Poursuivant son petit bonhomme de chemin à l’international, Christine de Christine & The Queens se raconte au magazine musical Pitchfork, qu’elle rencontre quelques jours après son arrivée à New-York. Encore anonyme aux Etats-Unis, elle multiplie les performances sur la côte Est et Ouest, où elle se rend pour la première fois. Christine & The Queens s’est même produite devant Hillary Clinton : « Les côtes Est et Ouest sont telles deux films complètement différents. » Deux films auxquels elle s’adapte visiblement sans problème… La chanteuse revient alors sur son parcours : elle se définit comme une enfant étrange, qui a grandi au sein d’une famille de profs. Christine & the Queens explique qu’elle a passé ses après-midis au ballet et ses nuits à écrire des petites histoires : « J’avais 11 ans, et ma mère venait me voir, me disant, tu as écrit ça ? C’est à propos d’un meurtre… » Un univers créatif débordant qui peu à peu a mené à son set musical où la danse a toute son importance. Assistée de ses danseurs Diablo et de Nick, elle rassemble les influences de Michael Jackson mais aussi d’une danse plus contemporaine. Danse qu’elle retrouve après avoir arrêté à la fin de son adolescence, quelques années avant la dépression qu’il l’a menée à faire de la musique.
Entre temps, elle s’est retrouvée à Londres avec trois drag-queens dans un club aujourd’hui fermé, Madame Jojo. Ces « Queens », qui l’ont influencée jusqu’à dans son nom, étaient sur scène la première fois qu’elle les a vues, faisant un show qui provoquait « à la fois une énorme dose simultanée de joie et de douleur ». Elle s’est alors présentée et a arrêté d’aller en cours, la raison pour laquelle elle se trouvait à Londres : « J’étais cette fille un peu perdue et les Queens ont décidé de me trouver quoi faire ». A un moment, elle l’ont entendue fredonner et lui ont dit « Chante le plus fort ! » Puisqu’elle écrivait déjà, elle s’est dit qu’elle pouvait s’essayer à la musique pour changer. Elle a alors acheté un ordinateur et a passé une semaine en pyjamas à écrire une chanson par jour : « C’était pas beau à voir » explique-t-elle. Des copains à elle passaient chez elle et se demandaient ce qu’elle faisait…
Une crise d’identité mais aussi un questionnement sur le genre qui ont nourri ses différents EPs et son premier album Chaleur Humaine : « la question du genre ma toujours obsédée ». Héloïse Letissier explique à Pitchfork que plus jeune, elle faisait tout pour « résoudre cette énigme », en se maquillant, portant des jupes ou en essayant de se « déguiser » en femme. Mais pour elle, ça n’a pas marché. Ca lui était même tout à fait acceptable d’être un homme sur scène pendant une heure, c’est même ce qui l’a conduit au théâtre. Un comportement qui l’a menée à se poser des questions : est-ce que se voir en homme sur scène voulait dire qu’elle aimait les femmes ? Finalement, elle a une réponse : elle est bisexuelle. Des questions identitaires qui se retrouvent dans sa musique : Christine & The Queens, qui auraient un album dans les cartons, mélange les pronoms quand elle parle d’amour dans ses chansons. Sur scène, elle est passée outre cette recherche identitaire et la musique la transporte vers d’autres sphères. Oui, Christine est un alter ego à travers lequel elle ne sent pas effrayée alors que, « dans la vraie vie je me sens toute petite et assez gênée tout le temps ».