Écrit par Robin Ecoeur - Publié le 27 Mai 2024 à 10:29

De la musique bricolée dans sa chambre aux premières parties de Dua Lipa en passant par des collaborations avec Phoenix, l’Américaine Clairo est en train de s’imposer comme une voix qui compte. Elle vient d'annoncer so troisième album « Charm ».

En 2022, Clairo est programmée dans un festival au Portugal, le NOS Alive. Mais à cause d’un problème de transport, la jeune Américaine doit annuler son concert. Ce soir-là, les Strokes sont l’une des têtes d’affiche de l’événement. Et pour la consoler — mais aussi pour lui rendre un petit hommage — les Américains décident de reprendre l’une de ses chansons, Sofia, sur scène. Clairo, ce n’est pourtant pas Lana Del Rey ou Taylor Swift. Mais l’artiste, qui a commencé seule dans sa chambre en postant des reprises de Frank Ocean et de Mumford & Sons, possède un capital sympathie inégalable qui fait d’elle une chanteuse à part.

Comme Angèle, l’histoire de Claire Cottrill débute avec une connexion internet et l’envie de chanter. À l’adolescence, elle poste ses reprises sur le net. Et puis un beau jour, l’une de ses chansons, enregistrée sur Garageband pour une compilation cassette limitée à 250 exemplaires du label Father/Daughter Records, explose sur la toile. Le morceau, qui parle de la pression de la perfection quand on est en couple, cumule aujourd’hui plus de 100 millions de vues sur YouTube. Pour Clairo, cette chanson marque le début de l’ascension.

Journal intime

En 2018, tout s’accélère pour Clairo. Elle sort un premier EP qui est le reflet de son algorithme YouTube, avec des influences allant de l’indie rock (Vampire Weekend, Mac DeMarco, les Strokes, etc.) à la vaporwave en passant par les musiques électroniques des années 80.

Elle est courtisée par plusieurs grands labels, Dua Lipa l’invite à faire ses premières parties et l’Américaine part faire la tournée des festivals. En coulisses, on l’accuse d’être une « nepo baby » (une fille de, en VF) car son père, qui a travaillé dans le marketing pour Converse et Coca-Cola, aurait facilité les choses grâce à ses contacts. Claire ne le cache pas, et assume le fait qu’elle vient d’un milieu privilégié. Mais ce sont ces chansons qui lui permettront de se faire un nom, pas le carnet d’adresses de son papa.

En 2019, elle emménage à Brooklyn et sort son premier album Immunity. Un disque sous forme de journal intime où l’Américaine de 20 ans, qui vient d’une petite ville idyllique située près de Boston, raconte en détails les histoires de sa vie : tentative de suicide, insécurité, dépression, sa maladie (de la polyarthrite rhumatoïde) ou ses peines de cœur. « Il s’agit de la capacité que j’ai trouvé à transformer les expériences et les sentiments négatifs en quelque chose de positif. J’honore les chansons tristes qui ont besoin d’être ressenties, et les chansons joyeuses qui ont aussi besoin d’être ressenties », explique la jeune femme en interview.

Indie girl forever ?

L’atout de Clairo ? Elle plaît à tout le monde. Et parvient à faire cohabiter des mondes parfois éloignés. Par exemple sur son deuxième album Sling (2021), elle le co-produit avec Jack Antonoff (connu pour son travail avec Taylor Swift ou encore Lana Del Rey). Lorde fait même une apparition pour chanter des voix de chœurs du morceau Blouse. Mais pour autant, et même si elle s’entoure de personnalités proches du milieu de la pop, ses compositions restent intimes et fidèles à ce qu’elle avait présenté sur Immunity. Comme si Clairo était tiraillée entre rester confidentielle au sein de l’indie et l’envie de voir plus loin.

Mais en écoutant ses albums, et en regardant de plus près sa trajectoire et sa carrière, Clairo a fait le choix de ne pas se compromettre. Elle cite Tame Impala comme son groupe préféré. L’Américaine se retrouve à collaborer avec Phoenix (After Midnight) ou encore avec Beabadoobee (Glue Song) et part en tournée avec Boygenius, un super-groupe d’indie rock composé de Julien Baker, Phoebe Bridgers et Lucy Dacus. Les premières parties avec Dua Lipa sont déjà loin.

La suite pour Clairo ? Elle sortira le 12 juillet son troisième album Charm. Un premier single, qui parle de l’envie de se sentir sexy, s’éloigne de la bedroom pop pour un rythme plus entraînant. L’album a également été produit par Leon Michels, un homme de l’ombre qui a collaboré avec Lana Del Rey, Jay-Z, Adele ou encore Beyoncé, considéré comme une pointure dans le milieu. À 25 ans, Clairo n’est donc plus la jeune artiste qui chantait Pretty Girl dans sa chambre. Et Charm devrait être l’album qui marquera cette transition avec le monde adulte.