« Si vous saviez à quel point c’est compliqué de revenir. » Cette phrase, prononcée par Clara Luciani lors d’une interview accordée à Numéro quand on lui demande comment elle a géré la pression du troisième album, en dit long. Oui, après deux énormes succès (Saint-Victoire puis Cœur), forcément, Clara Luciani s’est mis la pression. Celle de faire au minima aussi bien, la volonté de toujours faire mieux, d’aller plus loin, plus haut. La pression de ne pas vouloir décevoir son public qui certes, l’aime, mais qui peut rapidement détourner le regard.
Bref, entre la pression inhérente à la création d’un nouvel album et l’arrivée de son premier enfant, Clara Luciani a pas mal cogité. Puis elle s’est mis en tête de faire un grand disque pop, entre ballades intimistes et tubes en puissance, inspiré par ceux et celles qu’elle admire (genre les Beatles, Paul McCartney, Gainsbourg, Françoise Hardy, etc.). Un album franc, personnel et bourré de refrains entêtants qui risque de tourner en boucle chez vous, à la radio, dans vos soirées, et plus globalement dans votre vie.
C’est son disque le plus personnel
L’amour, la naissance de son premier enfant, sa jeunesse, sa famille, ses potes : écrit durant sa grossesse, Mon Sang aborde des thèmes que Clara Luciani n’avait pas évoqués auparavant. « J’étais très inspirée et j’ai écrit sur des sujets que je n’avais jamais abordés avant. (…) C’est comme si tout à coup, il m’avait donné le courage de parler de plein de choses que je n’avais jamais évoquées encore », raconte la Française à Radio France. « Je suis partie dans une espèce de quête identitaire, pour comprendre qui je suis, retracer mon histoire, parler de ma famille… », ajoute-t-elle au journal La Voix du Nord.
Apprendre à apprécier les moments seule ou à composer avec sa famille (Seule), envoyer des messages qui viennent du cœur à son enfant (Roule), le deuil d’une amitié (Chagrin d’ami), la charge mentale (Courage) ou encore sa relation apaisée avec sa maman (Ma Mère), ce disque — qui fait parfois penser à l’album Goon de Tobias Jesso Jr, un proche collaborateur d’Adèle — est donc une plongée dans l’intimité de Clara Luciani. Petit fun fact : ses parents ont participé à l’album, en réalisant des chœurs. Une première.
Un style d’écriture épuré
« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, l’avenir baille dans le métro » ; « Mais un amour pareil mon chéri, ça s’observe depuis la stratosphère, ç’est une fois par millénaire » ; « Nous étions un monstre à deux têtes, un coffre à histoire secrète, il n’y a rien que je regrette » ; « Et encore une soirée en tête-à-tête avec tous mes fantômes et mes défaites » : l’une des forces de Clara Luciani sur Mon Sang est de réussir à trouver les mots justes, les mots simples et les bons mots pour décrire ce qu’elle ressent. Un exercice de style délicat, surtout en français, qui est parfaitement maîtrisé par la chanteuse sur ce disque. Car Clara n’a pas cherché à complexifier son écriture, mais à trouver les mots les plus adéquats — même si ce sont parfois les plus flagrants et simples —, et ceux qui s’imposaient comme une évidence. Une sincérité qui va droit au cœur.
Une équipe de choc
Pour cet album, comme on vous l’a raconté ici, Clara a été bien entourée. Au fil du temps, elle s’est associée avec des musiciens et producteurs qui l’accompagnent dans sa carrière musicale, et qui l’aident à mettre en musique ses visions et ses envies.
Sur Mon Sang, on retrouve Sage — qui est là depuis les débuts, « l’un des hommes les plus importants de ma vie » (sic) —, Pierrick Devin, qui est arrivé pour le second album Cœur, et qui a su « réinventer notre son et redonner à certaines chansons la fraîcheur qu’elles avaient perdue » et puis Max Baby, un jeune musicien et producteur qui a été aux manettes de morceaux comme Cette Vie ou encore Roule. Un trio de choc qui permet à la Française de ne pas se répéter musicalement tout en affirmant un style. Clara Luciani peut désormais souffler : l’étape du troisième album est réussie, avec les félicitations du jury.