Camila Cabello : Camila, un bel album d’émancipation (critique) 

Camila marque la jolie émancipation de Camila Cabello, désormais libre d’être elle-même et de faire ce qui lui plait. Un début tout en douceur qui pourrait s’avérer prometteur. 

“ J’ai décidé de l’appeler par mon nom, parce que c’est là que ce chapitre dans ma vie s’est terminé. Cela a commencé avec l’histoire de quelqu’un d’autre, et ça a fini avec moi trouvant un chemin jusqu’à moi même” explique Camila Cabello au sujet de son premier album, sobrement intitulé Camila. Un an et des poussières après avoir quitté les Fifth Harmony, la chanteuse de 20 ans se lance seule dans l’arène de la pop. Précédé par le joli succès d’Havana, l’un des tubes de l’année 2017, Camila disposait d’une petite longueur d’avance. Pour un album qui a connu de nombreux changement, de son titre initial (The Hurting. The Healing. The Loving) aux chansons qui en ont été expurgées (Crying In The Club, I Have Questions, OMG) en passant par sa date de sortie, ce premier album solo est une bonne surprise.

En épurant son album, qui ne contient que dix chansons, Camila Cabello a choisi de se concentrer sur ce qui lui tenait vraiment à cœur. A la différence d’une Zara Larsson ou d’une Dua Lipa qui ont l’année dernière sorti des albums contenant 15 chansons ou plus, Camila Cabello limite ainsi les risques de faux pas, mais aussi de prises de risque. Pas de place, ou presque, non plus pour les vieilles rancœurs avec son ancien girlsband. Camila est assurément un album dans l’air du temps. Infusé de sonorités latinos, qu’on aura jamais autant entendu qu’au cours de l’année passée, mais qui ne sont pas ici un gimmick, Cabello étant elle-même d’origine mexicano-cubaine. L’influence de Lorde et son superbe Melodrama sont aussi passés par là, Into It évoque ainsi Sober de la néo-zélandaise, les deux albums ont d’ailleurs été partiellement produit par Frank Dukes. La pop a désormais le droit d’être triste, et les popstars ont le droit de ne pas surcharger leurs albums en bangerz et gros beats electro.

Camila Cabello a aussi fait l’impasse sur l’avalanche de guest musicaux, seul le titre que l’on connaissait déjà, Havana, contient un featuring (avec Young Thug). C’est un album dénudé que la chanteuse présente, un premier opus qui lui permet de faire entendre sa voix, dans tous les sens du terme. Après toutes ces années passées dans un girlsband, l’artiste fait l’étalage de ses capacités vocales mais aussi de sa sensibilité à travers des textes qu’elle a tous co-écrits. Camila ne révolutionne pas la pop mais réussit à capturer le meilleur de la tendance actuelle et c’est déjà plutôt pas mal. Du sensuel Into It à la salsa de She Loves Control, en passant par l’intimiste Real Friends, l’artiste remplit soigneusement le cahier des charges de la pop star actuelle, dans une version qui se veut sincère et modeste.

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