Les Anglais, qui sortiront le 8 mars un nouvel album intitulé « All Quiet on the Eastern Esplanade », résistent au temps qui passse et parviennent toujours à créer un engouement autour d’eux. Comme si, à l’instar des Strokes ou des Kills, ils étaient presque immortels.
Il y a quelque chose de fascinant à observer certains groupes grandir. Et à réaliser, comme nous tous, qu’ils vieillissent. Mais aussi qu’ils résistent face au temps qui passe et face aux modes éphémères, s’imposant comme des valeurs sûres de scène rock internationale.
C’est le cas pour les Libertines, ce groupe mené par le duo Pete Doherty – Carl Barât et formé dès 1997 à Londres. À l’époque, les deux garçons relancent en Grande-Bretagne un mouvement rock à l’agonie en réponse au succès des Strokes et des White Stripes aux États-Unis. Les guitares redeviennent cool, d’autres groupes suivent le pas (les Kills, les Black Keys, Franz Ferdinand, The Hives, etc.) et l’engouement autour des Libertines ne cesse de grandir, porté par une presse musicale qui encense les deux garçons et les élève au rang de rockstars de leur génération.
Grosse rupture
Il faut dire que le duo coche toutes les cases pour faire la une des magazines : drogues, alcool, arrestations, cambriolage, vie chaotique et débauche. Mais si les Libertines parviennent à s’inscrire au Panthéon du rock, c’est surtout grâce à leur musique, à la fois ancrée dans le passé (les Clash, les Stooges, The La’s, Bowie, etc.) mais aussi tournée vers le futur et la nouvelle génération en abordant des thématiques comme la rébellion, les addictions, les violences policières, la vie nocturne ou encore l’amitié. Les deux premiers albums du groupe, Up The Bracket (2002) et The Libertines (2004) sont devenus des classiques, et les chansons des tubes (Time for Heroes, What a Waster, Can’t Stand Me Now, Music When the Lights Go Out, etc.). Entre l’écriture de Pete et le sens de la mélodie de Carl, le duo survole tout.
Mais déjà avant la sortie du deuxième album, les choses se sont compliquées pour le groupe. Pete Doherty, camé et accro à l’héroïne, cambriole appartement de Carl. Il est condamné à six mois de prison. À partir de là, on peut parler d’une rupture. Peu de temps après, Pete quitte finalement les Libertines pour former un autre groupe, les Babyshambles. Carl Barât fait la même chose avec les Dirty Pretty Things. C’est donc la fin pour les Libertines ? Pas encore.
Une hype qui dure
En 2010, le groupe se reforme pour deux gros concerts au Leeds et Reading festival. Les rumeurs parlent alors d’un nouvel album. Il arrive finalement cinq ans plus tard, en 2015, avec Anthems for Doomed Youth. Un disque pas vraiment mémorable mais qui marque le retour des Libertines sur le devant de la scène.
Depuis, entre les tournées, les concerts et l’ouverture d’un hôtel (The Albion Rooms), les Anglais ont réussi à maintenir le groupe en vie. Encore mieux : en 2024 les membres des Libertines, notamment Pete, occupent le terrain médiatique. Doherty a sorti en 2022 ses mémoires (A Likely Lad), il a enregistré un très bel album avec le producteur français Frédéric Lo (The fantasy Life of Poetry & Crime) et un nouveau documentaire sur ses addictions et sa carrière solo est actuellement diffusé sur Canal + (Stranger in my own Skin). À 44 ans, le rockeur est peut-être mal en point physiquement mais toujours vivant.
Un retour en 2024
Le timing est aussi parfait pour un nouvel album des Libertines, prévu pour le 8 mars. Car le rock des années 2000, sous fond de nostalgie, fait un retour en force. Les Kills, les Black Keys, les Strokes ou encore Vampire Weekend sont eux aussi toujours présents plus de 20 ans après, et continuent d’enregistrer de nouveaux albums. Quant aux fans, ils sont heureux de retrouver leurs idoles de jeunesse et de les (re)voir sur scène, un peu comme s’ils montaient à bord d’une machine à remonter le temps.
Pour les Libertines, l’histoire a été tellement chaotique que le simple fait de les revoir ensemble peut être considéré comme un exploit. Alors avec en plus un nouvel album, et un passage à Paris le 29 février, qu’est-ce que l’on peut demander de plus ?