C’est le Jour J pour des milliers de bacheliers en France ! Ce mercredi 15 juin se tenait la (parfois) terrible épreuve de Philosophie. Au programme, pas moins de trois sujets ;
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«Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?»
- «Revient-il à l’État de décider de ce qui est juste ?»
- Un commentaire de texte, signé du philosophe Antoine-Augustin Cournot
Alors que Twitter les avis et les opinions fusent déjà sur Twitter, chez Europe 2, on s’est penché sur le sujet : « Les pratiques artistiques transforment-elles le monde » ? On aimerait le croire. Du coup, on s’est plongé dans notre discographie. Quels sont les artistes contemporains qui, à leur échelle, tentent de transformer le monde ? Que mettent-ils en oeuvre pour laisser une empreinte qui, peut-être, perdurera ? De Muse à Taylor Swift, voici la copie que nous, nous aurions rendu.
Taylor Swift face au streaming.
En 2014, juste avant la sortie de l’album 1989, Taylor Swift choisi de retirer l’intégralité de sa discographie des plateformes de streaming. La raison ? Son désir d’attirer l’attention sur le système (très) inégalitaire de cette nouvelle façon de consommer la musique. « La musique est un art, et l’art est important et rare. Les choses importantes et rares ont de la valeur. Les choses de valeur doivent être payées. Je suis d’avis que la musique ne devrait pas être gratuite, et je prédis que les artistes individuels et leurs labels décideront un jour du prix d’un album », exprimera l’artiste dans un essai rédigé pour The Wall Street Journal. De son côté Spotify ira jusqu’à créer une playlist intitulée « Que jouer pendant que Taylor Swift est partie ? »
Alors qu’à l’époque, Apple Music propose à ses (futurs) abonnés un essai gratuit de trois mois, Taylor Swift, elle, monte au créneau sur Tumblr : « Trois mois, c’est long pour ne pas être payé, et il est injuste de demander à quelqu’un de travailler pour rien. Je dis cela avec amour, révérence et admiration pour tout ce qu’Apple a fait par ailleurs. J’espère que je pourrai bientôt les rejoindre dans la progression vers un modèle de streaming qui semble équitable pour ceux qui créent cette musique. Je pense que cela pourrait être la plateforme qui y arrivera », écrit-elle. Apple acceptera finalement de payer des royalties aux artistes et ce, même pendant la période gratuite de trois mois- ce qui signera le retour de Taylor Swift sur la plateforme. En 2015, Apple Music diffusera même le 1989 World Tour, enregistré à Sydney. Après de longue années de négociations (et surtout, après avoir changé de label), la musique de Taylor est, à cette date, disponible sur toutes les plateformes. Le petit bonus ? Red (Taylor’s Version), publié en novembre dernier, a battu des records de streams sur Spotify.
En se battant pour les droits des artistes face au streaming, Taylor Swift a mis son influence au service de ses pairs. En presque 10 ans, le streaming a pris le temps de revoir sa copie pour mieux servir les intérêts des artistes. Ca n’a peut-être pas sauvé le monde mais en tout cas, cet acte de rébellion a changé l’industrie musicale.
Coldplay limite les tournées pour préserver l’environnement
Plus que jamais, la situation climatique est alarmante. Alors que le réchauffement empire chaque année un peu plus, chaque pays est appelé à revoir sa consommation énergétique. A leur échelle, les citoyens tentent d’apporter leur pierre à l’édifice – en réduisant leurs déchets ou encore les triant, par exemple. Mais, qu’en est-il des artistes ? Lors de la sortie de l’album Everyday Life en 2019, Coldplay, groupe britannique très engagé, avait annoncé vouloir revoir sa façon de tourner afin de préserver la planète. Le groupe a ainsi cherché à produire des séries de concerts moins néfastes pour l’environnement : « Nous prenons le temps de voir comment notre tournée peut être activement bénéfique… nous devons tous faire notre travail au mieux », avait expliqué Chris Martin à la BBC. « Notre prochaine tournée sera la meilleure version possible d’une tournée comme celle-ci [leur dernier tour du monde] dans le respect de l’environnement. Nous serions déçus si ce n’était pas neutre en carbone ».
« Comment pouvons-nous renverser la situation si nous ne rendons pas ce que l’on nous a donné ? », s’interrogeait le groupe. Coldplay (qui avait choisi de ne pas tourner lors de la sortie de Everyday Life) a pris le temps d’imaginer une façon de tourner moins violente. Deux ans et une pandémie plus tard, Chris Martin et sa bande seront d’ailleurs de retour en France en juillet prochain.
Muse et sa vision du monde
Muse est de ces artistes qui, depuis toujours, observent, analysent et décortiquent le monde pour mieux en proposer une vision qui leur est propre. Réputé pour toujours avoir une longueur d’avance et une vision futuriste (voire parfois apocalyptique) du monde, Muse essaie (à sa façon) d’alerter ses fans. Quel monde l’homme va t-il construire ? Que laisserions-nous aux générations futures ? La technologie prendra t-elle le pas sur l’humanité ? Toutes ces questions, Muse les a soulevé en près de neuf albums. En août prochain, le trio britannique publiera The Will of the People – un album qui, au lieu de réfléchir au futur, analyse le présent tout en observant notre monde tel qu’il est : « Mais l’idée pour cet album était la suivante : faisons en sorte qu’il se concentre un peu plus ce qui se passe réellement dans le monde en ce moment. Nous avons pris ce tournant à la fin de l’année 2019. Ce que je ne savais pas, c’est ce qui allait se passer. », confiait récemment Matt Bellamy au média NME.
En partageant sa vision du monde, en plongeant les fans dans une réalité presque alternative, Muse pousse ses fans à se remettre à question… et qui sait, peut-être que c’est un premier pas vers un nouveau monde ?
Lorsqu’il s’agit de savoir si, oui ou non, les pratiques artistiques transforment le monde, chacun y va de son avis. Il y aura ceux qui estimeront que l’art est subjectif, qu’il n’a pas un réel impact. Et puis, il y a ceux qui, touchés par l’art, essaieront de se ré-inventer pour devenir le changement qu’ils souhaiteraient voir dans le monde. Enfin, il y a des artistes qui, à leur échelle, mettent l’art au service de leurs convictions… et, c’est déjà un bon début – non ?