Écrit par Robin Ecoeur - Publié le 20 Sep 2024 à 11:26

Sur ce septième album studio, Katy Perry essaie de retrouver la recette qui a fait son succès aux débuts des années 2010, sans y arriver parfaitement.

On pourrait presque écrire un roman sur l’album 143 de Katy Perry, tant ce disque fait parler depuis l’annonce de sa sortie. L’Américaine, sur le déclin musical depuis l’album Witness en 2017, était déterminée à revenir dans le game en 2024 avec un nouveau projet hybride entre l’europop, la dance music et les musiques urbaines. Pour ce qui ressemble à un come-back, elle a fait un choix polémique : retrouver Dr. Luke en studio, l’homme derrière ses plus grands tubes, alors qu’il a été accusé de viol, d’agressions et de harcèlement moral par la chanteuse Kesha en 2014.

Ce choix, alors que Katy Perry est l’une des artistes féminines les plus admirées de sa génération, et une popstar mondiale, ne passe pas. Surtout dans une société actuelle où les violences sexistes et sexuelles ne sont plus mises sous le tapis. Dommage pour celle qui avait tout cassé avec I Kissed a Girl en 2008, au moment où la question de l’orientation sexuelle prenait de plus en plus de place dans le débat public.

Et puis il y a eu le premier single, Woman’s World, un hymne féministe considéré par la nouvelle génération comme dépassé, voire même un peu ringard. Face à Taylor Swift, Ariana Grande, Charli xcx ou encore Billie Eilish, Katy Perry, 39 ans, ne serait-elle déjà plus à la page ? Bref, le clip de Woman’s World est critiqué pour son manque de diversité dans la représentation des corps, et celui de Lifetimes est également pointé du doigt par les écologistes car il a été tourné sur des dunes d’une zone protégée des îles Baléares.

Voilà donc le contexte dans lequel 143 arrive. Lors des MTV Video Music Awards qui ont eu lieu le 11 septembre dernier, Katy Perry a cependant prouvé qu’elle était une vraie popstar en chantant un medley de ses meilleurs tubes. Mais est-ce que ce nouvel album lui permettra de retrouver son meilleur niveau, et l’étincelle allumée avec Teenage Dream ?

Même si elle n’a plus rien à prouver — elle a déjà vendu plus de 100 000 millions de disques à travers le monde —, l’Américaine s’est lancée avec l’ambition de faire « un album qui donne envie de danser, un vrai disque pop qui fasse bouger. » Et certains moments sur l’album sont en effet des morceaux conçus pour les dancefloors : Crush — qui évoque aussi la période eurodance de 2003 et le morceau Dragostea din tei de O-Zone —, Lifetimes ou encore All The Love, avec son refrain fédérateur.

À d’autres moments, les chansons sur 143 peinent à réellement convaincre, oscillant entre la pop et la trap. Deux genres qui peuvent très bien se combiner mais qui ici n’arrivent pas à trouver leur alchimie. C’est le cas sur Gimme Gimme avec 21Savage, sur Artificial avec JID ou sur Truth, trop produit. Comme l’indique Variety, les paroles, autrefois pleines de malices, sont devenues des séries de clichés ou des banalités.

Trois titres sortent cependant du lot sur cet album. Le morceau I’m His, He’s Mine en collaboration avec la rappeuse Doechii, qui sample Gypsy Woman (She’s Homeless) de Crystal Waters, est une réussite, marquant une vraie prise de position artistique. On pense aussi à Wonder, qui pourrait rappeler Coldplay, et qui possède une mélodie accrocheuse ainsi que la voix de sa fille Daisy. Et puis Lifetimes, qui est peut-être le morceau le plus proche de la Katy Perry de 2010.

En essayant à la fois de retrouver la magie des années 2010 tout en voulant avoir un pied dans la musique actuelle, Katy Perry se perd en chemin. Elle n’est plus la Katy Perry de I Kissed a Girl, ni une artiste de la nouvelle génération comme Billie Eilish, Sabrina Carpenter ou Olivia Rodrigo, qui semblent être plus en phase avec la pop d’aujourd’hui. 143 ne rate pas totalement le coche, mais le disque n’est pas assez cohérent pour convaincre à 100%. Un come-back à moitié réussi, donc.