Vous ne le connaissez peut-être pas encore, mais sa voix risque fort d’envahir rapidement les radios françaises. Né à Knoxville, dans le Tennessee, Jacob Whitesides est auteur-compositeur-interprète et avec trois EPs à son actif, il dépasse déjà les cinq millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. A 18 ans seulement, il est aussi à la tête de son propre label musical, Double U Records. Autant dire que le jeune homme a parfaitement compris l’industrie dans laquelle il évolue et compte bien garder un contrôle total sur sa musique et sa carrière. Son succès, il le doit à ses talents de chanteur et de compositeur, mais aussi au dialogue sincère et authentique qu’il entretient avec ses fans via les réseaux sociaux. Véritable modèle de réussite pour les jeunes artistes, Jacob prouve qu’il est possible de se faire une place de choix dans le paysage musical en utilisant Internet pour se construire une solide communauté de fans. De passage à Paris il y a quelques jours, le jeune chanteur s’est confié sur son nouvel album, ses influences et la relation privilégiée qu’il a nouée avec ses fans, mais aussi sur le regard qu’il porte à l’industrie musicale.
europe2.fr : Salut Jacob ! Commençons par parler de ton nouvel album. Pourquoi l’avoir nommé « Why » ? Super mystérieux comme mot…
Jacob Whitesides : Je sais ! En fait, c’est le titre de ma chanson préférée de l’album et c’est une question que je me pose très souvent à moi-même. Ça résume l’intégralité de l’album tout simplement. Tout mon album parle d’auto-réflexion, un peu comme une analyse, je me pose beaucoup de questions sur moi-même.
VR : Tu as choisis « Lovesick » comme premier single, cette chanson a une place toute particulière dans ton cœur ?
Jacob Whitesides : Oui, absolument. « Lovesick » est la première chanson de l’album qu’on a enregistrée, alors forcément elle a une place spéciale dans mon cœur. Elle a plus ou moins guidé le reste de l’album, disons que ça m’a aidé à imaginer la suite. Et puis j’ai vraiment adoré l’enregistrer, c’est ma chanson préférée en live, alors le choix du premier single était évident pour moi.
VR : Tu as écrit toi-même toutes les chansons de ton nouvel album ?
Jacob Whitesides : Toutes sauf « Lovesick » justement !
VR : Laquelle as-tu préféré écrire ?
Jacob Whitesides : Je dirais « You Told Me So ». C’est la chanson la plus lente de l’album, et pour l’écrire j’ai passé pas mal de temps tout seul dans ma chambre d’hôtel, à penser à ma vie. Comme je te disais tout à l’heure, à me poser des questions sur moi-même, à analyser tout ce que je fais, que ce soit ma vie, mes relations. Je me suis vraiment focalisé là dessus.
VR : Tu as participé à X Factor aux Etats-Unis il y a quelques années. Qu’est ce que cela t’as appris ?
Jacob Whitesides : Pour être honnête avec toi, je ne suis pas allé très loin dans l’émission. Mais j’ai rencontré beaucoup de très bons amis là-bas. Et surtout, j’ai observé les différents chemins que tous ces gens ont pris, que ce soit ceux qui ont réussi à aller loin dans l’émission ou les autres. Et puis c’est aussi à ce moment-là que j’en ai appris plus sur les labels indépendants et les majors. Alors j’ai décidé de créer mon propre label et fait un partenariat avec BMG Rights Management. De cette manière, je peux rester indépendant, participer aux grandes décisions qui concernent ma carrière, mais j’ai aussi le soutien d’une major pour ce qui est de la promotion globale.
VR : Tu es donc à la tête de ton propre label ?
Jacob Whitesides : Oui tout à fait, et c’est vraiment génial ! C’est un rêve devenu réalité pour moi. J’ai une équipe absolument incroyable qui m’aide et me soutient constamment. Mais je me mets beaucoup de pression moi-même parce que je veux être impliqué dans toutes les décisions, que ce soit la couleurs des tshirts qu’on va vendre en tournée ou bien le prix des billets et le choix des villes où je vais jouer. Tout cela ça représente tellement pour moi, je veux avoir mon mot à dire.
VR : Il semble que les artistes ont de plus en plus de pouvoir…
Jacob Whitesides : Oui notamment grâce aux réseaux sociaux, qui ont entraîné une nouvelle façon de promouvoir la musique pour beaucoup d’artistes. Maintenant, les artistes indépendants sont presque capables de tout faire tout seuls. Je trouve ça super, moi ça m’a permis de débuter ma carrière. J’ai fini par arriver à un moment où c’est devenu un peu trop compliqué pour que je gère tout moi-même. Mais maintenant je travaille avec une super équipe et je trouve ça très beau d’être impliqué, de participer à toutes ces décisions. Il y a beaucoup d’artistes qui n’étaient pas en mesure de le faire avant. Tu peux vraiment contrôler ce qui se passe du début à la fin, alors que le risque avec les majors, c’est qu’on te dicte ce que tu dois faire.
VR : Comment vois-tu l’avenir de l’industrie de la musique, tu penses que les artistes n’auront bientôt plus du tout besoin des majors ?
Jacob Whitesides : Oui absolument, c’est ce qui est en train de se passer. Je pense qu’à un moment, les artistes seront complètement impliqués dans toutes les décisions qui les concernent. Aujourd’hui, ce sont les fans qui s’occupent de promouvoir les artistes qu’ils aiment. Ils en parlent partout autour d’eux, les font connaître, et tout ça change complètement la donne. Les artistes gagnent de plus en plus de contrôle, grâce aux plateformes musicales aussi. Tu t’installes dans ta chambre avec un micro et tu peux diffuser ta musique au monde entier.
VR : Quand as-tu réalisé que tu voulais vraiment faire carrière dans la musique ?
Jacob Whitesides : Probablement à 13 ans. J’ai baigné dans la musique puisque mon père est musicien, mais mon truc à moi, c’était plutôt le sport. Un jour mes parents m’ont trainé à un concert dans un coin totalement perdu. Et pourtant je viens d’une petite ville alors imagine ! Et finalement, ce concert a tout changé pour moi, c’était très intimiste, juste un mec avec sa guitare. Ça m’a beaucoup inspiré, beaucoup touché. Alors j’ai commencé à jouer de la guitare dans mon coin, car je suis très timide. Au bout d’un moment, j’ai eu de bons retours de ma famille et mes amis alors ça m’a encouragé à continuer. D’ailleurs le chanteur que j’ai vu ce soir là dans cet endroit perdu s’appelle Chris Stapleton et aujourd’hui aux Etats-Unis, c’est une énorme star de la country !
VR : Tu as énormément de followers sur Twitter, Instagram. Tu partages beaucoup de choses avec tes fans. Que penses-tu des réseaux sociaux ?
Jacob Whitesides : Je n’ai jamais réellement vu ça comme une manière de gagner en célébrité, mais c’est vraiment grâce à cela que j’en suis ici aujourd’hui. Tu entretiens une relation beaucoup plus humaine avec tes fans en fait, on partage, on discute. Avant quand ton artiste favori sortait un album, tu écoutais sa musique, tu allais le voir en concert et ensuite tu n’entendais plus parler de lui jusqu’au prochain album. Je trouve ça vraiment cool de pouvoir partager régulièrement avec tes fans et de les tenir au courant de l’évolution des choses, même quand tu n’es pas en tournée. C’est vraiment une relation spéciale. Encore aujourd’hui, je n’ai pas énormément d’amis alors je suis toujours connecté avec mes fans, à parler des choses que j’aime et parfois de mes problèmes. Et c’est super parce que ça devient la normalité, les gens ne voient plus les artistes comme des personnes inaccessibles. Ce qui est dingue, c’est que les réseaux sociaux n’ont pas de limites géographiques. Donc je peux aller faire des concerts dans des pays où je n’ai jamais mis les pieds, jamais fait de promotion et où je ne suis jamais passé à la radio. J’ai fait des concerts dans des villes que je ne connaissais même pas, parce que mes connaissances en géographie sont assez limitées !
VR : Ça va s’améliorer très vite avec ta prochaine tournée !
Jacob Whitesides : Effectivement ça s’améliore de jour en jour grâce aux tournées ! Je viens justement d’annoncer ma tournée européenne ce matin, je vais revenir à Paris dans quelques mois. J’ai tellement voyagé ces derniers temps, non seulement je suis meilleur en géographie, mais en plus je fais ce dont j’ai toujours rêvé !
VR : Quels sont les artistes qui t’inspirent ?
Jacob Whitesides : Sans aucun doute John Mayer et aussi Damien Rice pour l’écriture. Et puis Ed Sheeran, qui est l’un de mes artistes préférés de tous les temps. C’est un mec génial, je l’ai rencontré et c’est vraiment le type le plus adorable du monde. J’adorerais collaborer avec lui un jour. Il n’avait aucune idée de qui j’étais et a pris le temps de parler longuement avec moi. Il est très timide, très calme, et j’adore ça parce que je suis pareil. Et en même temps, il est capable de jouer seul avec sa guitare devant 50 000 personnes. Il n’a pas besoin de super production. Ce qui peut être génial bien sûr, mais le vrai talent, c’est de pouvoir jouer sans aucun artifice. C’est la même chose pour Coldplay, j’ai été absolument bluffé par la beauté de leur concert et en même temps, ils sont tout aussi talentueux sans toute cette mise en scène. C’est ce genre de personnes que j’admire.
VR : Qu’est ce qui te plait le plus dans ton métier d’artiste ?
Jacob Whitesides : C’est complètement génial, dans tous les aspects. Même les petites choses un peu ennuyantes comme les débuts de journée très tôt ou les retards de vols… même ça j’y prends du plaisir maintenant. Ce que je préfère évidemment, c’est voyager, avoir l’opportunité de rencontrer tous ces gens, ces différentes cultures. On n’avait pas trop les moyens de voyager quand j’étais petit alors c’est vraiment la meilleure chose au monde pour moi. Je n’aurais jamais cru faire ça un jour. Pour être honnête, je n’arrive toujours pas croire que c’est mon job et que les gens viennent me voir en concert !
VR : Justement, qu’est-ce que tu penses de la relation que tu entretiens avec tes fans ?
Jacob Whitesides : C’est très spécial pour moi. Il y a des fans avec qui je parle depuis trois ans maintenant. Peu importe d’où ils viennent et quelle langue ils parlent, j’essaye de les reconnaître, de partager des choses avec eux. Certains me soutiennent vraiment depuis le début et c’est toujours sympa de retrouver des visages familiers.
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VR : Quelles chansons je trouverais dans ton iPod ? Qu’est-ce que tu écoutes ?
Jacob Whitesides : Plein de choses différentes ! Je passe énormément de temps sur Spotify à essayer de découvrir de nouveaux artistes encore inconnus. Sinon, j’écoute beaucoup le dernier album de The 1975 en ce moment, ainsi que ceux des Red Hot Chili Peppers et de Frank Ocean. J’adore aussi Drake, James Bay, le dernier album de Mumford and Sons est incroyable. Ceux de Tom Odell et Troye Sivan sont excellents aussi.
VR : Quels sont tes plans pour les prochains mois ?
Jacob Whitesides : Je reviendrai en Europe en février, notamment à Paris pour jouer à la Cigale. J’espère aussi aller en Australie et en Asie, on est en train de voir ça. Tourner en Amérique du Sud également, et peut-être la première partie d’une grosse tournée américaine, dont je ne peux pas encore parler. On a beaucoup de gros trucs qui se préparent mais on attend la sortie de l’album, les réactions… On espère que les gens vont l’aimer ! L’album sort vendredi, je serai à Milan pour une séance de dédicaces. Je suis vraiment super excité par tout ce qui m’arrive !
Jacob Whitesides, nouvel album « Why » disponible dès le 9 septembre. En concert à la Cigale, Paris, le 27 février 2017.