Muse en concert à l’O2 Arena de Londres : un show grandiose et futuriste

Parce que chez europe2.fr on n’en a jamais assez, nous étions hier soir à l’O2 Arena pour le 4ème show londonien de Muse. On vous raconte bien sûr cette soirée grandiose !

Désormais connu et reconnu comme l’un des meilleurs groupes du monde, Muse cherche à repousser ses limites et à aller au delà de la musique. N’en déplaise à certains, qui pourraient y trouver un manque d’authenticité, il ne s’agit plus exactement d’un concert, mais d’un véritable show où chacun doit vivre une expérience tant visuelle que sonore. Alors sur cette tournée, l’objectif du groupe anglais était de donner vie à son oeuvre musicale. En entrant dans la superbe salle de l’O2 Arena, l’imposante scène à 360 degrés fait toujours son petit effet. La visibilité du concert est optimale et les spectateurs en fosse placés au plus près du groupe. Comme d’habitude, le show s’ouvre sur le titre éponyme « Drones », et la salle se retrouve plongée dans le noir tandis que s’élèvent les voix d’une chorale. « Nos vies entre vos doigts et votre pouce, ne ressentez-vous rien ? Etes-vous morts à l’intérieur ? » Tout de suite, le ton est donné. La fin du monde est bien évidemment un sujet récurrent chez Muse, convaincu que l‘humanité court à sa perte. Utilisant la musique pour critiquer la société moderne, le trio s’est déjà intéressé à la corruption politique, à la cupidité des grandes puissances du monde et à la révolution contre le système capitaliste. Entre autres. Avec Drones, Muse évoque cette fois la froideur émotionnelle dont font preuve les hommes du 21e siècle, complètement lobotomisés et incapables de réfléchir par eux-mêmes. L’album raconte l’histoire d’un soldat manipulé par les autorités supérieures, qui détruit tout sans aucun état d’âme. Ces machines de guerre insensibles sont donc au coeur du dernier album et sur scène, elles sont représentées par une douzaine de drones lumineux qui évoluent en rythme de façon synchronisée.

Les voix glaçantes font rapidement place aux grincements des cordes de guitares et Matt Bellamy, Dom Howard et Chris Wolstenholme investissent enfin la salle avec le redoutable « Psycho ». En fosse, le public londonien réagit au quart de tour pendant que les spectateurs en gradins se lèvent timidement. Le groupe enchaine avec « Reapers », l’un des morceaux rock les plus excitants de cette année. Le concept de cette scène tournant sur elle-même est on ne peut plus réussi et permet à l’ensemble de public de voir le trio de manière aléatoire. Si le show fait bien évidemment la part belle à l’album Drones, les fans de la première heure sont ravis de pouvoir chanter à tue-tête sur les hits incontournables que sont devenus « Bliss », « Plug In Baby » ou « Time Is Running Out ». La setlist s’avère d’ailleurs être bien différente de celle de la première date parisienne de Muse à l’AccorHotels Arena ! Même après toutes ces années, on est à chaque fois bluffé par les capacités vocales de Matt Bellamy et la dextérité impressionnante dont il fait preuve. Avec plus de 20 ans de carrière à leur actif, les trois musiciens sont aujourd’hui des artistes accomplis et n’ont plus rien à prouver. Matt Bellamy nous gratifie de ses talents de pianiste en retrouvant son instrument de prédilection sur la b-stage. Grâce à de brillants jeux de lumières, chanteur et bassiste se retrouvent contrôlés telles des marionnettes par un robot géant en interprétant « The Handler ». Les rideaux qui montent et descendent de part et d’autres de la scène sont du plus bel effet et les nombreuses projections créent une atmosphère toute particulière. L’ambiance monte d’un cran sur « Supermassive Black Holes ». « Starlight » est repris à l’unisson alors que des ballons géants sont lâchés sur la foule. Arrive alors l’une des très bonnes surprises de la soirée : Matt Bellamy rejoint son piano pour « Apocalypse Please », titre puissant extrait de l’album Absolution.

Alors que le chanteur disparait quelques instants, Chris Wolstenholme (inaugurant une nouvelle basse ce soir-là) rejoint Dom Howard pour un jam. On est d’ailleurs toujours impressionné par les solos de batterie de Dominic, qui tourne sur le plateau central, et on se demande même comment un si petit corps peut faire autant de bruit ! Matt Bellamy reprend ensuite sa place de leader et balance le riff du cultissime « Plug In Baby », qui provoque l’hystérie dans l’assemblée. Grand moment également lorsque s’ensuit le redoutable « Assassin », l’une des pépites de Black Holes and Revelations. Au milieu des films d’émeutes, des rafales de lights et de la batterie tambourinante, on se sent comme un pion minuscule perdu au milieu d’une bataille. La révolution continue avec « Time Is Running Out » puis « Uprising », scandés en choeur par les milliers de fans survoltés. Matt se rassoit alors derrière son piano pour « The Globalist », véritable masterpiece du dernier album. Ce mini-opéra est une pure merveille et prend tout son sens grâce aux projections de villes détruites et enflammées. Alors qu’il nous faudrait déjà une deuxième paire d’yeux pour pouvoir tout regarder, deux OVNI à l’apparence menaçante survolent la foule dans une ambiance surréaliste. Après un cours rappel, les drones lumineux reprennent leur chorégraphie inquiétante et le trio réapparait sur la scène centrale. Bien plus puissante en live que sur la version studio, « Mercy » s’achève sous une pluie de confettis et de serpentins. Et déjà retentissent les premières notes d’harmonica, qui annoncent inévitablement l’ultime chanson du set : « Knights Of Cydonia ».

Aux sons de guitare aiguisée et de drums entêtants, le trio remercie chaleureusement son public avant de disparaître sans trop s’attarder. Grandiose et très abouti, le show du Drones Tour allie technologie de pointe et rock surpuissant pour un concert futuriste. On regrette en revanche un gros manque de communication, aussi bien envers le public qu’entre les membres du groupe, qui semblent jouer chacun dans leur coin sans trop de spontanéité. Contrairement à Bono, Matt Bellamy n’est pas un adepte des longs discours engagés et préfère laisser les engins volants et les projections visuelles parler à sa place. Ce qui n’est pas parfois pas plus mal, finalement. Le chanteur a d’ailleurs expliqué la raison pour laquelle il ne parlait jamais sur scène, mais il est tout de même dommage qu’il interagisse si peu avec son public. En revanche, les trois britanniques sont visiblement toujours ravis de jouer à domicile et le public anglais le leur rend bien. Par ailleurs, le trio prend soin de modifier régulièrement sa setlist chaque soir, laissant la place à quelques surprises et nouveautés tout au long de la tournée, ce qui est grandement appréciable. Proposant un show parfaitement au point et millimétré, Muse vise toujours plus haut dans la démesure et s’affirme sans aucun doute comme l’un des groupes les plus excitants de sa génération.

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