Fall Out Boy : M A N I A, l’album qui divisera les fans (critique)

Aujourd’hui sort dans les bacs le huitième album studio de Fall Out Boy – M A N I A. Et n’en déplaisent aux fans « purs et durs », c’est un bon album. 

On vous entend d’ici : « Fall Out Boy, c’était mieux avant ». La vérité, c’est que tout était mieux avant. Asseyez vous deux secondes devant Dora l’Exploratrice et vous allez regretter l’époque d’Hey Arnold. Ecoutez du rap d’aujourd’hui et vous irez chercher vos disques d’IAM en quatrième vitesse. Regardez Star Wars : Le Last Jedi et vous vous ferez un marathon de la trilogie originale. Oui, clairement, tout était mieux avant. Sauf que jusqu’à preuve du contraire, on n’a pas de machine à remonter le temps et il faut faire avec ce que l’époque nous donne. Et ça tombe bien, c’est justement ce que Fall Out Boy a fait avec M A N I A.

Ce disque, on l’aura attendu. D’abord prévu pour le mois de septembre 2017, il a finalement été reporté au 19 janvier 2017. Pourquoi ? Tout simplement parce que Patrick Stump et sa bande ont voulu le peaufiner encore un peu. En contre partie, ils nous ont livré quelques morceaux ça et là, au fil des mois : Young And Menace, Champion, The Last of The Real Ones, HOLD ME TIGHT OR DON’T et, plus récemment, Wilson (Expensive Mistakes). Mieux, ils sont allés jusqu’à sortir Church cette nuit, pour accompagner l’album. Au final, on se retrouve avec six singles sur dix titres et si l’on veut être honnêtes, on est bien obligés d’admettre que c’est justement ça qui déçoit : M A N I A est peut-être un peu trop court – même si, bien sûr, mieux vaut privilégier la qualité à la quantité.

Côté titres, Fall Out Boy a bien changé. L’ère de From Under The Cork Tree est révolue et si vous ne jurez que par Dance Dance et Sugar We’re Going Down, alors vous aurez bien du mal à entrer dedans. Quand Young and Menace est sorti, on ne savait pas à quoi s’attendre : c’était plus électro, plus hybride… c’était trop…différent. Mais on a attendu. Et là, Champion nous a rappelé que comme ce fut le cas avec Centuries, Fall Out Boy était capable d’écrire et de composer des hymnes. Parce que non, il n’y pas besoin de collectionner les médailles pour être un champion. Vous là, qui lisez, vous en êtes un – à votre échelle. Comme votre voisin ou le mec qui conduit votre bus : « I’m a champion of the people who don’t believe in champions », chante Stump avant de lancer : « I’m just young enough to still believe, still believe. But young enough not to know what to believe in ». Traduction, quand on est encore capable de croire en quelques chose, on est un champion. Parce que vu le monde dans lequel on vit, il faut de sacrés nerfs pour avoir foi en quoi que ce soit.

Les fans de la première heure, eux, devraient retrouver ce qu’ils aimaient en Fall Out Boy avec The Last of The Real Ones. Pourquoi ? Parce que c’est percutant. Percutant, tant dans les mots que dans la musique. Alors oui, si This Ain’t a Scene a fait vos années lycée, vous devriez vous y retrouver. Avec HOLD ME TIGHT OR DON’T, ils flirtent presque avec la culture latine (une première) et il n’y à qu’à voir le clip pour s’en rendre compte. Fall Out boy a gardé son identité (l’écriture imaginée et énigmatique de Pete Wentz associée au talent de Patrick Stump) pour mieux l’emmener ailleurs, là où on ne l’aurait pas attendue. Et ça fonctionne.

Sur Heaven Gate, Patrick Stump nous prouve qu’il a toujours une voix et ce qui est beau, c’est que si vous aimez Rihanna et Love On The Brain, alors vous devriez aimer le titre. Si, si, on le jure. Sunshine Riptide accueille le seul et unique featuring de l’album (ce qui contraste avec les deux précédents opus, où les guests se succédaient). Et cette fois, ils apportent un peu de R’n’B : encore une fois, là où on ne les attendait pas.

L’opus s’achève sur Bishops Knife Thick – un titre qui nous rappelle Save and Rock ‘n’ Roll. Dans la musique de Fall Out Boy, il y a toujours eu une dimension spirituelle et M A N I A vient enfoncer le clou. Et ça, on le retrouve même sur la pochette, où le violet est omniprésent. Vous ne le savez peut-être pas mais, au Moyen-Age, on portait du violet pour montrer son deuil. Et dans Wilson, Patrick Stump chante quoi ? Ah, oui : « J’arrêterai de porter du noir quand il feront une couleur plus sombre ». Jusque là, ils auront pensé à tout.

Alors c’est vrai, M A N I A ne marquera probablement pas la carrière de Fall Out Boy comme certains de leurs opus précédents. Mais cet album est bon : dans sa symbolique, dans son écriture et surtout, dans sa production. Et on leur fait confiance pour vous le prouver au Zénith de Paris lorsqu’ils viendront le défendre en avril prochain.

A RETENIR

Vous pouvez modifier vos préférences en cliquant içi :