L’album commun de Liam Gallagher (ex-Oasis) et John Squire (The Stone Roses) qui sort ce vendredi 1er mars est un disque abouti et bourré de références musicales au passé.
L’histoire est belle. À l’âge de 16 ans, le jeune Liam Gallagher se rend à un concert des Stone Roses, groupe dans lequel joue John Squire. C’est le déclic : l’Anglais veut devenir une rockstar. La suite, on la connaît : il forme un groupe, son frère les rejoint et après un concert à Glasgow le 31 mai 1993, Oasis signe sur le label Creation Records d’Alan McGee.
Trente-six ans plus tard, Liam est considéré comme l’une des plus grandes rockstars de sa génération et John Squire fait partie des guitaristes les plus respectés d’Angleterre. Encore mieux : quand John a dit à Liam qu’il vient d’écrire un album mais qu’il cherche un complice pour la voix, l’ex-Oasis n’hésite pas vraiment avant de dire “let’s go”. Le duo 100% Manchester s’est ensuite donné rendez-vous à Los Angeles où l’album, intitulé sobrement Liam Gallagher & John Squire, a été enregistré.
Avant sa sortie, Liam Gallagher, avec sa modestie qu’on lui connaît, avait déclaré à la presse que ce nouvel album allait être “le meilleur disque depuis Revolver” des Beatles. Il a donc placé la barre très haut. Donc forcément, une question se pose : l’album est-il à la hauteur ?
Coucou les Beatles
Dire que l’album est une totale réussite serait mentir. Mais dire qu’il ne tient pas ses promesses le serait tout autant. Car sur ce disque, le contrat est respecté : Liam excelle dans son rôle de chanteur et John s’amuse avec ses dix doigts à faire sonner sa guitare tout en passant en revue une panoplie de styles musicaux différents, allant du blues au rock psychédélique.
En fait, sur Liam Gallagher & John Squire, les deux Anglais font une démonstration de force pour montrer au monde qu’ils sont encore loin de la retraite. Surtout, John Squire, à l’origine de la musique et des paroles, fait un bond dans le passé pour rendre un hommage à tous les groupes et les artistes qu’il a fait tourner sur sa platine : les Beatles, les Byrds, les Rolling Stones, Cream ou encore Jimi Hendrix pour les plus évidentes (Humble Pie, les Faces et John Lennon pour les plus cachées).
Si Liam Gallagher a mentionné l’album Revolver pour promouvoir ce disque, c’est surtout une manière de montrer son adoration pour le groupe. Sur l’album, il y a d’ailleurs plusieurs clins d’œil aux Fab Four : le dernier morceau Mother Nature’s Song se rapproche grammaticalement d’une autre chanson des Beatles (Mother Nature’s Son) et le titre One Day At a Time fait (sûrement) référence au morceau One Day (At a Time) de John Lennon sorti sur l’album Mind Games en 1973.
Blues et psyché
Les influences, parfois subtiles mais souvent flagrantes, imprègnent le disque. Sur Raise Your Hands, l’un des moments forts de l’album avec cette ambiance mi-bluesy mi Beatles-Oasis, le duo épate. Mars to Liverpool, le deuxième single de l’album, est un tube seventies à la Big Star à la fois puissant et mélodique. Le titre Just Another Rainbow (un mix entre le son des Stone Roses, les Byrds et le Tomorrow Never Knows des Beatles) est lui aussi maîtrisé. Et sur I’m a Wheel et Love You Forever, les fantômes de Jimi Hendrix et Cream sont omniprésents, avec des guitares bien lourdes associées à des riffs un peu trop standardisés pour atteindre l’extase. La suite ? You’re Not The Only One, avec ses notes de piano boogie, remue sans faire de vagues et Mother Nature’s Song conclut ce disque sur des notes plus harmonieuses et tendres. Deux morceaux passent malheureusement à la trappe : Make It Up As You Go et I’m so Bored, qui peinent à convaincre.
C’est une évidence : il est impossible que les deux garçons réitèrent les exploits réussis avec leurs anciens groupes respectifs. Mais avec Liam Gallagher & John Squire, les fans auront le plaisir de retrouver deux légendes de Manchester dans une forme presque olympique. Et ça, ça ne fera sûrement pas plaisir à Noel.