Si tu m’avais demandé la semaine dernière comment je comptais passer mon samedi soir, ma réponse aurait été sans appel : un samedi en plein mois de novembre ? Passé 20h, tu as plus de chances de me trouver dans mon canap’ avec un thé, la première saison de Friends et un plaid que dans un bar. Certes, on a fait plus punk. Mais, je ne vais pas te mentir, j’ai vite compris en vieillissant que les punitions de notre adolescence deviendraient les bénédictions de notre vie d’adulte. Bref, à la base, c’était mon plan. Puis, Green Day, dans un élan de générosité, a carrément décidé d’annoncer un concert aussi immanquable qu’impromptu. Voilà comment je me suis retrouvée samedi 4 novembre à affronter la pluie, le vent et la circulation parisienne – et, pour une fois, sans râler. Parce que damn, c’était pour Green Day.
Si ces derniers temps, tu n’as pas suivi l’actu du groupe, je te remets dans le contexte rapidement : si tu le sais pas encore, sache que la bande de Billie Joe compte nous offrir un nouvel album en janvier prochain. Ca s’appellera Saviors et, à quelques mois de l’anniversaire d’American Idiot, il s’annonce aussi punk qu’engagé. Bref, sign me in. Pour porter cet opus, le groupe a opté pour The American Dream is Killing Me en guise de premier single. Et avant que tu ne poses la question, oui, ils l’ont joué. En fait, Green Day a carrément célébré la sortie de ce nouveau chapitre avant même sa sortie.
« On a toujours voulu jouer au Bataclan », Billie Joe Armstrong
Il est un peu plus de 20h30 quand le groupe arrive sur scène. Pas de première partie mais une foule déjà au maximum de l’excitation. Je ne vais pas te mentir, vue d’en haut, la fosse semble déjà bouillante : des centaines de fans impatients se pressent devant la scène, scandant des « Hey Oh, Let’s Go » (The Ramones, à jamais dans mon coeur). Quand, enfin, Green Day arrive sur scène, c’est l’effervescence. Genre, vraiment. Parce qu’il n’y a pas meilleure entrée en matière que American Idiot, le tube sorti en 2004 résonne dans l’enceinte d’une salle dont la température a déjà pris quelques degrés. Oublie le vent, le froid glaçant et l’ambiance terne de Paris : à ce moment de la soirée, le Bataclan est déjà aussi chaud qu’un volcan. Côté titres, Green Day a composé la setlist rêvée pour tous ses fans : on a d’abord eu les classiques (oui, on a tous crié Holiday comme si notre vie en dépendait) avant d’enchaîner sur de nouveaux morceaux : Look Ma, No Brains (joué deux fois tant le public fut enthousiaste) ou encore 1981 rejoignent le premier single qui, en live prend carrément une autre dimension.
« On a toujours voulu jouer au Bataclan », lance Billie Joe entre deux morceaux. « And, here we are » . Here we are, indeed – dans . Si tu m’avais dit que l’un des groupes de punk les plus emblématiques de cette générations jouerait dans une salle aussi intimiste avant de remplir une arène, pas sûr que je t’aurais cru. Et pourtant. Green Day, qui n’a rien perdu de son esprit, a pris ses quartiers dans l’emblématique salle qui depuis peu, retrouve ses racines rock. Parce que cette soirée fut autant pour les fans que pour le groupe lui-même, la bande jouera des titres rares – pas toujours entendus en live ou, tu t’en doutes, très peu. Welcome To Paradise, Basket Case, Letterbomb, She ou encore Warning (joué trois fois depuis 2001)… je pourrais rester là longtemps à te citer les morceaux qui ont bercé mon adolescence rebelle et torturée mais la vérité, c’est que Green Day a joué les équilibriste pour offrir un live parfaitement calibré.
Parce que les fans sont les vrais stars de ce show, l’un d’eux montera même sur scène pour mieux interpréter Good Riddance (Time of Your Life). Pour terminer en beauté, le groupe jouera une dernière fois The American Dream is Killing Me. En juin prochain, Green Day sera de retour à Paris pour mieux investir l’Accor Arena. Est-ce que les 2000 personnes ce soir-là seront dans au rendez-vous ? On peut prendre les paris mais, je suis sûre que oui.