Qu’on se le dise, Foals a frappé un grand coup avec What Went Down. Le quatrième opus du groupe d’Oxford est puissant, bestial, enivrant. Nous avions rencontré Yannis Philippakis en juin dernier, sur la terrasse de sa chambre d’hôtel. Sourire aux lèvres malgré une chaleur accablante et une nuit agitée, le chanteur aux origines grecques s’était confié à nous à propos de ce nouvel album. Un disque dont il est très fier « C’est un album excitant, je pense que c’est notre meilleur. C’est l’album avec lequel nous sommes allés le plus loin : les titres rock sont plus rock, les titres pop sont plus pop, l’intensité du groupe a vraiment augmenté. What Went Down couvre une large palette de textures et d’émotions ». Tout en allumant une cigarette, Yannis nous raconte la genèse de cet album « On a commencé l’écriture directement après la tournée, nous n’avons quasiment pas fait de pause. On est revenu à Oxford, là d’où l’on vient, où on a un tout petit studio poisseux, qui sent mauvais, et on a écrit comme des fous là bas. Après ça on est allé en Provence pendant deux mois, c’est là qu’on a enregistré l’album. On a fait toute l’écriture en Angleterre et tout l’enregistrement en France ».
Le frontman aborde ensuite les thématiques de ce nouvel album « Les notions de temps, la fragilité de notre humanité, la vie dans un environnement urbain, les souffrances du cœur… », en précisant que le processus d’écriture s’est fait de façon naturelle « J’ai été guidé par mon subconscient, je n’ai pas essayé d’écrire des paroles parfaites, je me suis permis des imperfections parce que ça sonnait plus vrai », ajoutant que le sommeil a joué un grand rôle dans la création « Je me suis intéressé à l’extraction des idées vivant aux confins de ma conscience, beaucoup de paroles me sont venues au moment où j’étais en train de m’endormir ». Une écriture plus libre, plus brute selon Yannis Philippakis « Je me suis recentré sur l’essentiel, sur les sensations, en autorisant les mots à être plus abstraits, plus enfantins, plus chaotiques et irréels ». Lorsqu’on le questionne sur l’ambivalence de la musique de Foals, à la fois dansante et mélancolique, le chanteur nous explique qu’elle est là pour être à l’image de la vie « La vie est ambivalente. La musique qui me plaît est ambiguë, avec un peu d’amertume. J’aime la tension induite par le conflit, c’est là que j’aime travailler. Toutes mes chansons préférées ont en elles un conflit d’ambiances, de sentiments. Ce n’est jamais l’éclate totale, mais ce n’est jamais totalement dépressif non plus ».
Il y a deux ans, Foals nous avait fait chavirer avec l’usine à tubes Holy Fire. Le groupe a-t-il ressenti une pression supplémentaire au moment de concevoir le successeur de ce disque ? Absolument pas selon Philippakis « La vraie pression est à l’intérieur du groupe, la pression qu’on se met sur les épaules pour se surpasser et produire un grand album va bien au-delà de la pression qui pourrait venir de l’extérieur » avant de rajouter, non sans humour « Je ne décroche jamais quand le label m’appelle, du coup ils ne peuvent pas me stresser ! ». Au moment d’évoquer la collaboration avec le producteur des Arctic Monkeys James Ford pour ce nouvel album, le chanteur ne peut s’empêcher de chanter ses louanges « Il aime que les fondamentaux soient parfaits. Il pousse chaque membre du groupe dans des territoires que l’on pensait inexploitables. Il avance petit à petit, il accorde beaucoup d’importances aux détails. C’est ce qui fait la différence ». Un producteur différent, pour une façon de travailler différente « On est beaucoup moins organisé qu’à nos débuts. On est beaucoup plus guidé par notre intuition, la réflexion est moins importante. Il y a une vraie fluidité dans notre façon de travailler ». Rendez-vous demain sur europe2.fr pour lire la suite de notre interview du frontman de Foals, qui nous régale avec l’un des albums de la rentrée à ne pas manquer !