Vous l’avez découverte en 2015 dans le télé-crochet La Nouvelle Star. La chanteuse de 28 ans a été repérée dans le métro par deux fans qui lui ont alors payé le billet de train aller-retour pour les auditions de Lyon et on peut dire qu’ils ont eu du flair puisque quelques mois plus tard, elle remporte la finale haut la main ! Depuis tout est allé très vite et son premier album Folies Douces est sorti le 26 février dernier. La veille, EMJI est retournée dans les couloirs du métro pour trois concerts exceptionnels et lourds de sens organisés par la RATP. La rédac’ l’a rencontrée quelques jours plus tard pour lui poser quelques questions auxquelles elle a répondu avec la plus grande spontanéité. On a parlé de ses nombreux projets en cours, de sa vision artistique ou encore de ses débuts. Interview avec EMJI, la chanteuse au tempérament de feu !
europe2.fr : Ton premier album Folies Douces est sorti vendredi dernier, dans quel état d’esprit es-tu ?
EMJI : Soulagée, c’est un accouchement que je viens de vivre, ça s’est bien passé, il y a eu un temps de travail plutôt respectable (rires) Non en gros il a été un petit peu repoussé, il était temps qu’il sorte là. Je me sens apaisée, et maintenant j’espère qu’il va trouver bon entendeur…
VR.fr : Ton album a effectivement été repoussé trois fois, pourquoi ?
EMJI : Il y a eu plein de petites raisons qui ont fait que. Dans un premier temps, parce qu’on avait pas l’accueil médiatique souhaité, il fallait du temps je pense, Rome ne s’est pas fait en un jour ! Et ensuite une fois que Europe 2 a embarqué dans notre bateau, sont venus les attentats puis l’hécatombe de janvier quand tous nos artistes sont décédés donc du coup j’avais pas trop envie de me noyer dans la masse non plus et de faire un flop à la sortie de mon album, on a donc attendu jusqu’à fin février et ça s’est bien passé !
VR.fr : Ce n’était pas trop frustrant ?
EMJI : Oh si ! Ça malheureusement c’est le tout des artistes, il faut faire avec son temps, avec tout ce qui se passe autour dans notre environnement. Malheureusement on ne peut pas tout prévoir, tout ne se passe pas comme on le veut. C’est inévitable, donc frustrée oui mais j’ai compris que c’était un mal pour un bien et voyant l’accueil de l’album je n’ai pas de regrets. Ça aurait été une erreur.
« L’Oiseau Vert c’est le titre avec lequel je me suis plus éclatée »
VR.fr : Si tu ne devais garder que trois titres de Folies Douces, lesquels seraient-ils et pourquoi ?
EMJI : Si je ne devais garder que trois titres de Folies Douces, ce qui est techniquement impossible (rires), je garderais L’Oiseau Vert parce que c’est vraiment le morceau avec lequel je me suis le plus éclatée, je voulais un titre fun, je voulais que ça rebondisse, je voulais que ça fasse partie de cette folie. C’est l’histoire d’une fille qui grandi à Hambourg, qui devient complètement barge, et du coup, est très heureuse dans cette nouvelle tête schizophrène qu’elle a. Je me suis vraiment amusée avec tous les petits bruitages qu’on a ajoutés.
Ensuite Lost, c’est un titre que j’aime vraiment beaucoup parce que c’était un beau mariage avec les Américains en l’occurrence. Je n’ai pas l’habitude de travailler les titres des autres, en tout cas pas dans un projet perso, et là on m’a proposée ce titre réalisé par les auteurs de Marina Kaye, et je l’ai trouvé vachement bien. J’ai réussi à me projeter et à réécrire un texte en français, à varier, rajouter les arrangements de harpe et de beatbox par dessus, j’ai réussi à vraiment me le réapproprier et c’était un nouveau défi.
Enfin, Embrasse-moi, parce que c’est le titre qui parle de passion, d’amour et d’érotisme. Je suis assez fan de ce morceau qui a été écrit avec l’auteure Julie Bonnafont avec qui je bosse depuis bien longtemps, bien avant la Nouvelle Stars. Elle a été un réel coup de cœur et ce morceau, c’est le prolongement d’une histoire entre elle et moi.
Voici mes trois bébés !
VR.fr : Si Folies Douces devait être un film, lequel serait-il ?
EMJI : Ouah si Folies Douces devait être un film, ce serait un beau bordel ! J’allais t’inventer un nom de film mais… Il serait un Tim Burton je pense, un Alice au Pays des Merveilles !
VR.fr : Et une série ?
EMJI : Je suis moins calée série… C’est hyper dur, j’en regarde très peu à part The Walking Dead avec des zombies partout, ou des séries de meurtres ! Ou bien Friends mais ça n’a rien à voir avec Folies Douces.
VR.fr : En parlant de l’univers de la comédie, tu as récemment évoqué ton envie de faire du cinéma… C’est toujours d’actualité ?
EMJI : Oui oui, tant que je ne l’aurais pas fait, ce sera toujours d’actualité ! J’aime bien apprendre des nouveaux trucs et on se découvre un petit peu plus. Je ne suis pas sûre d’être douée pour ça hein, mais en tout cas il y a plein de trucs qui me sont arrivée pour lesquels je n’ai pas été avertie. Je ne pensais pas que j’aurais été capable de le faire. Par exemple Les Trois Mousquetaires, ce genre de choses qui arrivent en travers de ton chemin, de prime abord qui sont étrangères, et le cinéma ça en fait un peu partie. J’aime vraiment bien quand je fais des clips, scénariser, avoir une histoire, un personnage incarné et me mettre dans la peau d’un personnage. Je pense que si ça arrive, ça sera encore un échange avec la personne qui te forme et tout ça, qui te propose. C’est une facette d’une carrière artistique en fait. Je ne me considère pas comme chanteuse simplement, j’aime bien écrire, j’aime bien composer, j’aime bien danser, faire trop de trucs en fait ! J’ai fait du théâtre et tout ça mais c’est encore très loin de moi mais j’aimerais bien m’y pencher un jour. Ça se trouve ce sera un fiasco total, mais au moins j’aurai essayé et su que ce n’était pas pour moi. C’est encore une corde qui n’est pour le moment pas posée à l’arc, elle n’est pas tendue mais je ne sais pas ce que ça va donner, si la flèche partira.
« Quand un artiste a su se connaître, il donne quelque chose de beaucoup plus fort »
VR.fr : Avec Les Trois Mousquetaires, tu vas quand même y mettre un pied…
EMJI : Oui ce n’est pas vraiment du cinéma mais effectivement ça peut m’ouvrir des perspectives. Ce qui est assez rigolo, c’est qu’on est coaché par Corinne Blue qui a fait une formation Actor Studio. Dans cette formation ce qui est hyper cool c’est qu’on te coache pour être apte à ouvrir des émotions. Il y a pas mal de tableaux dans les 3M où je suis présente mais où je n’ai pas de texte forcément ou pas énormément. Mais tu ne dois pas être planté comme ça, il faut incarner un personnage, j’ai envie de le faire à fond, je suis au service de cette comédie musicale. Je fais une parenthèse aux Folies Douces mais j’ai vraiment envie de voir ce que ça donnait en fait, de coller un personnage, d’incarner Milady, en respectant l’image que tout le monde connaît. C’est très intéressant d’aller chercher une vraie émotion, c’est un travail un peu psychologique d’aller te dire « je vais chercher la peur, la tristesse, la joie » et d’ouvrir ces portes là pour retranscrire le contexte artistique, et véhiculer quelque chose d’assez fort aux gens. J’ai trouvé intéressant d’encore rajouter une technique pour accrocher des gens à ce que tu fais. C’est facile de bien chanter mais de dégager des émotions, d’être sincère, d’être connecté à ton corps, de représenter quelqu’un, ça c’est autre chose. Corine Blue qui est vraiment extraordinaire nous coache sur le thème de l’acting, c’est elle qui va chercher mes émotions. Moi j’ai un espèce de bouclier émotionnel assez présent de nature. Quand tu as une personne comme elle qui arrive et qui fait ressortir tout ça, c’est quelque chose qu’on est pas tous habitué à faire et au delà de l’aspect artistique c’est très intéressant, ça t’aide à te connaître toi-même. On est le plus crédible dans son travail à partir du moment où on arrive à se connaître soi-même. Quand un artiste a su se connaître, quand il a confiance en lui, qu’il sait ce dont il est capable, il donne quelque chose de beaucoup plus fort, de beaucoup plus intense. Moi j’ai envie d’arriver à cette intensité, j’ai envie d’utiliser la comédie, l’acting, le chant, la danse, la prestance… je pense qu’on a tellement de trucs à apprendre encore…! Je parlais à Matthias Malzieu de Dyonisos récemment et il fait partie de ces artistes entiers dont je m’inspire. Ils ne vont pas seulement faire une chanson, ils vont faire un film, un livre, des clips où il se passe quelque chose. C’est ça pour moi être un artiste, pouvoir aller chercher partout et dans tous les pays, dans toutes les classes de métiers et de ramener tout ça. Tout ce que je veux faire au final, c’est là où j’ai envie de marquer des points on va dire. L’avenir nous dira si ça paye mais en tout cas je vise l’éclectisme disciplinaire au delà de l’artistique.
« Je vise l’éclectisme disciplinaire au delà de l’artistique »
VR.fr : À ce moment là tu pourras t’estimer avoir réussi ?
EMJI : Oui mais après je suis un peu une éternelle insatisfaite, je trouverais toujours un truc que je ne sais pas faire et que j’ai envie d’arriver à faire. Même les grands qui ont réussi ils ont toujours un truc qu’ils n’ont pas fait. Je suis déjà hyper contente de ce parcours là mais pour moi cette année c’est une porte ouverte, il y a une charge de travail incroyable. J’ai une liste où je me dis « Wahou ma carrière c’est ça quoi ! » Si je veux tout faire, j’espère que mon corps va tenir le coup !
VR.fr : Revenons à tes débuts où tu chantais dans le métro, comment ça se passait ? Comment réagissaient les voyageurs ?
EMJI : Ça dépendait. La société a tous ses visages, il y avait de tout, des mémés qui trouvaient ça beaucoup trop fort, des gens qui passaient en se bouchant les oreilles, les gamins qui s’arrêtaient avec les parents qui les tiraient. Il y avait des gens qui s’en foutaient parce qu’ils avaient autre chose à faire, ils auraient peut-être aimé un autre jour mais là ce n’était pas le moment dans leur vie en fait, mais on ne peut pas forcer les gens. Tu ne peux pas forcer tout le monde en fait. C’est un bon exemple de quand tu fais un album après, t’as du recul. Quand tu sors un album mais quand t’es dans le métro, tu vois les gens, ceux qui s’arrêtent, ceux qui sont disponibles dans cet instant T. Il y a des gens qui sont passionnés d’un coup, pour qui le temps s’est arrêté, ils ont un réel coup de cœur, d’autres qui vont dire « cool, continue c’est cool ce que tu fais mais j’ai pas le temps, je me casse ». Ça me permet d’avoir un recul sur mon album, il y a de tout, les gens sont plein surprises. Il y a aussi eu un mec qui m’a offert une guitare, trop de trucs, des petits concerts dans des bars, je me suis fait des amis, des plans de boulot, des rencontres humaines exceptionnelles comme Julien et Mika, qui était là à la finale de La Nouvelle Star.
« J’ai envie de prendre plus de temps pour écrire le deuxième album »
VR.fr : Ce sont tes fans dans le métro qui t’ont payé un aller retour vers Lyon pour les auditions de la Nouvelle Star ?
EMJI : Oui Julien et Mika, j’ai gardé contact avec eux. D’ailleurs quand je suis retournée dans le métro, Mika est venu me voir et je lui ai signé un autographe, c’était hyper cool.
VR.fr : D’ailleurs c’était super de ta part d’être retournée dans le métro les concerts de la RATP juste avant la sortie de ton premier album, ça avait un côté très symbolique…
EMJI : Ah oui effectivement, j’ai reçu une dose émotionnelle puissance 15. République c’était très bizarre, franchement, c’était mon spot. Là où j’ai joué précisément c’était vraiment là où j’ai commencé au début. Des gens qui avaient les larmes aux yeux. On se regardait et on se disait « putain ça a marché, c’est un truc de ouf » et même moi j’avais le souvenir du son, de l’acoustique du couloir…
VR.fr : Pour finir, en 2016 quel est le projet qui te tient le plus à cœur ?
EMJI : La comédie musicale va me prendre beaucoup beaucoup de temps et je vais de toute façon continuer tant que je peux la promo de Folies Douces pour que les gens apprendre à me connaître, je vais essayer de me dédoubler, d’avoir plusieurs EMJI et surtout de commencer à écrire le deuxième album, j’ai envie de prendre du temps plus de temps parce que pour le premier c’était quand même super rapide !