Le Fyre ou Fiasco Festival, 5 points à retenir du documentaire Netflix

Un festival de luxe sur une île paradisiaque des Bahamas ? Sur le papier, l’idée fait rêver. Mais voilà, le Fyre Festival a viré au fiasco et pour beaucoup, la pilule aura été difficile à avaler. 

Le Fyre festival, ça vous dit quelque chose ? C’est le festival qui, sur le papier, devait vendre du rêve à tous les jeunes américains (ou non, d’ailleurs) richissimes en quête d’expériences intenses, c’est le festival qui, techniquement, aurait dû détrôner Coachella. Oui, sauf que… non. Le Fyre Festival, qui promettait pourtant un séjour inoubliable et des souvenirs imperissables à ses festivaliers, a viré au chaos. Si vous n’avez suivi cette affaire que de loin (en même temps, le Fyre Festival , en plus d’être installé au bout du monde, était destiné à une clientèle dont le commun des mortels ne fait pas partie), alors peut-être devriez-vous jeter un oeil à l’excellent documentaire publié sur Netflix. Du rêve au cauchemar, du virtuel au surréalisme, du Paradis à l’Enfer sur Terre, le Fyre Festival a littéralement fait vivre l’enfer aux Festivaliers mais aussi à toutes les personnes (de près ou de loin) concernées.

BILLY MCFARLAND

Billy McFarland était la tête du Fyre Festival. Evidemment, il n’était pas seul : en bon entrepreneur, il a choisi de s’entourer des meilleurs des meilleurs : communication, marketing, publicité… il a su aller chercher la crème de la crème pour mieux élaborer un projet qui tienne la route… sur le papier. Associé à Ja Rule en personne, l’américain n’a reculé devant rien pour se bâtir une fortune qui, forcément, n’était pas la sienne. Ce que l’on apprend dans le documentaire ? Plusieurs choses, en fait. On nous dit d’abord que Billy est un bon entrepreneur et c’est vrai. On nous dit aussi qu’il est très doué pour lever des fonds, on nous apprend qu’il sait convaincre les investisseurs. On nous apprend qu’il conduit une Maserati et qu’il dépense sans compter. Pourquoi ? Pour crédibiliser son image, bien sûr. On nous apprend qu’il a su rester stoïque face aux situations de crise, comme si rien ne le touchait.

De Billy, on dit beaucoup de choses. Mais ce que l’on aura retenu ? C’est qu’il est surtout un menteur compulsif, doublé d’un manipulateur.

DEMESURE

Dans un monde où l’on peut manger des côtes de boeuf recouvertes d’or, où les buildings de Dubaï sont les plus hauts du monde et où la réalité virtuelle prend de plus en plus de place, la démesure est presque devenue une marque de fabrique pour quiconque souhaite exister aux yeux du monde. Un festival sur l’île de Pablo Escobar ? Des villas quatre étoiles ? Un line-up incroybale (Blink 182, Migos, Disclosure…) ? Le Fyre festival en lui-même est un hommage à la démesure. Non, il est la définition de la démesure. La démesure, certes, mais pas pour tout le monde : que l’on accepte ou non, que l’on comprenne ou pas, il existe une clientèle pour qui le luxe est un mode de vie. Et c’est justement ce que recherchait McFarland avec son évènement : « Il voulait avoir l’impression qu’il appartenait à ce monde », décrit la Product Manager. La démesure oui, mais à quel prix ?

LES INFLUENCEURS

A l’ère du digital et du 2.0 n’essayez même pas de monter un projet sans avoir des influenceurs pour assurer la mise en vitrine. Et de ce côté-là, McFarland a misé sur les meilleurs : dans son spot publicitaire (qui envoie du rêve), le Fyre Festival nous laisse (presque) croire qu’en payant une somme astronomique, on pourra passer le week-end avec les plus grands mannequins de la planète – de Bella Hadid à Hailey Baldwin en passant par Emily Ratajkowski. Et d’ailleurs, elles sont toutes là, sur la plage, à vendre une image, un concept, un mode de vie éphémère qui, évidemment, ferait rêver n’importe qui. Et c’est justement là que le Fyre Festival a marqué des points : Bella y est ? Alors c’est là-bas qu’il faut être vu. Hailey Baldwin est de la partie ? Kendall Jenner poste pour le Fyre ? Alors mieux vaut revendre ses billets pour Coachella tout de suite. Et croyez-le ou non, des fidèles du festival Californien cherchaient (après avoir vu le martèlement sur les réseaux sociaux) à revendre leurs billets.

QUAND L’ARGENT APPELLE L’ARGENT

Monter un tel projet demande du temps, énormément de temps. Mais surtout, ça demande de l’argent – toujours, toujours plus d’argent. Si McFarland n’avait déjà pas énormément de temps devant lui (notez qu’il comptait monter un festival d’une envergure colossale en même pas six semaines alors que dans la vraie vie, 12 mois sont nécessaires), il jetait carrément l’argent par les fenêtres. En fait, il dilapidait les fonds des investisseurs « à une vitesse indécente », pour citer l’un des témoins interrogés. Salariés, agences, infrastructures mais aussi emplacement… l’argent partait bien plus vite qu’il n’entrait.

Voilà pourquoi tous les moyens furent bons pour estorquer toujours plus de fonds à ceux qui en avaient. Mais attention, on ne parle pas que des investisseurs ! Les festivaliers, eux aussi, en ont pris pour leur grade… pressions, publicités mensongères… tout était bon pour leur prendre le plus d’argent possible. Tenez-vous bien, un groupe de festivaliers serait allé jusqu’à miser près de 800 000 dollars sur du cashless.

GENIE OU INCONSCIENT ?

Billy McFarland est-il un génie ou bien, un fou inconscient ? Chacun se fera sa propre idée en regardant le documentaire. Toujours est-il qu’il aura brassé des millions (si ce n’est des milliards) de dollars en un temps record pour mieux voir le Fyre Festival s’écrouler peu à peu, difficulté après difficulté, problème après problème. Mais, ce que l’on retiendra surtout, c’est le traitement réservé aux festivaliers qui, malgré leurs questions restées sans réponse sur les réseaux sociaux ont fait le déplacement jusqu’aux Bahamas. On leur a promis le Paradis, il ont pris un aller simple pour l’Enfer.

Incarcéré, Billy McFarland répond de ses actes devant les autorités américaines. Mais le pire dans l’histoire, c’est que pour certains des témoins interrogés, ça ne lui servira pas de leçon : « Ce genre de mec ne retient la leçon qu’en allant en prison », déclare l’un des anciens employés. « Je ne serai pas surpris si dans dix ans, on entend parler de lui, qu’il lance un nouveau truc qui soit imaginatif et qui fonctionne vraiment et que ça marche à nouveau pour lui ».

Billy McFarland a écopé de six ans de prison et n’a plus le droit de diriger une entreprise cotée en bourse.

Vous pouvez modifier vos préférences en cliquant içi :