Nous sommes en 1983. En pleine promotion de son album Let’s Dance, David Bowie est interviewé par la chaîne MTV. Un entretien tout ce qu’il y a de plus banal jusqu’à ce que la star britannique inverse les rôles en questionnant le journaliste Mark Goodman sur le manque de représentation des artistes de couleur. « C’est une entreprise solide mais il y a encore beaucoup de choses à faire. Je suis simplement abasourdi par le fait qu’il y ait aussi peu d’artistes noirs diffusés. Pourquoi cela ? » interroge alors celui qui incarne Ziggy Stardust avant de préciser que ces derniers sont plus souvent mis en avant « entre deux et six heures du matin ». Plutôt surpris par cette affirmation, le journaliste va rétorquer maladroitement : « Je pense que nous essayons d’aller dans cette direction […]. La chaîne essaie de ne pas se limiter à ce qui plaît à New York ou Los Angeles, mais aussi à Poughkeepsie ou dans le Midwest, dont certaines villes pourraient être terrorisées par Prince, qui est d’ailleurs diffusé, ou d’autres artistes noirs. » Des propos racistes qui demeureront tristement célèbres.
Aujourd’hui, à l’heure où le monde se soulève contre les discriminations raciales, cette extrait vidéo vieux de 37 ans donne tout son sens à l’engagement des militants en faveur d’une dénonciation du racisme structurel dans l’industrie musicale. Si, à l’époque, David Bowie était l’un des seuls à dénoncer l’absence des artistes noirs sur un média aussi important que MTV, ils sont désormais nombreux à se battre pour l’égalité à tous les niveaux. Exemple récent, l’organisation des Grammy Awards vient de retirer le terme « urbain » de ses catégories. Il sera remplacé par « Progressive R&B ». Un processus lent mais nécessaire qui ne pourra se faire que grâce à l’engagement personnel de chaque individu sur cette planète.