, et de se réconforter en se disant qu’au moins, il nous reste l’amour.
Un sentiment qui réchauffe les cœurs, et qui en musique peut résonner de plusieurs manières en nous. Coldplay reste une cible facile pour les critiques, mais force est de constater que cette dévotion à l’amour et l’humanité qui en découle font de Coldplay le meilleur fournisseur de chansons de love du moment.