L’année 2017 s’annonce chargée pour Møme, l’artiste a sorti son premier album, Panorama, en novembre dernier et se lance dans une tournée de longue haleine. Il nous fait le plaisir de passer par Electroshock Strasbourg ce vendredi 27 janvier. On a eu l’occasion de rencontrer l’artiste il y a quelques semaines, dans le cadre du festival Eurosonic ( Groningen, Pays-Bas). L’occasion pour le niçois Jérémy Souillart de se confier sur le projet Møme, sur Panorama l’album qu’il va défendre toute l’année sur scène, et nous parler de son univers au delà du tubesque Aloha.
europe2.fr : Comment est né Møme, et surtout comment es-tu passé du rock à ce projet électro ?
Møme : « J’ai toujours été intéressé par la musique électronique en fait j’ai été pianiste avant d’être guitariste donc j’ai toujours composé en parallèle sur des synthés. C’est juste qu’à l’époque je faisais des productions dans ma chambre et que je ne sortais pas ces musiques. Le jour où j’ai décidé de me lancer vraiment là dedans , c’est le jour où j’ai sorti mes musiques avec Mome. »
Pourquoi es-tu parti en Australie pour composer ?
» C’était un rêve personnel, j’avais très envie de partir pour faire du surf et voyager. J’avais aussi le but d’écrire un album sur le route donc j’ai acheté un van et je me suis lancé. J’ai toujours été influencé par la musique australienne, par toute la génération 2010, celle du label futur classique avec Flume, Chet Faker etc, c’était donc logique pour moi de partir là bas. «
Panorama c’est le reflet des différents paysages que tu as découvert là -bas ?
« J’ai appelé l’album Panorama parce qu’en fait j’ai composé chaque musique dans des panoramas vraiment différents. Arrivé à la fin de l’album, c’était un peu comme si j’avais tenu un carnet de voyage musical. Maintenant je vois mon album comme un souvenir, et c’est assez cool car à travers chaque son, je me souviens du contexte dans lequel je l’ai composé. Mon but c’est que les gens qui m’écoutent ressentent la même chose et connaisse mon histoire comme ça. »
Les chanteurs qui sont en featuring sur l’album tu les connaissais avant ou tu les as rencontrés sur place ?
« Avant de partir en Australie, j’ai créé Aloha avec Merryn Jean, qui est australienne, et qui était en voyage en Europe. Le morceau a été crée un mois avant que je parte dans l’euphorie du départ. Elle est repartie à peu près au même moment où je partais également, du coup sur place elle m’a présenté beaucoup de gens de son entourage, pas mal d’artistes et de chanteurs australiens. »
Tu es très attaché à l’Australie mais est ce qu’il y a aussi des choses qui te plaisent en Europe ?
« Je suis pas mal influencé par la musique anglaise en général. Disclosure… J’écoute aussi beaucoup Mura Masa en ce moment. Avant l’Australie, j’étais déjà parti en Angleterre pour découvrir le pays, c’était à l’époque où j’avais un groupe de rock. C’était marrant je faisais des concours d’open mic dans les bars. »
Et en France ?
« La scène electro en France est variée, il y a la deep qui est portée par des artistes comme The Avener, Kungs, Feder, et puis il y a des gens plus indés comme Fakear et Petit Biscuit dont je me sens plus proche. Mais au niveau des influences, je reste vraiment tourné vers ce qui se passe à l’étranger. Alors bien sûr je regarde ce que font mes confrères, il y aura peut être des collabs qui vont se développer dans le futur… »
Le succès phénoménal d’Aloha tu le vis comment ?
« Des fois j’ai l’impression qu’il y a d’un côté Aloha, une musique qui a énormément marché comparé à mes autres musiques, qui sont peut être moins accessibles et qui tendent vers un projet moins facile d’écoute. Mais mon but c’était vraiment de créer un univers. Finalement, je remplis des salles où les gens connaissent mes musiques, même si elles ne sont pas forcément populaires, et pas juste Aloha. C’est quand je suis rentré d’Australie que j’ai pris conscience de l’ampleur qu’avait pris Aloha, quand je l’entendais en boucle à la radio. C’est la chanson qui m’a fait connaitre au grand public, les radios ont fait grossir mon projet c’est certain. Mais Aloha je l’ai composé comme n’importe quel titre, c’est génial qu’il ait autant marché mais j’espère que d’autres morceaux marcheront aussi bien. »
Routine (chanson avec Nieve) lorgne du côté du hip hop, on a aussi cru comprendre que tu étais intéressé par le R&B…
« La production R&B actuelle m’impressionne car les américains sont à la pointe, ils ont une super matos et un savoir faire incomparable dans le domaine, c’est ce qui m’attire dans le R&B ainsi que tout ce qui est rythmique. Un mec comme Kaytranada qui te mélange ça avec l’électro, je trouve ça génial. Je rêverai de faire une collab avec lui mais aussi avec des artistes aux voix soul comme Lianne La Havas ou Alicia Keys. C’est un délire qui me plait bien même si ça reste encore un rêve pour le moment… »
Tu parlais de Bande Originale également ?
« Sur mon label, DDL Recording, il y a un réalisateur qui s’appelle Alexandre Brisa avec qui j’ai fait tous mes clips. Seulement, un clip ça ne suffit pas à développer une idée suffisamment construite. L’idée ce serait donc de développer son scénario, et je m’occuperai de la dimension sonore. Ça m’intéresse mais cette année ce sera pas possible car j’aurai trop à faire avec la tournée. Mais je garde ce projet dans un coin de ma tête. Il faut beaucoup de maturité avant de se lancer dans un projet comme ça. Il faut être sûr de ce qu’on veut faire, c’est beaucoup de travail, il faut s’y consacré à 100%. »
Donc l’année prochaine tu seras concentré uniquement sur la tournée ?
» J’ai énormément de dates prévues sur tout l’année donc oui je pense que vais essayer de ne pas trop m’éparpiller. En ce moment je suis quand même en train de bosser sur trois nouveaux morceaux qui sortiront dans les mois à venir. La création c’est très important pour moi, la scène ça m’ait vraiment tombé dessus ! Je voulais pas être sur scène juste pour faire danser des foules donc sur la route je vais continuer à créer. Sur la tournée, je vais également réfléchir à la construction de mon live, c’est très important pour moi. »
Le premier album dépend complètement de ton voyage en Australie, le second risque donc de sonner très différemment ?
« Je suis très ouvert mais je vais rester dans l’électronique, je vais pas partir dans la folk même si j’aime ça et que j’en joue chez moi (rires) Pour mon prochain album, l’important ce sera de garder la notion d’authenticité et de garder le rapport au voyage. Cette année avec la tournée je vais faire pas mal de nouvelles rencontres. Je pense donc que l’expérience humaine sera encore plus forte que sur Panorama. J’ai déjà quelques petites idées mais pour le moment je préfère ne pas en parler (rires). »