Le troisième album des Américains, sorti en 1994, a propulsé le groupe sur le toit du punk-rock.
Pour comprendre l’importance du disque qui suit, commençons par un flashback. Nous sommes en 1992. The Offspring sort son deuxième album sur Epitaph Records, le label du guitariste de Bad Religion. Les ventes sont correctes — environ 60 000 exemplaires écoulés — mais le boss du label, Brett Gurewitz, conseille quand même aux punk-rockers de garder leur boulot afin d’avoir des revenus réguliers.
Dexter Holland, alors diplômé en biologie, préparait son doctorat. Noodles était concierge dans une école de Garden Grove en Californie. Quant à Greg K, qui était diplômé en finance, bossait dans une imprimerie. On est loin des clichés du rock’n’roll puisque les gars se considèrent comme des geeks — Holland a même été président du club de maths de son école. Bref, L’année suivante, en 1993, les garçons partent en tournée avec NOFX et Dexter commence alors l’écriture d’un troisième album. Celui qui va finir par s’intituler Smash, et qui va tout ravager sur son passage à sa sortie l’année suivante.
L’influence des radios
À l’époque, et surtout sur le label Epitaph, les musiciens ne prenaient pas quatre ans entre chaque disque : le rythme était généralement d’un album par an. Alors le groupe s’est débrouillé pour trouver un studio pas cher et surtout pas loin de chez eux — le Track Record à Hollywood — pour enregistrer les nouveaux morceaux. Au total, sur une vingtaine de jours entre janvier et février 1994, The Offspring met en boîte l’album Smash. La dernière chanson enregistrée pour ce disque, Come Out and Play, sera le premier single. Un titre sur la violence à l’école inspirée par les gangs californiens qui deviendra un morceau signature pour The Offspring. À sa sortie, l’influente radio californienne KROQ joue le morceau. Et puis les autres suivent rapidement : Phoenix, Las Vegas, Boston, etc.
Le label dépense ensuite 5000 dollars pour réaliser un clip tourné à l’arrache dans le garage d’un pote du groupe. Bon, une partie du budget de la vidéo a servi à acheter de la viande et de l’alcool pour faire un gros barbecue à la fin du tournage. Mais peu importe : MTV adore le clip et décide de le diffuser.
16 millions d’exemplaires vendus
Avec la sortie de « Dookie » de Green Day en février 1994, le punk-rock américain — avec le hip hop — a le vent en poupe. Smash de The Offspring arrive donc avec les bonnes chansons au bon moment. La sortie de l’album, en avril 1994, coïncide aussi avec la mort de Kurt Cobain. La jeunesse vient de perdre son idole et trouvera en The Offspring cet esprit de rébellion qui caractérise cette génération. Les thèmes des chansons de l’album — la violence, le désarroi, l’agressivité au volant, les injustices sociales, la culture des armes à feu, les comportements auto-destructeurs, etc. — ainsi que la puissance mélodique du groupe permettent à Smash de prendre son envol pour résonner à travers le pays, puis à travers le monde.
Le résultat : des tubes qui sont devenus intemporels (Self-Esteem, Bad Habit, Come Out and Play), 16 millions d’exemplaires vendus (la meilleure vente de tous les temps pour un label indépendant) et un nouveau statut pour The Offspring qui passe du statut de punk-rockers à mi-temps à celui de rockstars planétaires.
Un fan célèbre : Ed Sheeran
Trente ans plus tard, Smash de The Offspring fait toujours partie des disques majeurs de l’année 1994 — avec Massive Attack, Oasis, Blur, R.E.M, les Beastie Boys, Weezer ou encore Green Day. Il a surtout été une porte d’entrée vers la musique électrique et débraillée pour de nombreux jeunes. Certains ont même eu leur première expérience musicale avec The Offspring, comme Ed Sheeran. L’artiste anglais, qui est récemment monté sur scène avec le groupe lors d’un festival, a confié à Dexter Holland que le premier CD qu’il avait acheté était un album de The Offspring — l’album Conspiracy of One sorti en l’an 2000. Ce n’était donc pas Smash, mais l’histoire reste belle quand même.