Le fameux nombre 13, objet de toutes les superstitions, les peurs, et les fantasmes aussi. Un nombre qui symbolise un changement important, la fin d’une étape et le commencement d’une autre. C’est aussi le nom qu’a donné Indochine à son nouvel album, disponible partout depuis aujourd’hui. Quatre ans et demi après Black City Parade, vendu à plus de 250 000 exemplaires, le groupe revient avec un opus de treize tracks et deux titres bonus. Si le projet peut sembler quelque peu déstabilisant au premier abord de par ses sonorités très électro, on y retrouve indéniablement la patte d’Indochine : des pulsations dansantes, des paroles mélancoliques et des mélodies new wave à la fois retro et très modernes. Toujours mené par le chanteur Nicola Sirkis, Indochine dresse le portrait du monde actuel et chante ses inquiétudes face aux récents bouleversements qu’il traverse.
L’album s’ouvre de manière magistrale sur Black Sky, qui plonge immédiatement l’auditeur dans une atmosphère presque futuriste. En quinze chansons, Indochine livre un message d’espoir salvateur tout en abordant régulièrement l’actualité. Un Eté Français évoque les attentats qui ont touché la France (« un vendredi noir ») et transpire l’inquiétude face à la montée de l’extrême droite (« Tout devient froid national, un pays infernal »). Trump Le Monde, qu’on espérait un peu plus incisif, laisse entendre la voix samplée du président américain avant de laisser place à un refrain impétueux. Si l’ensemble manque un peu de guitare il est vrai, on retrouve tout de même des titres vivifiants comme Tomboy 1, une collaboration avec Kiddy Smile qui évoque l’oppression subit par la communauté LGBT, ou encore Gloria, interprété en duo avec Asia Argento. Sur le fond, Indochine reste fidèle à ses thèmes de prédilection : la tolérance, l’égalité des droits, la mort, l’oppression, l’espoir, et les désillusions parfois. « Je me raccroche à qui ? Tous mes héros sont morts / Ne reste que mes ennemis, tant pis si j’ai eu tord », se désole le chanteur sur Station 13. Le choix du single La Vie Est Belle, dont le superbe clip est signé Asia Argento, apparait finalement quelque peu étonnant car il s’agit sans doute du morceau le moins percutant de l’album. On lui préfère Song For A Dream, bouleversante ballade introspective sur laquelle Nicola Sirkis se met à nu, ou encore 13ème Vague, morceau de clôture à la mélodie efficace.
Ce nouvel album d’Indochine était attendu, c’est le moins que l’on puisse dire. 13 devrait sans aucun doute ravir les plus grands fans du groupe, tant il condense tous les ingrédients miracles de la recette Indochine. L’ensemble est résolument dansant et laisse la part belle aux synthétiseurs et à la batterie, omniprésents. Les refrains sont scandés tels des slogans et les mélodies demeurent toujours aussi percutantes, quoique qu’un peu redondantes parfois. Ce treizième projet s’inscrit dans la continuité de Black City Parade et réuni ce que Nicola Sirkis et sa bande savent faire de mieux : des tubes aux sonorités new wave mais à la fois très actuelles, porteurs de messages rassembleurs qu’on a envie d’hurler à tue-tête. Référence incontournable de la scène française, Indochine demeure aujourd’hui l’un des seuls groupes français capables de parler à la fois aux quinquagénaires et aux jeunes collégiens. Et c’est sans aucun doute là que réside toute la force du groupe qui, en 2021, fêtera déjà ses 40 ans de carrière. Avant de célébrer dignement cet anniversaire, Indochine sera en tournée dans toute la France en 2018, avec notamment deux concerts événements à l’AccorHotels Arena les 16, 17 et 18 février.
Nos coups de coeur :
- Station 13
- Un Eté Français
- Song For A Dream
- Black Sky