Ça y est, en ce vendredi 16 octobre, le premier album de Jabberwocky Lunar Lane sort enfin ! Les quelques titres dévoilés à ce jour, Fog, Holding Up ou encore Ignition, laissaient présager un très beau disque qui devrait confirmer leur statut de sensation électro de ces dernières années. Les trois musiciens originaires de Poitiers avaient su séduire un large public avec leur premier EP Pola en 2013 dont le titre Photomaton avait même servi de bande originale pour la pub Peugeot. Depuis, les garçons ont sillonné un peu toute la France pour se faire connaître en live et ont activement préparé ce premier opus. Quelques semaines avant la sortie de Lunar Lane, on a eu la chance de rencontrer Jabberwocky. Durant une vingtaine de minutes, ils nous ont parlé de leur opus, de musique, d’études, de leurs projets… d’eux tout simplement en fait. Découvrez leur interview sur europe2.fr !
europe2.fr : Votre premier album Lunar Lane sort le 16 octobre, est-ce une étape que vous appréhendez ?
Jabberwocky : C’est un mélange d’impatience mais aussi de stress. Mais c’est surtout l’excitation qui prime. On a hâte que le disque soit partagé, on a bossé dessus, on s’est investi. C’était bizarre toute cette période où l’album était fini et qu’on attendait qu’il soit distribué, là on a juste hâte qu’il sorte.
VR.fr : Ça fait combien de temps que vous bossez dessus ?
Jabberwocky : On a bossé dessus la plus grosse partie de l’année dernière, le temps d’essayer pleins de choses, on ne garde pas tout ce qu’on fait. Il nous fallait du temps pour trouver la ligne directrice. On voulait des morceaux cohérents, qui s’enchaînent bien. On a fini le disque en mars puis il y a eu le temps de mixer et le masteriser.
VR.fr : Sur tous vos morceaux vous gardez le combo électro/voix féminine… Pourquoi pas une voix masculine ?
Jabberwocky : À vrai dire il y en a une mais c’est une voix androgyne, sur Jeopardy. On choisit les voix au feeling, et souvent on en a un peu plus sur les voix féminines. On ne se pose pas la question de mixité parfaite, et pour la suite, ça dépendra de ce qu’on fera aussi, ça se trouve ce sera plus des voix de mecs qui nous inspireront. Mais faire appel à d’autres chanteurs, ce n’est pas un truc qu’on revendique, on aime bien aussi faire des instrumentaux. On ne l’a pas forcément mis en avant sur cet album là mais on le développera plus tard.
VR.fr : Comment découvrez-vous vos collaborateurs ? Via YouTube ? Par des rencontres dues au hasard ?
Jabberwocky : Souvent des rencontres sur la route, mais aussi sur internet oui. À un moment dans la composition, on se dit « ça serait cool d’avoir une voix un peu comme ça ». Souvent on écrit les paroles et la mélodie du chant mais pas toujours. Après on a répertoire d’artistes qu’on écoute, dont on aime bien la voix et on voit ce qui pourrait coller le mieux.
VR.fr : On retrouve qui parmi ces artistes actuellement ? Qui aimeriez-vous voir sur un prochain projet ? Tout est permis !
Jabberwocky : Il y en a beaucoup, après il faut trouver le morceau, le feeling, l’envie de faire un truc ensemble. En ce moment on retrouve par exemple Banks, Olivia de The Do qu’on a vu sur une date de festival mais avec qui on a jamais eu l’occasion de beaucoup parler. Côté garçon, on adore Josh Barry et Back Atlas. Thomas Azier aussi, ça serait cool de faire quelque chose avec lui.
VR.fr : On ne vous voit jamais dans vos clips, ni sur vos jaquettes… L’exposition c’est quelque chose qui vous fait peur ?
Jabberwocky : Non c’est qu’en fait, on voulait construire un univers autour du groupe. Dans cette construction, ça nous paraissait pas important de nous montrer nous. On voulait plus mettre en avant la musique, ce qu’elle nous inspire, et ce qu’elle inspire en écoutant, les images qu’elle nous avait mis en tête quand on l’a composée. On préférait partir de ça plutôt que de se mettre en avant. Après ce n’est pas quelque chose qui est exclu, je pense qu’on va le faire, juste il faut avoir le déclic, sur quel morceau on peut le faire. On voulait d’abord mettre en avant un univers assez marqué, assez identifié, et on a eu la chance de travailler avec Ugo Bienvenu et Kevin Manach, qui eux ont un univers qui colle parfaitement à ce que nous on aime en terme d’images, ce qu’on a envie de faire passer par notre musique.
VR.fr : Vous le décrieriez comment cet univers du coup ?
Jabberwocky : Mélancolique, onirique, surréaliste… L’aspect mélancolique de notre musique est toujours présent. De temps en temps, on arrive à le faire ressentir dans des ambiances, des sonorités, des productions qui sont différentes aussi dans l’approche. On arrive à faire passer ça dans un genre plus dansant, plus rythmé ou plus minimaliste. C’est un peu dans cette direction qu’on voulait que l’album aille.
VR.fr : Vous avez récemment participé à la bande originale du film Les Deux Amis, sorti le mois dernier. Comment le projet s’est-il mis en place ? Louis Garrel vous a-t-il contacté ?
Jabberwocky : Louis Garrel est en contact avec notre label Pain Surprise et a demandé si on voulait bien être sur la BO, il avait accroché sur notre musique. On a trouvé ça super cool, c’est un très bon acteur, et ça fait forcément plaisir qu’il y ait des personnes dans d’autres sphères artistiques qui apprécie notre musique. Et ce qu’on a trouvé cool aussi c’est que Golshifteh qui était actrice dans notre clip Pola joue dedans. Il y avait un écho assez marrant. Ce qu’il y a d’assez cool sur la BO c’est qu’à côté de ça, le reste de la BO est complètement différent. C’est vraiment de la composition plus classique. Le fait qu’on puisse retrouver ce contraste là, c’est un peu dans l’idée de notre musique, des choses dans le contraste.
VR.fr : Votre tournée a commencé jeudi dernier à Angers… Comment le public a accueilli les nouveaux titres ?
Jabberwocky : L’accueil était super, surtout qu’en live on essaie de proposer quelque chose de différent du CD. On a fait tout un travail de remix, d’auto remixe et de recomposition en live pour les rendre plus dansants, plus « péchus ». On a aussi deux chanteuses avec nous en live pour garder l’essence des titres, mettre la voix en avant, toujours en contraste avec des parties beaucoup plus instrumentales où là ça se joue entre nous trois. On voulait vraiment faire un live différent et transporter ces morceaux dans un autre univers. Le fait d’avoir eu un bon accueil du public c’était super, ça veut dire que le courant est passé et le travail qu’on a fait a bien été compris. Ça permet aussi deux écoutes de l’album qui sont différentes. On l’impression d’avoir fini le travail sur cet album du coup, on a réussi à le mettre en œuvre avec toutes les influences qui ont pu participer justement à sa création. On a bossé pendant un long moment dessus, et l’accueil à Angers nous a fait vraiment plaisir.
VR.fr : Depuis vos premiers lives, qu’est-ce qui a le plus changé ?
Jabberwocky : Le set a forcément évolué avec notre musique. Vu qu’on était un jeune groupe, Photomaton était notre premier single mais aussi notre première compo, il nous fallait le temps de grandir, d’essayer pleins de choses. Ça se ressent sur l’album que nos morceaux sont aussi plus produits, il y a plus de recherches. Le live c’est à l’image du groupe, il est plus mature, il a pas arrêté d’évoluer et la formule au delà du set et de la musique a évolué. Au début on avait une chanteuse, après on a tourné à trois, puis on a eu aussi une différente scénographie sur scène. Là on propose quelque chose de nouveau qui compile des trucs qu’on voulait mettre en avant, à savoir avoir la partie vocale et la partie instrumentale qui se répondent et qui se complètent.
VR.fr : Avant Jabberwocky, j’ai cru comprendre que vous étiez en médecine… Vous allez reprendre les études un jour ?
Jabberwocky : Avant Jabberwocky, on n’avait pas du tout d’ambition dans la musique. On faisait de la musique sur notre temps libre à la fac, et ça nous est un peu tombé dessus avec Photomaton. Depuis deux ans on a un peu mis en stand by les études. L’idée est quand même de terminer la médecine parce qu’on est en dernière année. Pour l’instant on fait de la musique, on va pousser le truc au maximum puis on verra pour reprendre.
VR.fr : Il est peut-être un peu tôt pour en parler mais vous avez déjà réfléchi au deuxième album ? Qu’est-ce que vous voyez ?
Jabberwocky : Ça dépendra de la période, un album dépend beaucoup de la période à laquelle tu le produis. Là on a des idées maintenant, mais les choses qu’on sortira seront peut-être des choses encore pus maturées, plus digérées que celui-là. Car sur celui-ci il y a un processus de compo, on a vraiment mis du temps à avoir le déclic de savoir ce qu’on voulait, et à partir de ce déclic, ça a déclenché plein de choses qui nous ont rendu hyper contents. Certains artistes mettent vraiment plusieurs années pour faire leur album. Du coup pour le prochain, on veut prendre plus de temps pour le préparer, avec d’autres influences qui ressortiront de manière différente. L’idée du groupe c’est un peu aussi d’avoir notre base mais quand on sort un morceau on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Ça sera encore une ouverture…