Pour son nouvel album, le Français a choisi de revenir avec un disque de reprises, en chantant des morceaux qui ont marqué sa jeunesse. Un pari gagnant ?
Que faire quand on s’appelle Julien Doré, qu’on a déjà 17 ans de carrière et qu’on décide de s’atteler à un sixième album solo ? Faire un disque de reprises où se croisent des comptines d’enfance (Ah les crocodiles), des vieux tubes des années 2000 (Femme like U, Toutes les femmes de ta vie, Moi… Lolita, etc.), des grands classiques (Fly me to the Moon), des hits un peu ringards (Cuitas les Bananas, Les Sunlights des Tropiques) et des morceaux qui traversent le temps (Sensualité, Pull Marine, Paroles Paroles, etc.). Voilà, c’est osé, c’est une prise de risque et c’est un exercice forcément casse gueule.
Mais puisque que c’est Julien Doré qui se prête à l’exercice — qu’il a maîtrisé à la télévision lorsqu’on l’a découvert en regardant La Nouvelle Star —, on se dit qu’il est peut-être le mieux placé dans la chanson française pour réussir ce pari. « Ce sont toutes des chansons qui ont un point d’ancrage avec ma vie, des chansons que j’ai aimées et qui font partie de mes souvenirs », a précisé le Français.
L’album, co-produit avec Martin Lefebvre (du groupe Serpent), et enregistré en partie au studio Paraphernalia près de Niort, est composé de 17 reprises, dont 3 featurings. Le premier avec Francis Cabrel sur Un Homme Heureux (l’une de ses idoles), le second avec Hélène Ségara sur Sarà Perché Ti Amo et puis le dernier avec… Sharon Stone sur Paroles Paroles.
« J’avais envie de raviver mes souvenirs pour raviver ceux des autres. Je fais ces reprises à ma façon, bien sûr, mais dans l’objectif de faire appel à des souvenirs collectifs […] En fait, je fais un album de reprises comme nous tous lorsqu’on chante sous la douche, dans la voiture ou en allant courir – à ceci près que je travaille pendant deux ans avec beaucoup de soin sur les arrangements et la musicalité puisque c’est ma passion », a expliqué le chanteur dans une interview pour Vanity Fair. Une question : que vaut donc ce disque de reprises ?
Au travers des 17 morceaux de l’album, Julien Doré réussit à nous replonger dans le passé sans pour autant faire un album qui sent le vieux. Certaines reprises, comme Pourvu qu’elles soient douces de Mylène Farmer, prennent une autre dimension, avec une réécriture orchestrale et une nouvelle lecture. Même son de cloche pour Femme Like U de K.Maro, jouée à la guitare acoustique avec des arrangements subtils et des cordes dignes d’un film de cinéma, et pour Les Sunlights des Tropiques, qui prend une autre ampleur dans la bouche de Julien Doré. Cuitas les Bananas, en mode dramatique et mélancolique, fait sourire. Sensualité, en mode plage exotique, fait aussi son petit effet. Enfin, Moi… Lolita, qui vous rappellera des souvenirs si vous étiez devant votre poste de télévision en 2007, conclut ce disque avec la bonne chanson, celle qu’on attendait, celle qu’on avait envie d’entendre.
Mais un album de reprises ne peut consister à mettre des cordes et peaufiner une orchestration sur des tubes qui n’en possèdent pas, et qui sont justement devenus des chansons populaires grâce à une formule relativement simple.
Pour éviter de tomber toujours dans le même piège, c’est-à-dire faire une reprise qui va à l’encontre de l’intention originelle — par exemple faire d’un tube dansant une chanson triste —, Julien Doré a parfois gardé le même esprit musical sur ses reprises. C’est le cas sur Les Démons de Minuit, Couleur menthe à l’eau ou Pull Marine, qui sont également les titres les moins percutants et marquants de l’album, car trop proches des versions que l’on connaît. Sur les trois collaborations — avec Francis Cabrel, Hélène Segara et Sharon Stone — deux tombent un peu à plat et la dernière en compagnie de l’actrice américaine, avec son petit côté Gainsbourg-Birkin, s’avère plaisante, voire presque drôle à certains passages.
Avec Imposteur, Julien Doré sort donc un disque agréable, cocasse et charmant. Un bon premier date durant lequel on passe un bon moment. Mais l’album n’est pas assez aventureux pour qu’on ait envie de le rappeler pour un deuxième rendez-vous. Et c’est dommage, car on a eu un bon premier feeling.