Quand on les voit comme ça, assises sur le sofa rouge d’un hôtel parisien sirotant leurs boissons, difficile d’imaginer que ces deux jeunes soeurs forment, en réalité, First Aid Kit. Si le nom ne vous dit rien, le titre My Silver Lining, lui, devrait vous évoquer quelque chose. Elles ont beau être jeunes (24 et 27 ans), Johanna et Klara Söderberg sont -comme de nombreux artistes- les preuves vivantes que l’âge n’est absolument pas un gage de talent. Après une pause bien méritée, elle nous reviennent avec un album aussi réussi que pointu – RUINS (dans les bacs dès aujourd’hui). Et pour le présenter cet opus, rien de mieux que de les laisser en parler.
Parce qu’elles sont restées loin de nos radars pendant un petit moment, il aurait été légitime pour elles de ressentir une certaine pression (voire de l’angoisse) à quelques jours de la sortie : « C’est un mix de sentiments », avouent-elles. « On a autant hâte qu’il sorte que l’on appréhende. On avait hâte au début mais là, alors que la sortie approche, on commence à appréhender…! » La dernière fois qu’on les a entendues, c’était sur l’album Stay Gold (2014). Ensuite, elles ont pris le large pendant quelques temps : « On a pris une pause parce qu’on avait besoin de prendre du recul », expliquent-elles. ‘On voulait revenir en prenant notre temps, sans être trop dures avec nous mêmes (…) On n’a jamais cessé d’aimer la musique. Mais parfois quand ta passion devient ton job, c’est difficile de se relaxer. On avait besoin d’un peu de temps pour laisser la pression redescendre et pour redevenir créatives ». Et créatives, elles l’ont toujours été. En témoigne cet album qui décrit parfaitement les différentes étapes d’une rupture.
« ON N’A JAMAIS CESSE D’AIMER LA MUSIQUE »
Mais se remettre au travail après tout ce temps, c’est parfois difficile. Ont-elles rencontré des challenges ? Y-a t-il eu des choses plus difficiles que d’autres à aborder ? « C’était une joie, répondent-elles. « Pas un challenge. Parfois c’est difficile parce que tu restes assise pendant des heures et rien ne te vient – c’est frustrant. Tu ne sais pas si tes chansons sont bonnes ou pas, surtout lorsque tu travailles avec de nouvelles personnes ». S’apprivoiser prend du temps, tout comme trouver la bonne chanson, celle qui collera parfaitement au thème. Mais l’essentiel est là : « On est vraiment heureuses avec cet album. On en est fières« , sourient-elles.
Et clairement, on comprend leur fierté. Les soeurs Söderberg ont réussi l’exercice périlleux d’évoquer un passage difficile (une rupture, c’est rarement une partie de plaisir) tout en jouant sur les contrastes. Evidemment, il y a des morceaux plus profonds et poignants que d’autres (Comme RUINS, par exemple). Mais avec Fireworks (dont le clip nous emmène tout droit dans les années 80), on aurait presque envie de sortir les body roses pour mieux danser. L’idée avec ce disque était de ne pas en faire « trop », de ne pas pousser vers une tristesse trop intense. Et c’est un pari réussi.
Parce qu’elles abordent le thème de la rupture, il y a énormément de remise en question sur ce disque. D’ailleurs, si elle devaient le décrire en trois mots, elles pencheraient pour « Bittersweet et Groovy » avant d’ajouter « qu’il pousse à réfléchir ». Et c’est vrai. En écoutant RUINS, on réalise que c’est normal de se remettre en question, de douter et de se demander ce que l’on a fait (ou ce que l’on a pas fait) pour en arriver là. La vérité, c’est que l’on passe tous par là à un moment de nos vies. Et si jamais vous êtes en pleine séparation, si jamais vous traversez ça, on vous conseille d’écouter l’album. Peut-être allez vous pleurer un peu. Mais on vous le promet, à la fin du disque, vous vous sentirez mieux.
« C’EST FRUSTRANT QUAND TU RESTES DEVANT TA FEUILLE ET QUE RIEN NE VIENT…! »
Quand elles nous disent que dans dix ans, elles s’imaginent encore sur scène, on ne peut pas s’empêcher de penser au show qu’elles donneront pas plus tard que le 05 mars prochain, à la Cigale. Il est complet (preuve qu’elles étaient attendues), certes, mais si vous avez déjà vos billets, vous serez ravis d’apprendre que pour cette tournée, elles comptent jouer énormément avec les effets de lumière : « On adore ces choses là, donner vie à une chanson, monter un show. Travailler sur les costumes, tout ça… ce sont des choses qu’on adore faire. C’est un peu comme un théâtre ». Et les connaissant, ce concert parisien sera inoubliable pour les fans qui les attendent depuis tout ce temps : « La plupart des shows sont sold out », lancent-elles. « Ce qui est fou. Quand tu t’en vas, tu as peur que personne ne soit là à ton retour. Alors c’est vraiment sympa de voir les gens nous ont attendues’. .
« DANS DIX ANS, ON SE VOIT BIEN FAIRE CONTINUER A FAIRE CA »
Avec RUINS, le duo opère un retour réussi. Parce que trois ans se sont écoulés, parce qu’elles ont grandi et surtout, parce qu’elles ont pris leur temps et le recul nécessaires, elles offrent-là un disque plus mature, un disque qui devrait parler à tout le monde : « Cet album raconte que l’on traversait à ce moment-là, c’est ce que l’on voulait faire. Alors on essaie de ne pas trop se mettre de pression. Dans quelques années, tout sera différent, les choses auront changé et les gens ne se reconnaîtront peut-être plus dedans. Mais, c’est okay. Peut être même qu’ils n’aimeront pas ! Mais ça aussi, c’est okay aussi ». On doute fortement que l’album puisse ne pas plaire, pour être honnête !
Avant de les quitter, on leur a demandé de nous citer trois titres pour se remettre d’une rupture. On est donc reparti avec Real Love de Big Thief, Late For The Sky de Jackson Brown et le très dansant Green Light de Lorde. Mais on vous conseille d’ajouter carrément tout l’album (RUINS, donc) de First Aid Kit à cette playlist.
A RETENIR
- RUINS
- Fireworks
- To Save A Life
- Rebel Heart