C’est une affaire qui dure depuis plusieurs années. En 2017, Ed Sheeran est accusé d’avoir plagié Marvin Gaye. On le soupçonne d’avoir piqué une suite d’accords qu’on peut entendre sur le titre légendaire Let’s Get It On (1973) pour son tube Thinking out Loud. C’est la fille du co-auteur du morceau, un certain Ed Townsend, qui porte l’affaire devant la justice.
En mai 2023, le jury du tribunal fédéral de Manhattan donne son verdict : Ed Sheeran n’a pas plagié Marvin Gaye. Cette suite d’accord est très populaire, elle est inscrite dans de nombreux manuels de guitare et l’artiste britannique peut repartir libre avec un poids en moins sur ses épaules.
Sauf qu’au même moment, la Structured Asset Sales (SAS), qui possède une petite partie des droits de Marvin Gaye, attaque également en justice Ed Sheeran pour les mêmes raisons. Un premier verdict rendu le 17 mai 2023, en faveur d’Ed Sheeran. Mais la société fait appel. Le 1er novembre, la cour d’appel de Manhattan a tranché : non, Ed Sheeran n’a toujours pas plagié Marvin Gaye.
Pour la justice, cette suite d’accord est beaucoup trop fréquente pour être protégée par des droits d’auteur. « La progression de ces quatre accords en question – omniprésente dans la musique pop – même associée à un rythme harmonique syncopé, est trop bien répandue pour atteindre le seuil d’originalité exigé par la loi sur le droit d’auteur. La sur-protection de ces éléments de base risquerait d’étouffer la créativité et de compromettre l’objectif de la législation sur le droit d’auteur », estiment les juges.
D’ailleurs, comme l’explique Billboard, plusieurs chansons, comme Since I Lost My Baby de The Temptations (1965), sont sorties avant Let’s Cet it On de Marvin Gaye et possèdent la même suite d’accords. « Dans le domaine des chansons populaires, de nombreuses compositions, sinon la plupart, présentent une certaine similitude avec des chansons antérieures, écrit le tribunal. Ainsi, même si une progression d’accords et un rythme harmonique similaires peuvent créer un son et une sensation similaire, cela ne suffit pas. »
Ces décisions en faveur d’Ed Sheeran devraient donc permettre aux artistes de créer plus librement. Si les plagiats sont effet condamnables par la loi, ils ne peuvent se résumer à une suite d’accords basique. Et c’est tant mieux pour la pop music.