Le documentaire musical Justin Timberlake and The Tennessee Kids tant attendu est enfin sorti en exclusivité sur Netflix après avoir été à l’honneur de festivals de cinéma tels que celui de Toronto. Aux commandes, Jonathan Demme, un habitué du documentaire musical et dont le génial Stop Making Sense (concert des Talkings Head en 1994) est une référence ultime en matière de concert filmé. On était donc très curieux de voir ce que l’association du réalisateur mélomane avec le perfectionniste qu’est Justin Timberlake allait bien pouvoir donner. Le contexte est ici très important, le 20/20 Tour est la tournée de la maturité pour Justin Timberlake. Après le bijoux de pop et R&B qu’est Future Sex/LoveSounds (2006), JT prend une longue pause où il apparaît sur les projets des autres et multiplient les rôles au cinéma. 7 ans passe avant qu’il ne sorte son successeur, l’ambitieux double album 20/20 Experience Alors qu’entre ses deux albums, Beyoncé, Drake et une toute jeune Rihanna ont assis leur autorité, sur le monde du R&B, Justin Timberlake opère un retour surprenant. Il n’est plus seulement une très efficace machine à danser. Mélodies plus complexes et exploration de territoires soul 2.0 sont au programme. La tournée est au diapason avec des costumes conçus par Tom Ford, un vrai live band et des danseurs qui ne sont pas là pour jouer la seule carte du sexy.
Jonathan Demme a réalisé son film à partir des deux dernières dates du 20/20 Tour, ce qui confère au show un cadre déjà très spécial. La tournée qui a compté 134 dates au total, s’est étalée de novembre 2013 à janvier 2015, c’est dire si l’émotion était de mise pour JT et son équipe. Une équipe mise en avant avec une certaine sobriété, le film est la captation assez brute du spectacle, les coulisses ne sont à proprement filmé que pour l’introduction. Le temps que chaque musicien et danseur se présentent face caméra. De quoi percevoir la proximité de cette équipe qui se sera côtoyée pendant deux ans. Justin Timberlake apparaît comme un chef d’orchestre discret, adressant un ultime pep talk plein de simplicité à son équipe. Une ligne qu’il observera tout au long du concert, il est au centre mais sans jamais donné l’impression de dominer comme Beyoncé !
Justin Timberlake a expliqué être très nerveux avant la sortie du film sur Netflix. Pourtant la tournée date de bientôt deux ans et a été largement encensée en son temps. Bel objet, ce Justin Timberlake + The Tennesse Kids est surtout l’occasion de rappeler à quel point JT est l’un des meilleurs entertainers/performers de sa génération. A l’heure où les concerts de Rap et R&B sont souvent pauvres musicalement ( DJ qui font semblant de scratcher une platine et autre bande son toute faite), ce concert rappelle qu’un show complet ce n’est pas seulement des chorégraphies à couper le souffle, c’est aussi de la musique live avec des instrumentistes de talent. Un concert où JT aura montré qu’il sait tout faire ou presque, du chant acappella sur Pusher Love Girl au grattage de guitare sur What Goes Around… Comes Around, sans oublier de belles chorégraphies mais sans jamais trop en faire ! La playlist du concert est essentiellement constitué de titres du double album 20/20 Experience avec aussi My Love, Like I Love You, Sexyback et quelques autres tubes d’antan. Des titres aux sons uniques car ils ont été ré-arrangés pour coller à l’esprit soul du dernier album de JT.
Justin Timberlake dédie ce film à Prince, [spoiler alert ] c’est écrit en toute lettre à la fin du film ! En interview il a ainsi précisé que » son influence surplombe la musique actuelle toute entière à tel point que j’ai pu de manière consciente et inconsciente lui emprunté des choses donc cela me semble juste de lui dédier ce film ». Pourtant en concert c’est à Michael Jackson qu’il fait la révérence à la faveur d’une très jolie reprise de Human Nature en plein milieu des spectateurs. S’il s’est écoulé autant de temps entre la fin de la tournée et la diffusion de ce film sur Netflix c’est peut être bien pour mettre un point final à cette période de Justin Timberlake. Après la parenthèse très pop qu’est la bande originale de Trolls, on espère cependant ne pas devoir attendre encore 4 ans avant de découvrir son prochain album…