Melodrama n’aura eu besoin que de quelques heures après sa sortie officielle le vendredi 16 juin pour devenir l’album le mieux noté de 2017 sur le site Metacritic. Un score hautement mérité car le second album de Lorde est parfait. Sur les onze chansons écrites et produites avec Jack Antonoff (Bleachers), aucune n’est à mettre de côté. En laissant passer quatre ans entre Pure Heroine et son successeur, la néo-zélandaise a pris un (petit) risque, celui de se faire oublier ou de revenir avec une recette qui ne marcherait plus. Mais débarrassée de ses oripeaux de jeune prodige, Lorde n’en apparaît pas moins talentueuse, bien au contraire. Et alors qu’on avait cru que Melodrama serait un album un peu trop triste sur une rupture sentimentale, c’est finalement une collection de chansons sur la solitude, très cathartique qui se dévoile.
Melodrama est un album qui fonctionne de manière très binaire, ce qui le rend d’autant plus plaisant. Le titre Sober se dédouble avec Sober II ( Melodrama) tandis que le très émotionnel Liability a droit à une réponse, Liability ( Reprise), et même un titre comme Supercut, bien que situé en fin d’album semble raconter une histoire qui précède celle de Green Light, le puissant titre d’ouverture. Les deux chansons partagent un tempo similaire et possède la même dimension tubesque. Globalement, Melodrama est follement réussi car c’est un album sur lequel on devrait avoir envie de pleurer, mouchoir à la main, et finalement on a un peu l’impression que Lorde nous offre la bande originale idéale pour hurler son mal être en club et avec euphorie.
Il y a bien sûr quelque moment de d’émotions crues comme sur Liability ou Writers In The Dark, où Lorde vient titiller son côté Kate Bush en faisant montre de performances vocales impressionnantes. Lorde a tout d’une vieille âme enfermée dans le corps d’une jeune fille et pourtant elle explore bien des thèmes chers à sa génération, celle des millenials comme sur Hard Feelings/Loveless où elle répète à l’infini » We’re L.O.V.E.L.E.S.S Generation » ( « on est une génération sans amour ») et sur Perfect Places. Pour une artiste qui a appelé son deuxième album mélodrame, Lorde n’en fait jamais trop, la chanteuse est toujours très juste pour décrire des sentiments universels avec une belle finesse d’écriture et un sens de la parfaite mélodie. Rendez-vous dans un peu plus de six mois pour les traditionnels tops de fin d’année où elle devrait figurer en très bonne position.