Oscar and the Wolf, un nom pluriel dont on pourrait croire qu’il s’agit de celui d’un groupe, mais qui est en fait la double facette de Max Colombie. Un chanteur belge dont le projet musical excite la scène internationale depuis 2013. A l’époque, il assure les première parties de Lou Reed, excusez du peu, et la sortie de son premier album en avril de l’année suivante va faire de lui une star dans son pays natal. Là bas il remplit des salles immenses, et si en France le chanteur ne squatte pas encore le sommet des charts, son succès d’estime est certain, sa date au Yoyo ( Paris) affichait complet plusieurs semaines à l’avance. On a rencontré l’artiste au lendemain de son apparition sur la plateau de Quotidien, émission dans laquelle les labels ont tout intérêt à placer leur artiste pour leur offrir une belle visibilité. Fatigué par sa soirée de la veille, notre oiseau de nuit s’est néanmoins montré très affable et disert lors d’une interview où on a abordé pêle-mêle son statut de pop star en Belgique, son nouvel album, ses influences ou encore sa passion pour les séries.
La musique d’Oscar and The Wolf, surtout sur son deuxième album Infinity, est un subtile mix d’électro, de dream pop et d’inflexions R&B. Un univers nocturne qui oscille entre moments de pure joie et abîmes de mélancolie. Un équilibre qui se retrouve jusque dans le nom de scène de Max comme il nous l’explique. “ Il y a deux personnalités en moi, Oscar représente la lumière et le loup [wolf en anglais, NDLR] les ténèbres. Ça a toujours été important pour moi que lorsque l’on écoute ma musique, on ne puisse pas décider si ce que je chante est joyeux ou triste”. Les tubes de Oscar and The Wolf nous donnent il est vrai souvent envie de danser avant que l’émotion ne nous submerge “Je pense que les gens ont vraiment besoin de beaucoup danser quand ils se sentent tristes donc ma musique est à cette image, quelque chose de dansant mais sur lequel on peut aussi verser quelques larmes”.
Si la lumière et les ténèbres sont au cœur du projet d’Oscar and The Wolf, on détecte également une passion pour les voitures sur son dernier album avec les titres Chevrolet et Pretty Infiniti “Quand vous êtes amoureux, il y a toujours des choses matérielles que vous rattachez à la personne que vous aimez. La voiture et le fait de conduire ont quelque chose de très romantique pour moi. Quelqu’un qui vous conduit, c’est quelqu’un qui vous conduit dans son univers, c’est intime.” L’infinité qui donne son titre à l’album et le jeu de mot de Pretty Infiniti (Infiniti est une marque de voiture) s’expliquent quant à eux par l’angoisse que peut provoquer chez l’artiste la finitude des choses “ Quand je pars en vacances, à peine commencent-elles que je suis déjà triste de savoir qu’elles vont disparaître. Je ne sais pas si tu as vu l’épisode San Junipero de Black Mirror, mais après avoir écrit l’album je l’ai vu, et je me suis dit que ça reflétait vraiment ce que je raconte dans l’album”. Quant au phrasé rappé que Max utilise sur ces deux chansons il l’explique ainsi “J’en avais marre de chanter en faisant traîner les mots comme sur mon premier album. Là sur ces deux titres on dirait quasiment que je dis les mots plutôt que je ne les chante mais je suis content d’avoir exploré cette façon plus rapide de chanter. On pourrait penser que ce ne sont pas les paroles les plus profondes et les plus tristes et pourtant elles le sont !”
Quand on essaye de gratter les influences de l’artiste, celui se montre un peu plus mystérieux, un peu moins loquace. “ Quand on enregistrait au studio, entre les prises pour se relaxer on écoutait beaucoup Kutiman, un artiste israélien qui fait du jazz un peu rebelle, mais aussi pas mal de Caribou. Sinon je n’écoute pas de musique quand je suis à la maison parce que lorsque je fais ça, j’ai l’impression de travailler. C’est bizarre mais ça ne me relaxe pas d’écouter de la musique sauf si je suis en voiture. Dedans j’écoute beaucoup de radios qui diffusent de la musique classique. J’ai l’impression alors que c’est la Bande Originale de ma vie. J’adore écouter des bande originales de film qui utilisent de la musique classique comme dans Melancholia ”
L’intérêt d’Oscar and The Wolf pour l’univers cinématographique et télévisuelle est d’ailleurs très fort. Il rêve de collaborer avec Harmony Korine ou Roman Polanski et signer la bande originale de l’un de leurs films même si son appétence pour les séries semble encore plus grande. “T’imagines avoir écrit la bande originale de San Junipero ? J’adorerai signer la BO de Black Mirror, American Horror Story ou Handmaid’s Tale ” Le chanteur confie également une passion pour les créations d’Alan Ball à qui l’on doit Six Feet Under et True Blood, quand on plaisante en lui disant qu’on l’aurait bien imaginé joué un vampire dans cette dernière il rétorque “ Moi ? je suis très mauvais acteur, mais j’aurais adoré signer la Bande Originale”. Max s’investit en tout cas beaucoup sur le tournage de ses propres clips “Je choisis toujours de travailler avec un réalisateur en qui j’ai confiance. J’ai toujours des idées très claires en tête et la frustration de me dire que ça ne va pas être reproduit exactement comme je voudrais, mais je n’ai pas le temps de réaliser. Je le fais un peu quand je suis sur le tournage, je fais des demandes au directeur de la photographie… Mais toute la préparation en amont c’est trop de travail, c’est pas possible, c’est fou (rires) » Quant à l’idée de réaliser un mini film à la façon de nombreuses pop star (le Mania de The Weeknd récemment ou Tove Lo qui a illustré en vidéo l’intégralité de son dernier album) le chanteur l’exclut en nous expliquant “Je n’aime pas les films de série B, il faudrait donc que je dispose d’un budget hollywoodien (rires)”.
La relation d’Oscar and The Wolf à la célébrité n’est pas si simple, car en Belgique il est clairement une star. “ Quand tu fais un album et que tu n’es rien, tu as envie que ça marche car tu veux que la musique devienne ton travail, tu veux gagner ta vie avec ça. Mais tu n’oses pas penser de manière égocentrique au fait que tu vas rencontrer le succès et devenir célèbre (rires) Je me disais que j’étais un petit artiste indie, et quand le disque est sorti c’est comme si c’était devenu un truc super pop. Quand les gens ont commencé à me reconnaître, c’était bizarre, ça me faisait même un peu peur de sortir mais bon je ne devrais pas trop m’en plaindre (rires) » Le chanteur pourrait très bien échapper à son petit problème d’anonymat en partant vivre à Tel Aviv, une ville qui le fait rêver pour son climat d’ouverture même s’il reconnaît avoir envie de vivre dans tous les pays où il est amené à se produire en concert, à l’exception de ceux où il fait froid et des villes comme New York et Londres. On lui souhaite en tout cas de finir par rencontrer un succès aussi massif en France que celui qu’il connait dans sa contrée natale, car c’est bien le moins qu’il mérite.
Propos recueillis par Nadia Neghyef pour europe2.fr