Chris Wolstenholme annonçait que Muse souhaitait « revenir à un trio guitare-basse-batterie », en minimisant l’impact de la musique électronique sur le son du groupe britannique. Quand on se penche un peu sur la question de la technologie chez Muse, on constate une certaine contradiction. Les membres du groupe ont prouvé à de nombreuses reprises qu’ils adoraient y avoir recours, que ce soit au niveau de leurs lives, de leurs instruments, de leurs clips ou encore de leur travail en studio. Mais tout au long de leur carrière, le trio a montré que la technologie les inquiétait. Chris Wolstenholme nous explique cette double fascination « Quand je grandissais, la technologie était quelque chose de fun, quelque chose d’amusant, de divertissant. Mais récemment nous sommes arrivés à un point où il est tout simplement impossible de vivre sans. On ne parle plus d’amusement désormais, on parle de dépendance à la technologie ». Une dépendance qui s’assimile à un esclavage demande-t-on à Chris « C’est exactement ça ! La façon dont la race humaine communique est devenue très étrange, on peut avoir un tas d’amis sans jamais rencontrer quelqu’un réellement. On aborde ça à travers la thématique du manque d’empathie dans l’album ».
Le protagoniste de Drones perd tout espoir, et il évolue dans un environnement où l’empathie a disparu. La vision du monde de Muse, que Chris Wolstenholme explicite encore un peu plus « Comment est-ce possible d’avoir réellement de l’empathie pour quelqu’un avec qui tu es simplement connecté dans un monde virtuel ? Quelqu’un avec qui tu n’as jamais eu aucun contact réel ? ». Une idée personnifiée par les drones tueurs, ces machines de guerre qui permettent de tuer à distance, sans jamais voir sa victime en face. Le bassiste continue « C’est ce qui m’inquiète quand je parle des avancées technologiques, c’est le fait que nous puissions presque vivre l’intégralité de nos vies à travers la technologie. Nous n’avons plus à quitter notre maison désormais ». La technologie nous enracine selon Chris « On peut parler aux gens par internet, on peut faire ses courses via internet, on peut regarder un film via internet, on peut écouter de la musique via internet… Pourquoi se donner la peine de sortir de chez soi ? D’une certaine façon ça nous transforme en drones humains ». Tout en imitant un droïde avec beaucoup d’humour, Chris conclue sa réflexion comme ceci « Je peux à peine imaginer comment ce sera dans 20 ans, on sera peut-être tous branchés à une machine, assis dans notre chaise et divertis par la technologie. Car nous n’aurons absolument plus rien à faire par nous-mêmes ».
Lorsqu’on parle de l’usage des avancées technologiques, nous sommes obligés d’aborder les personnes qui décident de leur utilisation. Sujet qui passionne le groupe, l’influence du pouvoir sur l’individu est l’une des thématiques principales de Drones. Quand on lui demande s’il pense que les mauvaises personnes sont aux commandes, Chris explique que nous ne sommes pas assez informés « Il y a tellement de choses que l’on ignore. Le problème c’est que les multinationales, les organisations internationales et les gouvernements n’ont jamais été transparents. On essaye toujours de se persuader que ces gens font des choses pour l’intérêt général mais honnêtement, on ne voit jamais le résultat de ce qu’ils font ». Le bassiste de Muse explique que les politiques vendent des illusions aux gens, ce qui justifie la défiance de l’opinion publique à leur égard « On ne voit jamais la face immergée de l’iceberg. C’est la raison du sentiment de méfiance que des gens éprouvent, il y a très peu de personnes qui apprécient les politiciens. Ils disent qu’ils vont faire des bonnes choses, mais au final ce sont des illusions. C’est pour ça qu’il y a une méfiance généralisée à l’égard de la direction et de l’autorité ». Rendez-vous demain sur europe2.fr pour lire la suite de notre entretien avec le bassiste de Muse !